Figure mythique de l'Histoire avec un grand "H", chef militaire hors pair, l'ami Napoléon connut aussi une déculottée sans précédent sur le champ de bataille de Waterloo, petite bourgade de mon plat pays. Mais l'issue tragique de cette ultime échauffourée contre les forces anglaises et prussiennes était-elle inévitable ? Les développeurs de Creative Assembly pensent que non et vous proposent aujourd'hui de réécrire la destinée du petit caporal. Rien que ça.
Pas de répit pour les héros : un an à peine après la sortie d'Empire : Total War, il est déjà l'heure de rallier les troupes et de repartir en guerre. Couvrant cette fois-ci une période allant de 1796 à 1815, Napoleon : Total War propose trois campagnes couvrant les principaux faits d'armes du célèbre Empereur (Italie, Egypte et Europe) pour culminer par la mythique bataille de Waterloo.
La première chose qui frappe dans ce nouvel opus, c'est le soin apporté à la narration. Plutôt que se voir jeté dans une sorte de bac à sable gigantesque, le titre nous prend cette fois-ci par la main dès les premières minutes et nous invite à marcher dans les pas de l'ami Bonaparte, tout en apprenant un peu plus sur son parcours légendaire. Certains indécrottables grincheux se plaindront sans doute de cette ignoble entrave faite à leur liberté de choix, mais croyez-moi, c'est pour la bonne cause. Non seulement, ce parti pris permet de se sentir largement plus impliqué dans la progression du conflit, mais il offre en outre une meilleure compréhension des objectifs.
Conquête à la carte
Comme son aîné, le titre se divise en deux phases distinctes : la map tactique et le champ de bataille, qu'il soit sur terre ou dans les mers. Durant la première partie, vous aurez à gérer amoureusement vos différentes cités, en y construisant bâtiments et autres infrastructures, nécessaires à l'économie, au bien-être de vos sujets mais aussi à la recherche, étape indispensables pour débloquer de nouveaux types d'unités qui permettront de faire la différence dans les combats. Sans oublier de faire bon usage de vos Gentilshommes et Espions pour respectivement booster vos universités et saper les troupes ennemies.
Et bien entendu, ce sera également durant cette phase que vous tenterez de positionner au mieux vos armées sur la carte, histoire de prendre possession de nouvelles régions et d'asseoir votre domination. Parce qu'après tout, on n'est pas non plus là uniquement pour faire de jolies villes prospères, on est surtout là pour botter des culs (et prendre des noms).
Une bien jolie boucherie
La deuxième phase, emblématique de la série, concerne les engagements à proprement parler. Et là, les efforts consentis par Creative Assembly frappent les mirettes dès les premières minutes. Qu'il s'agisse des environnements, riches et détaillés, du souci du détail au niveau des différentes unités et de leurs animations, on n'est pas loin de la perfection. On se surprend parfois à zoomer sur les accrochages entre armées rivales pour contempler son infanterie décimer les lignes adverses ou admirer la charge héroïque de sa cavalerie.
Certes, les combats navals sont un peu moins folichons. Plus mous, souvent brouillons, ils rivalisent difficilement avec le côté épique des affrontements terrestres même si, graphiquement, ils n'ont rien à leur envier. Néanmoins, leur résolution étant un élément crucial des campagnes guerrières de l'époque, il était indispensable de les intégrer au jeu.
Hal 9000 est dans la place (ou presque)
Côté IA, il y a du mieux aussi par rapport aux épisodes précédents. Même si l'on est parfois encore surpris de certaines réactions de l'ennemi (d'incompréhensibles attaques suicides sur nos cités âprement défendues, preuve que la Lose frappe parfois aussi les machines), le feeling est largement plus réaliste, surtout aux niveaux de difficulté les plus élevés.
Enfin, la partie multijoueur explose littéralement tout ce que proposait la série jusqu'ici. Non seulement, on pourra savourer une campagne complète en se mesurant à de vrais joueurs planqués de l'autre côté de l'écran, mais grâce à un astucieux système de drop in, on pourra également se substituer à l'IA dans les campagnes solo, histoire de donner un peu plus de fil à retordre à ses potes qui se la racontent.
À toutes les mauvaises langues qui prétendaient que ce Napoleon : Total War ne serait qu'un vulgaire add-on déguisé d'Empire, je n'aurai qu'une chose à dire : camembert ! Non seulement, cet épisode innove sur bien des points, mais il améliore en outre tout ce qui pouvait l'être dans les précédentes itérations de la série. Riche, beau, redoutablement bien narré, il constitue sans conteste un incontournable pour tous les fans de stratégie qui se sentent l'envie de réécrire l'Histoire. Car comme le disait l'Empereur lui-même : "Qu'est ce l'histoire, sinon une fable sur laquelle tout le monde est d'accord ?"