Dans l'univers pittoresque des Ace Attorney, Miles Edgeworth (ou Benjamin Hunter en français) est un personnage qui a immédiatement remporté les suffrages du public. En conséquence, lorsque Capcom a annoncé un spin-off mettant sur le devant de la scène le procureur le plus précieux de l'histoire du barreau, toute la communauté de fans a accueilli la nouvelle avec joie. D'autant plus que les premières images ayant filtré laissaient entrevoir une évolution dans le gameplay. Un renouvellement qui commençait à être attendu, depuis le statut quo de l'ensemble des trois volets dédiés à Phoenix et celui d'Apollo. Reste à voir si ces changements sont suffisants pour renouveler la série et lui redonner l'étincelle des premiers jours.
Les adieux au tribunal
Dans les faits, Ace Attorney Investigations : Miles Edgeworth ne révolutionne pas la série, loin de là. Au mieux, on peut parler d'innovation, mais tout juste. En effet, bien que différent dans la forme, le déroulement des cinq affaires que propose l'aventure/ enquête est, dans le fond, classique et quasiment identique aux précédents épisodes. Comme son nom l'indique, le titre est principalement axé sur l'investigation. Hors de question donc de mettre les pieds au tribunal et d'assister d'une quelconque manière à un procès comme on en avait l'habitude jusque-là. Tout se déroulera directement sur la scène du crime. Néanmoins, le déroulement des enquêtes se composent comme d'habitude de phases d'investigation durant lesquelles on recueille les différents témoignages des personnages impliqués ainsi que les diverses pièces à conviction, qui s'enchaînent avec les sempiternelles scènes d'interrogatoires et contre-interrogatoires qui disculpent un suspect ou, au contraire, prouvent sa culpabilité.
En toute logique
Si, concernant ces dernières, le gameplay reste purement textuel, et se déroulent exactement comme depuis le début de la série, les phases d'investigation présentent en revanche quelques petites nouveautés qui, à défaut de changer radicalement notre manière de jouer, restent néanmoins notables. Parmi celles-ci, on distingue les phases dites de logique. En effet, le personnage de Miles représentant l'archétype du cérébral qui ne fonctionne qu'à la logique, les séquences où l'on récupérait les empreintes en utilisant l'écran tactile ont disparu au profit des phases qui exploitent l'esprit de déduction du héros en lui faisant recouper certaines informations, afin d'en tirer une conclusion logique qui fera avancer son enquête. Une trouvaille qui ne casse pas trois pattes à un canard mais qui à le mérite de coller parfaitement avec la personnalité de Miles. Même si personnellement, je regrette la disparition du Psyche-lock des autres volets qui rajoutait du piment à l'aventure et présentait l'avantage de casser la linéarité du jeu.
Du vieux avec du neuf
En revanche, le mode déplacement du héros en vue à la troisième personne qui a tant fait parler de lui est finalement beaucoup plus contestable. Ce qui semblait être une véritable avancée dans le gameplay n'est en réalité qu'un simple changement de représentation graphique, qui ne modifie en rien la manière de jouer. Les plans étant fixes, on dirige Miles vers la zone que l'on désire examiner exactement comme on le faisait avec le pointeur des précédent opus. Au final, il ne s'agit que d'un coup d'épée dans l'eau qui ne fait pas plus avancer le schmilblick.
Drôle mais moins fou-fou
Pour tout le reste, on demeure en terrain connu : des situations saugrenues et des dialogues souvent surréalistes sur fond d'enquêtes policières sérieuses. Néanmoins, les affaires auxquelles nous sommes confrontées paraissent moins loufoques dans l'ensemble que par le passé, plus terre à terre. Mis à part la quatrième, qui part un peu dans tous les sens et qui donnera satisfaction à tous les fans de la première heure, le reste est plus terne. Même les nouveaux personnages qui font leur entrée sont moins hauts en couleurs qu'à l'accoutumée. A l'exception de Shi-Long Lang, un agent d'Interpol ayant une haute estime de lui-même, les autres ne font pas vraiment d'effet.
Etrangement, malgré les points énoncés, la sauce prend toujours, peut-être avec moins de fougue que dans les précédents volets (certaines affaires traînent en longueur, notamment la cinquième qui peut paraître interminable), mais on passe indéniablement toujours un bon moment devant le jeu, et cela en dépit du côté routinier qui s'installe rapidement, et de la prévisibilité du scénario. Néanmoins la question se pose : combien de temps Capcom peut encore nous servir la même formule sans que le public finisse par déserter ?
(A noter que le titre est intégralement en anglais. Les chiffres de vente du précédent volet n'étant pas parvenus à combler les attentes de l'éditeur, Capcom n'a pas jugé bon de localiser le jeu. Et ce dans aucune autre langue européenne. Autant dire que si vous ne maîtrisez pas l'anglais, le titre devient quasiment injouable et n'a donc plus aucun intérêt. Merci Capcom...)