Douze années se sont écoulées depuis la sortie du premier StarCraft et pourtant, le RTS de Blizzard jouit toujours d'une popularité hors norme et d'une longévité inégalée qui inspire le respect. Alors plutôt que de chercher, comme bon nombre de ses rivaux, à réinventer la roue, Wings of Liberty, première partie de la trilogie StarCraft II, s'appuie largement sur cet héritage légendaire pour tenter d'asseoir une nouvelle fois sa suprématie. Mission réussie ?
Quand il a fait son apparition dans les rayons en avril 1998, StarCraft a, n'ayons pas peur des mots, révolutionné le genre et filé un bon coup de massue à la concurrence. La clé de ce succès ? Un gameplay d'une richesse incroyable, grâce à ses trois races complètement distinctes qui offraient autant de manières d'appréhender le jeu.
Aujourd'hui, Terrans, Protoss et Zergs font enfin leur grand retour. Et à voir la foule qui campait devant la FNAC de Paris lundi dernier, ou l'impressionnante quantité de précommandes à travers le monde, il est indéniable qu'il était âprement attendu.
Previously on...
Quatre ans après les événements narrés dans le premier opus, rien n'a vraiment changé dans le secteur de Koprulu : Jim Raynor, le rebelle bourru, poursuit sans relâche son bras de fer avec le Dominion, toujours emmené par le vil Arcturus Mengsk. Mais le comeback inopiné de son ancien amour, Sarah Kerrigan, alias la Reine des Lames, accompagnée de son armée de Zergs maléfiques, va quelque peu bouleverser ses plans. Il parait même que ça pourrait bien être la fin du monde. Mince alors.
Si vous n'avez absolument rien compris à ces dernières lignes, ou si votre mémoire vous joue des tours, je vous invite à jeter un œil au dossier que vous a préparé l'ami Mimic, dans lequel il fait le point sur la trame de la saga.
Un jeu qui conte
Dès les premières minutes, une évidence crève les yeux : Blizzard a un talent fou pour raconter des histoires et ce StarCraft II en est une nouvelle fois la preuve éclatante. Sans rentrer dans les détails, et pour ne pas vous gâcher les nombreuses péripéties qui émaillent ce nouvel opus, disons simplement que le scénario qui habille le jeu est d'une richesse et d'une profondeur à vous décrocher la mâchoire toutes les dix minutes.
En outre, l'intrigue est habillement distillée au gré de magnifiques cutscenes (une habitude chez Blibli) et d'interactions judicieusement intégrées entre les missions, interactions qui prennent place à bord de l'Hyperion, le vaisseau de notre héros. Divisé en quatre sections accessibles au fur et à mesure de votre progression, votre QG volant sera le centre névralgique de l'aventure.
Les quatre points cardinaux
L'armurerie tout d'abord vous offrira la possibilité, en échange de crédits récoltés au fur et à mesure des missions, d'améliorer les caractéristiques de vos unités. La cantine vous permettra de mater les dernières news à la télé, pour en apprendre plus sur les derniers événements marquants (ou mater des pubs aussi débiles que rigolotes), de recruter des mercenaires (sorte de super unités auxquelles vous pourrez faire appel pendant vos échauffourées) et même de jouer à un shoot'em up plutôt sympathique, véritable jeu dans le jeu auto-référentiel (il s'appelle The Lost Viking), preuve encore une fois que chez Blizzard, ce sont vraiment de grands malades très attachés aux petits détails qui tuent.
La passerelle, quant à elle, vous permettra de choisir vos missions ou de dialoguer avec vos compagnons d'aventure. Enfin, le laboratoire vous donnera accès à une nouvelle fonctionnalité : la recherche. En remplissant avec succès des objectifs secondaires, vous récolterez des points à attribuer dans des arbres technologiques Protoss ou Zerg qui vous donneront ensuite accès à des améliorations inédites, propres à faire la différence sur le champ de bataille. Mais attention, pour chaque palier franchi, vous ne pourrez choisir qu'une des deux options proposées et ce pour chacun des deux arbres. À vous de voir laquelle correspond le mieux à votre style de jeu et choisissez avec discernement, parce qu'il n'y aura pas de retour en arrière possible.
Quoi de neuf sous le soleil les étoiles ?
Comme indiqué en ouverture de ce test, Blizzard a pris le parti (contrairement à certains de ses petits camarades, comme le funeste Command & Conquer 4) de ne pas toucher aux bases du jeu, un choix plus que légitime quand on voit le succès du premier opus. Le cœur du gameplay de StarCraft II est donc à peu de choses près similaire à son illustre aîné et repose toujours sur votre capacité à concilier récolte des ressources (minerai et gaz), construction des bâtiments et micro-management de vos troupes sur le front.
Néanmoins, la grande variété des missions proposées, le dynamisme qui les habite et l'introduction de nouveaux éléments de gameplay plutôt bienvenus (comme le cycle jour/nuit) suffisent à insuffler un agréable vent de fraicheur et à parfaire une mécanique déjà bien huilée. Qu'il s'agisse d'attaquer un convoi ferroviaire, de libérer des prisonniers politiques en s'infiltrant dans un pénitencier ou encore de partir à la recherche d'un artéfact sur une planète progressivement dévorée par les flammes, on n'a jamais le sentiment que le titre radote.
Alors, on se le fait ce barbecue ?
De temps à autre, vous serez même amenés à faire des choix en amont de la bataille et devrez décider de privilégier une approche plutôt qu'une autre, en acceptant les conséquences de votre décision. Préférerez-vous nettoyer par les flammes une colonie Terran infectée par les Zergs ou tenterez-vous plutôt de sauver ceux qui peuvent encore l'être ? Difficile de trancher. Pourtant, il le faudra.
Certes, quoique vous fassiez, rien ne viendra ébranler la linéarité de la trame générale, mais cela suffira amplement à vous donner l'impression d'agir un tant soit peu sur le cours de l'Histoire. Et niveau immersion, c'est du pain béni. Des astuces narratives qui confèrent à l'ensemble un rythme haletant, soutenu, et qui rend toute tentative de cliquer sur "quitter" particulièrement difficile. Un conseil : si vous avez des vacances à prendre, c'est probablement le bon moment pour le faire.
Je veux que tout le monde s'amuse
Comme son prédécesseur, StarCraft II reste un titre exigeant. Et même si le mode casual (le plus bas des quatre niveaux de difficulté) permettra aux bras cassés de découvrir le titre sans s'arracher les cheveux, c'est véritablement dans les modes de difficulté plus élevés qu'il révèlera toute sa profondeur. La courbe d'apprentissage pour doser le jeu et maitriser sa complexité est assez ardue et cette dure réalité prend encore plus de sens dans le mode multi-joueurs. C'est ici que je suis normalement supposé vous relater cette insultante victoire à base de rush de tanks que m'a infligé Caféine, mais je crois qu'en fait, je vais plutôt m'abstenir.
Oui, la vie en multi est difficile et potentiellement source de nombreuses frustrations. Heureusement, grâce à un système de matchmaking plutôt bien foutu, vous devriez pouvoir trouver sans trop de difficultés des adversaires à votre niveau. La nouvelle mouture de Battle.net, même si elle n'est pas encore parfaite, dispose de suffisamment d'atouts (liste d'amis, league practice pour les débutants, système de ranking aux petits oignons) pour convaincre les plus frileux de se risquer à prendre des roustes en ligne.
Seul petit bémol : le mode challenge qui avait été annoncé par Blizzard comme une porte d'entrée au multi justement, histoire de permettre aux développeurs de s'affranchir de cette corvée dans la partie solo, s'avère finalement un peu décevant. En revanche, beaucoup seront ceux qui s'amuseront en coopératif contre l'IA. On pourra lui reprocher aussi quelques oublis pénibles, comme l'absence d'une option "carte aléatoire" (ou du "playlist" de cartes, à défaut) pour les matches personnalisés (bientôt dans une mise à jour ?), et une interface hors-jeu qui pourrait manquer d'ergonomie aux yeux de certains. Mais bon, ça reste une insignifiante écume dans un océan d'excellence. Oh, c'est joli ça, on dirait du Kendy.
Pas besoin d'un PC de Protoss
Comme toujours avec Blizzard, StarCraft II a été conçu pour tourner sur un large panel de configurations, des plus modestes aux plus dopées, sans que cela ne nuise au plaisir de jeu. La force du titre est d'avoir misé sur une patte graphique avec une âme plutôt que sur une démonstration technologique - comme souvent chez BliBli. Du coup, pas besoin d'un monstre de calcul pour en profiter pleinement. Qu'on y joue sur une carte graphique vieille d'il y a deux ans avec des options graphiques raisonnables (comme bibi) ou sur un 27 pouces avec tout à fond (comme ce bourgeois de Caféine), le titre garde cette identité visuelle unique qui le rend à la fois lisible et plutôt beau gosse.
Selon la formule consacrée, StarCraft II est essentiellement une évolution plutôt qu'une révolution. Fidèle à ses racines, le titre ne cherche pas à réinventer une formule qui a fait (et continue de faire) ses preuves. Il brille surtout par une réalisation sans faille, un gameplay jouissif bénéficiant de quelques petits ajouts de bon aloi et d'une refonte complète du mode multi-joueurs. Exigeant à haut niveau mais néanmoins accessible pour qui ne souhaite pas y passer dix heures par jour ou se faire greffer deux bras supplémentaires grâce à un mode casual et au matchmaking en multi, le nouveau bébé de Blizzard démontre du coup un autre adage : celui qui parle de vieilles casseroles et de meilleures soupes. Vivement la suite !