Si l'on se souvient de Blue Dragon, c'est surtout parce qu'il fut le premier RPG nippon à sortir Sur Xbox 360. Sur le papier, il était le premier RPG nouvelle génération. Dans les faits, il se révélait assez rudimentaire et souffrait d'un cruel manque de rythme, que même le charater design du Maître Toriyama ne parvenait pas à faire oublier. Ce nouvel opus qui sort sur DS près d'un an après sa version japonaise, affiche clairement ses intentions : laisser de côté le bling-bling visuel offert par les consoles de salon actuelles pour se recentrer sur l'essence, voire le sens, du RPG nippon ! Le pari est-il réussi ou notre Dragon Bleu va-t-il rendre son dernier souffle ? Suivez le guide...
Dessine moi un héros
L'histoire de Awakened Shadow se déroule deux ans après les évènements du premier épisode. Vous y incarnez un nouveau personnage, dont vous choisissez le sexe et les traits du visage grâce à une poignée d'options de création. Après cela, vous assisterez à son réveil dans une capsule située au coeur d'un complexe souterrain. Amnésique et hagard, notre héros se met immédiatement à la recherche d'une éventuelle sortie. Après avoir assimilé les déplacements dans ce petit monde en 3D, il sera temps d'affronter les premiers ennemis. Nous sommes ici dans un action RPG : les ennemis sont visibles à l'écran et peuvent être combattus directement sur le terrain, ou évités.
Comme dans le premier épisode, votre personnage se bat avec une arme et fait appel à son Ombre pour utiliser sorts et magies. L'Ombre est une sorte d'aura combative d'apparence animale qui surgit du corps de son propriétaire à volonté. Dans cette suite, tout le monde possède une Ombre. Enfin, possédait, pour être exact... Car pendant que notre héros cherche son chemin vers la surface, un immense rayonnement illumine le ciel et prive tous les habitants du monde extérieur de leur pouvoir. Aussi, lorsque le héros arrive au village et expédie ad patres une poignée de monstres grâce à son Ombre, il ne passe pas inaperçu. C'est d'ailleurs ainsi qu'il fait la connaissance de Shu, Jiro, Kluke et Zola, les personnages principaux du premier opus, étonnés de voir quelqu'un qui possède encore son Ombre. Fort heureusement, ils vont constater que notre héros peut partager la sienne. Lorsqu'ils sont en sa compagnie, tous retrouvent leur pouvoir. Accompagné de Shu et Zola, le héros se lance dans sa première quête, le temps pour nous d'assimiler le principe de jeu. A l'instar de Dragon Quest IX, dont il s'inspire largement, Awakened Shadow est dédié au multi, via le wi-fi. Le jeu repose sur une quête principale autour de laquelle s'articulent de nombreuses missions secondaires auxquelles on s'attaque par groupe de trois combattants. Si vous jouez seul vous pourrez choisir parmi une quinzaine de personnages qui vous rejoindront au cours de l'aventure. En multi, chacun incarne son personnage principal.
Variations sur un même thème
Si Awakened Shadow n'échappe pas au rythme du "ville-donjon" et aux autres poncifs du RPG, il propose son lot de variantes. Par exemple, vous accédez directement aux "donjons" et lieux clefs depuis la ville. Ici, pas de déplacement sur la carte. Tout est condensé, à portée, de manière à ce qu'en multi, on rejoigne au plus vite une zone de combat sans pérégrination à travers le désert ou une forêt maudite... De plus, l'aventure laisse régulièrement le choix du prochain lieu à explorer, ce qui dans notre ère du linéaire offre une sacré bouffée d'air ! Et permet aux joueurs qui n'en sont pas au même chapitre de l'histoire d'accéder, ensemble, à tous les lieux. Autre originalité, les équipements du héros, et les siens seulement, sont visibles à l'écran. Dès que l'on change de vêtement, il change d'apparence. On peut même garder une tenue que l'on aime particulièrement et la faire évoluer tout au long de l'aventure. Là, c'est carrément une grande première, car même dans un MMO, arrive toujours le moment déchirant où l'on doit renoncer à sa tenue fétiche pour une autre plus efficace. Ici vous n'aurez pas ce problème. Vous aimez la Tenue de Ninja Rouge , gardez-la ! Assurez-vous juste que vos équipiers humains n'aient pas la même, sinon ça risque d'être un peu confus à l'écran.
Tous sur un
Un autre aspect intéressant du jeu en coop , et non des moindres, est la possibilité de combattre des monstres spéciaux très puissants, dès le début de l'aventure. En solo, il faudra vous attaquer à des monstres de votre niveau et vous ne serez pas forcément aidé par les combattants dirigés par l'IA. Ceux-ci ne pouvant être équipés que d'une seule Ombre et utilisant les sorts comme bon leur semble, il vous faudra sans cesse pallier aux manques tout en gérant vos assauts, ce qui s'avère très tendu. En multi, chaque joueur pouvant équiper son perso de magies empruntées aux différentes Ombres, il ne reste plus qu'à définir les rôles : celui qui protège et guérit, celui qui va au contact, celui qui lance les sorts d'attaques... pour que tout devienne possible ! Sans compter qu'avec des alliés plus puissants que vous, vous pourrez venir à bout de monstres que vous n'auriez même pas osé approcher. Et tout ça dans quel but ? Le butin ! En effet chaque monstre battu en coop lâche des objets rares impossibles à obtenir en solo. Toutefois l'expérience multi est surtout valable pour les séquences de combat. Le déroulement de l'histoire, l'exploration et les multiples gestions d'inventaires inhérentes à tout RPG sont des séquences que l'on apprécie surtout en solo.
Final Tales of the Dragon Ocean
Mis bout à bout tous ces éléments devraient faire de Blue Dragon une référence du RPG... Ce n'est pourtant pas le cas. La raison principale est que le jeu n'invente absolument rien ! La preuve la plus flagrante est sa très grande similitude, dans le fond comme la forme, avec Dragon Quest IX, et autres Monster Hunter. Si l'on ajoute à cela toutes les idées empruntées à d'autre titres, et quasiment resservies telles quelles, on constate que le jeu n'apporte rien de vraiment personnel. Si ce n'est peut-être la participation d'Akira Toriyama, qui dépasse cette fois le cadre du simple character designer et se retrouve impliqué dans l'histoire du jeu, mais chut... Surprise. Après l'échec du premier volet, les développeurs n'avaient pas le choix, Blue Dragon devait réussir ou mourir. Il fallait donc mettre tous les atouts de son côté, quitte à pomper sur ses petits camarades faute d'idées, pour en faire un hit... Oui, sauf que plutôt que de transcender ces très nombreux emprunts, le titre laisse plutôt un goût de best of des hits dont on connaitrait déjà toutes les chansons ! L'ensemble reste néanmoins plutôt réussi, nous ne lui en tiendrons donc pas trop rigueur... Pour cette fois !
Seul ou en multi, Blue Dragon Awakened Shadow, est un bon petit RPG, riche, rythmé et varié. Le problème est qu'il doit cela à tous les autres titres dont il s'inspire et dont il reprend les éléments : un principe très orienté multi avec personnalisation du héros comme dans DQ IX, la fusion d'objet empruntée à Star Ocean ou Atelier Iris, combats contre des monstres spéciaux à la façon d'un FFXII ou d'un Tales of Vesperia... Au final, on se retrouve devant un jeu complet et entrainant, mais sans réelle identité ludique, au parfum de déjà vu. Même le character design d'Akira Toriyama, qui oeuvre pour d'autres licences, rajoute à la confusion plutôt que d'apporter de la personnalité au titre. Aussi réussi soit-il, il est indéniable que Blue Dragon Awakened Shadow marche à l'ombre... De ses prédécesseurs !