Avec le prestigieux Ron Gilbert pour papa, et donc Monkey Island pour grand frère, DeathSpank part avec un capital sympathie très élevé. Ses dialogues parodiques et son univers débile seront-ils pour autant suffisants à en faire un aussi grand jeu ? Pas sûr...
Les versions étant similaires, les tests le sont également.
Indubitablement, DeathSpank, héros idiot qui part à la recherche de l'artefact qu'on appelle L'Artefact, est né de Maman Parodie et de Papa caca. Car contrairement au ton subversif et affûté de Monkey Island, l'humour de DeathSpank incorpore nettement plus de blagues scatologiques et de détournements de la culture populaire de ces 5 dernières années. Un style un tantinet différent, donc, mais qui ne manquera certainement pas, tout au long de la dizaine d'heures de l'aventure, de faire rire les amateurs d'anachronismes et de créations loufoques, à la fois dans les dialogues, ou les journaux de quête, les indices, les objets, et tout le reste. Mais tout en parodiant le genre de l'Action / RPG, en relevant certains des écueils courants du genre, il y tombe un peu trop...
Monster Bashing et Loot Whoring sont les deux mamelles de l'Action RPG
Pasticher un genre, c'est bien, et souvent drôle dans le cas présent, malheureusement, la formule reste un peu trop fidèle à ce qu'elle parodie pour qu'on ne le lui reproche pas. Certes, il est peut-être plus amusant de récupérer des lèvres de poulets, ou des crottes de licorne, que des crocs de loups ou autre objet générique des RPG fantasy, mais ça n'en reste pas moins une succession de quêtes de collection et de combats à base de matraquage de boutons qui constituent le cœur du gameplay de DeathSpank. Fort heureusement, quelques autres ingrédients en sus de l'humour le font sortir du lot : d'abord, quelques éléments rescapés des Point & Clicks, comme des dialogues à choix multiples fendards, et quelques puzzles liés à des combinaisons d'objets (besoin de crocs de démons rouges mais il n'en tombe que des blancs ? Un pot de peinture, et ce sera réglé). Certaines quêtes, malheureusement trop rares, font aussi appel à d'autres mécaniques que le monster bashing, heureusement, mais on aurait attendu plus de créativité en la matière.
Hack'n Slash un tantinet lourdingue
Côté gameplay pur, les fans d'Action RPG riches et profonds risquent de trouver DeathSpank un peu léger. Pas de classe ou de système de compétence, pas de sortilèges à proprement parler, mais plus simplement jusqu'à quatre armes équipables en simultané (une par bouton de façade), et du hack'n slashing à gogo. Il y a bien un système de combos lié à l'alternance entre les armes pour pousser à les utiliser toutes, mais au final, l'extermination des ennemis fonctionne tout aussi bien en massacrant les boutons sans trop se préoccuper d'autre chose que d'équiper les armes les plus puissantes à mesure qu'on les récupère. Le "Justice Meter", une jauge de furie qui se remplit au fur et à mesure qu'on massacre, déclenche un pouvoir spécial une fois plein (dépendant des armes équipées), et, comme on appuie sans cesse, il n'est pas rare de le déclencher à des moments peu appropriés, alors qu'une simple combinaison de deux boutons au lieu d'un seul aurait évité ce tracas. Par ailleurs, si l'inventaire offre heureusement une option pour équiper automatiquement les meilleures armures, le reste de sa gestion s'avère vite lourdingue : pour s'armer au mieux, on passe bien trop de temps à compulser les statistiques des armes une à une, et à les disposer à la main dans leurs emplacements voulus (le système du surlignage vert indiquant la meilleure étant insuffisant lorsqu'on jongle avec quatre). Un classique "tooltip" comparatif et un double clic d'auto-équipement auraient été bienvenus pour fluidifier un peu cet aspect du jeu.
Une aventure haute en couleurs
Reste une direction artistique qui est, elle, au-dessus de tout reproche. Le monde arrondi et tout petit façon micro-planète de Mario Galaxy, les décors et objets comme découpés dans du carton peint, les effets spéciaux adaptés et les palettes de couleurs de l'ensemble, contribuent à un résultat visuel particulièrement joli, amusant, et dans le ton. On progresse ainsi dans ce monde ouvert en débloquant les zones petit à petit et en circulant entre elles via des cabines / toilettes téléporteur. Reste un mode deux joueurs en co-op, malheureusement hors ligne uniquement, avec la possibilité pour un ami d'assister DeathSpank dans la peau de son sidekick Sparkle le magicien. Mais, malheureusement, ce dernier ne fera pas grand chose à part lancer quelques sorts et un peu de soins. Le nouveau Ron Gilbert s'avère donc un peu décevant, côté gameplay, mais les amateurs de l'humour ravageur du créateur ne seront pas déçus... si tant est qu'ils parlent anglais puisque rien, ni voix ni textes, n'a été traduit !
Clairement, DeathSpank vaut surtout pour la qualité de ses dialogues et son humour. En termes d'Action / RPG, il reste un peu trop simple pour les fans du genre, et souffre aussi de quelques écueils de game design et d'ergonomie qui rendent ses dix heures de jeu plus répétitives et moins inspirées qu'on ne les attendaient. Reste un titre charmant visuellement, qui ne se prend pas au sérieux, et propose une aventure dépaysante et drôle, saupoudrée de point'n click et d'idées saugrenues, qui sauront faire oublier ses défauts auprès des amateurs d'humour.