Le travail de Blue Castle Games sur Dead Rising 2 a manifestement satisfait Capcom puisque le studio devient, suite à son rachat, Capcom Vancouver. Preuve que le développeur japonais considère cette suite de Dead Rising comme digne de ce nom. Mais même si les aventures de Frank West ont été appréciées à juste titre, ne vous attendez pas à voir gommés les défauts du premier volet. Bien au contraire, ils deviennent carrément la marque de fabrique de la série. On retrouve le gameplay Old School agrémenté de plusieurs nouveautés, toujours dans l'ambiance décalée que l'on connait à Dead Rising mais le tout en mieux. Vous l'aurez compris, Capcom nous sert un met que l'on apprécie même s'il n'est pas exempt de défauts, dont certains parfois carrément pénibles !
Exit Willamette, la ville décimée par les zombies dans DR et bienvenue à Fortune City ! Cette reproduction de Las Vegas sera votre terrain de jeu. Plus grand que dans le premier volet, ce lieu extravagant n'en reste pas moins un gigantesque centre commercial dans lequel Chuck Greene, le nouveau héros, doit dégommer un maximum de mort-vivants pour progresser. Et il doit faire vite car sa fille, mordue par sa propre mère zombifiée, risque de se transformer si on ne lui administre pas toutes les 24 heures une dose de Zombrex, le couteux médicament qui empêche temporairement la transformation. Chuck se bat donc contre le temps et pour l'argent, qu'il récolte en tronçonnant des zombies dans un jeu télévisé Terror is Reality, critique de la société moderne, en tant que gladiateur motorisé. Mais après le show, les morts sont lâchés sur la ville par un terroriste habillé aux couleurs de Franck. Notre héros doit donc survivre en permanence, trouver du Zombrex pour sa fille toutes les 24 heures et s'innocenter avant que l'armée n'arrive pour dézombifier la ville et l'embarquer. Des contraintes de temps qui rythmaient déjà DR et que l'on retrouve pour vous mettre la pression dans DR2.
Un homme pressé
Chuck passe donc son temps à courir pour sauver des innocents à ramener dans un lieu et gagner au passage de l'expérience qui augmentera automatiquement ses capacités, dont notamment sa vitesse de course, talent indispensable pour sauver sa peau. Ces sauvetages sont à réaliser en temps limité, sans quoi les malheureux trépassent. De même, les quêtes menant le scénario sont elles aussi à réaliser à des heures précises sous peine de Game Over. Autant être clair, DR2 ne vous laissera pas souffler ! Durant votre évolution dans les galeries à thème de Fortune City, vous récoltez de l'argent grâce à des mini-jeux souvent fun. Cette manne permet d'acheter du Zombrex, à défaut d'en trouver, dans des magasins de fortune administrés par des pilleurs. Bref, vous n'aurez pas le temps de tout faire lors de votre première partie et il faut en recommencer une nouvelle, tout en conservant les améliorations de Chuck, pour tout découvrir. Comme avant, cette architecture a ses avantages et ses inconvénients. Une pression constante qui rythme le jeu mais qui donne aussi lieu à des aller-retours incessants pour ne rien rater. A cela s'ajoutent des points de sauvegarde pas toujours bien placés qui obligent à traverser des zones inutiles et dangereuses. Pour finir, on s'étonnera du découpage des lieux au moyen de loadings récurrents et parfois d'une lenteur agaçante, qui cassent le rythme, sans pour autant garantir une réalisation technique hors norme...
American History X
Vous l'avez surement constaté sur les vidéos ou dans la démo-prologue du jeu, Case Zero, DR 2 n'est pas une tuerie graphique mais profite de décors riches en détails et bien construits qui parviennent à compenser quelques lacunes techniques : ralentissements légers et temps de chargement extrêmement fréquents et parfois très, très longs (je l'ai assez dit, non ?). C'est le défaut majeur du titre car pour le reste, c'est du tout bon si vous avez apprécié le premier opus. Décors variés, zombies par milliers, du gore, des armes, de l'humour, etc... Rendons d'ailleurs hommage au second degré, omniprésent dans le jeu, et souvent très drôle. Il se retrouve notamment dans les dizaines de tenues décalées que peut porter Chuck ou des personnages, hauts en couleur que l'on croise partout. Soulignons aussi l'utilisation presque abusive de clichés pour dénoncer une société américaine décadante : reality show, concept "vu à la télé alors c'est vrai", starlettes en mal de sensations fortes, connotations suggestives, innocents égoistes, geeks en mal d'amour, alcoolisme et j'en passe. Une véritable satyre dont la plupart d'entre vous se délecteront...
Hardcore Saigneurs
Ne nous mentons pas, Dead Rising 2 est un jeu pour les Hardcore Gamers. D'une grande difficulté, notamment à cause de sa jouabilité, de son architecture articulée autour du temps, mais aussi à cause de ses boss vraiment ardus (des psychopathes aux caractères inoubliables et ultra charismatiques). Si ces derniers font preuve de variété, leurs affrontements soulignent la jouabilité volontairement archaïque du titre, tout comme celle de Dead Rising. Déplacements pas toujours précis, collisions pas évidentes à gérer, ciblage peu précis, pilotage des véhicules limite, etc. Des défauts que l'on aurait aimé voir disparaitre mais qui, finalement, font aussi le charme et la difficulté du jeu une fois qu'on les a intégrés et digérés.
Prestige taché de sang
Afin de pouvoir survivre dans cet enfer de viande rouge, Chuck peut gagner des points de prestige (PP) en tuant, découpant, brûlant et atomisant des zombies. Et pour cela, il dispose de tout un arsenal d'armes, qu'il peut même combiner avec facilité entre elles, dans des ateliers, disséminés partout dans la ville. Cela lui rapportera plus de prestige, mais offrira surtout une belle dose de sensations fortes. En effet, la cinquantaine de combinaisons possibles, à découvrir au moyen de cartes combos cachées ou à débloquer en faisant évoluer Chuck, donne lieu à de véritables bains de sang : Pagaie à tronçonneuses, gants et battes cloutés, motos-scieuses, lance bijoux, bombes artisanales, foreuses de cervelles, gants à couteaux, etc. Bref, c'est du délire, et c'est ce qu'on aime dans cette série. Ces armes de choix servent à faire le ménage pour aller sauver des innocents, dont on regrettera la bêtise parfois, mais qui s'avèrent désormais plus rapides pour suivre Chuck jusqu'à la planque sécurisée. A croire que même les cons méritent d'être sauvés ! Heureusement, trouver et sauver ces personnages, souvent des clichés ambulants du monde moderne, rapporte des PP en masse et sont, à mon avis, la meilleure manière de progresser dans DR2. Ces points font augmenter les niveaux de Chuck qui gagne alors en vitesse, en puissance, en points de vie ainsi qu'en place dans son inventaire. Une notion importante tant il est vital de se déplacer avec un maximum d'armes de poids et d'aliments pour remonter sa santé si nécessaire. Eh oui, il n'y a pas que les zombies qui ont faim !
Les joueurs contaminés
Dead Rising 2 offre, en plus de son mode solo conséquent (comptez une dizaine d'heures mais il faudra y retourner si vous voulez tout débloquer), un mode multijoueurs en coopération léger mais amusant. A deux, vous épurez Fortune City mais attention : seul le joueur qui accueille la partie profite des évolutions d'expérience. Une bonne idée qui apporte un peu de fraicheur tout en cassant du zombie entre amis après une dure journée de travail. Le second mode multi propose des mini-jeux compétitifs (neuf pour être précis) tirés de Terror is Reality, le reality show. Au programme, tranchage de chair pourrie, écrasement de zombies à bord d'une roue géante (façon hamster), habillage de mort-vivants pour faire marrer la foule, empallage à coup de casque encorné, etc. Du fun, du délire, avec une petite dose de tactique qui permet surtout de se défouler jusqu'à 4 pour récolter plus d'argent et parfois même des objets spéciaux à utiliser en solo.
Pour résumer, Capcom n'a pas pris trop de risques : Dead Rising 2, c'est Dead Rising en mieux. Plus de contenu, plus d'ambiance, plus de zombies, plus de challenges, plus de multi, plus de délires, plus de psychopathes, plus d'envie d'y revenir, plus d'armes, plus de tout ! Mais attention, si vous n'avez pas supporté la jouabilité d'antan, néanmoins subtile, du premier volet, abstenez-vous. Tout ce qu'on pouvait lui reprocher à l'époque est de retour dans ce second volet. Mais pour les amateurs de jeux de zombies, c'est un must dans un genre décalé et fouilli, capable de flatter votre amour du kitch gore, pour peu que vous parveniez à supporter les temps de chargement fréquents, qui arriveront parfois à vous faire pleurer des larmes de sang...