White Knight Chronicles est un J-RPG trop japonais. Comprenez qu'il affiche tous les travers des productions nippones : une flopée d'adolescents surpuissants aux coupes de cheveux ridicules et une princesse potiche au look de soubrette 19ème, des transformations de mecha sans justification scénaristique, et toute la lenteur et la rigidité dont sont capables nos amis du Soleil Levant. Si le titre est avantagé par l'offre famélique en matière de jeu de rôle typiquement japonais d'envergure sura Playstation 3 (du moins pour le moment), on ne peut pas dire qu'il tire réellement profit de cette position de choix, et manque cruellement d'envergure...
Ne vous fiez pas aux tout premiers instants de White Knight Chronicles, ils sont trompeurs pour ne pas dire mensongers. Vous allez en effet passer de longues dizaines de minutes à vous composer un avatar, masculin ou féminin, attirant ou amusant, mais qui correspondra au mieux à l'idée que vous vous faites d'un héros de RPG. Ça, c'est pour ceux qui ne connaissent rien au jeu et qui s'imaginent très innocemment que le Chevalier Blanc dont parle le titre du jeu, ce sera eux. Détrompez-vous, car votre joli personnage n'a aucune chance de voler la vedette à l'une des pires inventions du Japon moderne. Un fléau looké, méché, et coiffé d'un mulet à peine camouflé en tresse, j'ai nommé le Johnny's !
Si vous allez au Japon....
On dit souvent que le scénario d'un jeu vidéo est à la hauteur de son héros. Ou on ne le dit pas, mais je trouvais que ça correspondait bien à White Knight Chronicles. Donc on va partir du principe que l'adage s'applique à notre cas, et avec quelle justesse ! Ne cherchez pas une mention au personnage que vous avez créé parce que le jeune premier ici, c'est Léonard. Et autant vous dire que le nôtre, il n'est pas vraiment physicien. À vrai dire, on se demande même s'il a eu l'équivalent du bac. Toujours enjoué et ne se déparant jamais de cette moue navrante qui fait couiner les petites japonaises comme des hamsters accros au crack, notre Johnny's ne trouve rien de plus intelligent que de s'incruster au bal du château. Coïncidence étrange, on y célèbre les dix-huit ans de la princesse du coin. Blonde, muette et tout juste majeure, la donzelle est la cible idéale pour un sbire malveillant et le Sauron de service. Nos deux malfrats ambitieux décident d'enlever la jouvencelle, de mettre le royaume à feu et à sang, et de... Hum... La suite n'est pas bien claire mais il semblerait qu'ils veuillent plonger le monde dans le chaos. Comme ça. Parce qu'ils s'ennuyaient. Si vous n'avez pas encore été découragé par une heure et demie de déplacements mous et de cinématiques mal réalisées plombées par un lip-sync désastreux, vous avez l'étoffe d'un héros. Ou sacrément mauvais goût. Parce que l'ambiance médiévale-fantastique germanisée de White Knight Chronicles et ses mélodies
mille fois entendues rappelleront les (mauvaises) productions nippones des années
90, tandis que sa réalisation graphique époustouflante en 2007 a depuis été largement dépassée par les productions dites next-gen. Franchement, on attendait mieux, question direction artistique, du studio à l'origine des excellents Layton, Rogue Galaxy ou tout de même Dragon Quest VIII !
Faites une bonne action...
En terme de jouabilité, White Knight Chronicles tient un peu de Rogue Galaxy, une précédente production bien plus inspirée du studio, pour le dynamisme de ses affrontements qui se veulent en temps réel. Le joueur contrôle un personnage de son choix tandis que les deux autres sont gérés par l'IA. On retrouve aussi une très forte influence de Final Fantasy XII, par exemple pour l'aspect MMO, avec l'affichage des espaces ouverts dans lesquels les ennemis sont immédiatement apparents. On peut alors choisir de les attaquer le premier ou se rapprocher suffisamment d'eux pour qu'ils le fassent. À ce moment, une jauge temporelle qui prend la forme d'un cercle se remplit entre chaque action possible. Les pouvoirs magiques coûtent des points de mana, tandis que les techniques martiales feront baisser vos points d'action. On est face à un système de combat et de gestion de l'inventaire pour le moins classique, mais qui ne souffre pas de lacune majeure. Et les altercations avec la faune locale (mélange d'animaux fantaisistes et de créatures « mignonnes » dans la veine d'un Final Fantasy) se révèlent donc de prime abord plutôt vives et le plus souvent à votre avantage. En réalité, et même lors des transformations de Leonard en chevalier blanc (Seiya sors de son corps !), la réalisation de White Knight Chronicles souffre cruellement de son manque criant d'originalité. Malgré la création de combos et la petite accélération du rythme qu'ils offrent en combat, le gameplay est si lisse et exempt de surprise qu'il parviendra à lasser les plus puristes. La personnalisation de votre escadron se révèle rapidement beaucoup plus limitée que le damier de Final Fantasy XII, et particulièrement soumis aux caractéristiques de base de chaque héros. Vous aurez donc le choix entre créer un excellent guerrier ou un très mauvais magicien par exemple, et distribuer les points de compétence perdra rapidement de son attrait.
Frappez un Johnny's
C'est une blague, bien sûr, je ne saurais en aucun cas vous encourager à la violence. Bref. Quant au mode en ligne, si décrié par nos amis nippons, sachez qu'il constitue votre seul moyen de mettre en avant votre avatar. Réduit au rang de pantin muet durant la petite trentaine d'heures qui constitue la quête principale, il suit silencieusement les vrais héros du jeu, et tout juste accueille-t-il parfois leurs stupides babillages d'un hochement de tête (navré ? On le souhaiterait...). Constitué en réalité d'un certain nombre de quêtes typiques du genre MMORPG, ce mode est disponible depuis la carte du monde. Il suffit de sélectionner la quête qui vous intéresse pour vous voir demander si vous préférez la réaliser seul ou en multi jusqu'à quatre simultanément. Chasse, collecte, escorte... Les poncifs du genre sont présents, accompagnés du minimum de background requis. Pour un peu, on se demanderait presque si cette fonctionnalité dont le seul but est de gagner des niveaux et des matières premières (que l'on conserve dans la quête principale) n'a pas été rajoutée à la dernière minute...
Pas de couleur, pas d'odeur, et pas de saveur pour ce White Knight Chronicles qui accuse cruellement sa sortie occidentale si tardive. Les environnements n'émerveillent pas, et le gameplay excessivement emprunté comme la quête principale et ses héros d'une stupidité assumée n'ont pas de quoi rendre fier un studio qui nous avait habitué à plus de flair et de goût. Pour autant, Level 5 peut se targuer d'avoir eu le courage de développer un jeu de rôle d'envergure pour la Playstation 3 lorsque personne n'en voulait, et de lui adjoindre, outre un mode en ligne, des mises à jour très fréquentes sous forme de contenu supplémentaire au Japon. Allez, passez vite à autre chose, qu'on puisse enfin savourer votre vrai savoir-faire !