Tester objectivement un jeu est un exercice plus difficile qu'on ne le croit. Dans le cas de Left 4 Dead 2, c'est un peu comme essayer de parler d'une ex poliment alors que cette garce vient de se barrer avec votre meilleur pote après vous avoir trompé avec [insérer ici un truc vraiment pénible pour votre ego]. Pourquoi tant de haine ? Une histoire de frustration. Et rien de sexuel, en fait...
Les jeux étant similaires d'une version à l'autre, les tests le sont également.
À la base, Left 4 Dead c'est un peu un fantasme de gamer fan de jeu coopératif. Récap' rapide pour ceux qui hibernaient depuis l'année dernière : un virus vient de zombifier la population. Dans le mode "Campagne" basique, vous faites partie d'un groupe de 4 survivants devant tracer sa route à travers ces hordes de pauvres gens soudains dévorés par une grosse faim de raclette de cerveau. Le vôtre n'ayant pas envie de faire partie des ingrédients, vous allez massacrer à tour de bras pour tenter de rejoindre une zone où il sera enfin possible de s'échapper de cet enfer pour de bon.
Report unusual behaviors
La recette est donc simple pour Valve : on garde les mêmes ingrédients et on rajoute des épices. Nouveaux personnages (avec toujours une seule fille), nouveaux niveaux, nouvelles armes et nouveaux modes de jeu et quelques trouvailles aussi côté zombies. Les fans trouveront que ça fait assez pour qualifier cet épisode de "2" pour de bon, les autres trouveront qu'une extension ou un DLC auraient largement suffi. Vaste débat, la polémique n'est toujours pas terminée pour certains. Personnellement, j'avoue que les nouveautés sont suffisantes à mes yeux pour contenter les gros joueurs du premier épisode : 5 nouvelles campagnes, ce n'est pas rien. Surtout que cette fois, plusieurs passages sont parfois possibles, les situations sont variées et drôles (le concert de hard rock est bien trouvé, avec certains persos qui chantent quand on s'approche du micro...). Indéniablement, l'ambiance est là, posée dès l'intro en 3D précalculée. Les musiques à base de banjo annoncent la couleur : il va faire moite et le sang va se mélanger à la terre du Sud des États-Unis !
Avoid all contact with infected individuals
Avec 3 potes, traverser ces scénarios est amusant. On apprend à se méfier des clowns qui bizarrement attirent plus d'infectés si on ne les flingue pas assez rapidement. On s'acharne sur les flics zombifiés en combinaison antiémeute (et donc beaucoup plus résistants) et surtout on apprend à gérer les nouveaux super zombies ! Le Jokey peut sauter sur un survivant et le diriger plus ou moins là où il veut. Le Charger fonce tête baissée vers sa proie, pour l'attraper au vol et finir sa course contre le premier obstacle puis éclater le pauvre survivant au sol (et ce, aussi longtemps qu'un des deux sera vivant). Quant à cette horreur de Spitter, elle peut balancer de l'acide super loin, pour former une flaque qui fait un max de dommages si on reste dedans. En Versus, le mode de prédilection de nombreux joueurs de L4D(2), le tout permet des combos redoutables, surtout que les anciens zombies sont toujours là.
Wait for official instructions
Comme tout titre multi qui se joue en équipe, se joindre à un "match rapide" avec des inconnus est souvent une expérience frustrante qui fait perdre tout espoir dans la race humaine. Abruti qui part devant tout seul, crétin qui ne regarde pas derrière lui alors qu'un Smoker vient de vous agripper, alliés zombies infoutus de coordonner une attaque, tout est là pour réduire la durée de vie de votre clavier. Mais il y a pire : L4D2 garde les mêmes bugs débiles que son aîné. Vomi de Boomer stoppé par un pixel de texture, crachat du Spitter qui ne traverse pas un buisson, personnage qui reste coincé sur un élément de décor, etc. C'est cette frustration qui va généralement faire lâcher le jeu. Perdre, OK. Perdre à cause d'un bug stupide, dans ce genre de titre, c'est tout simplement impossible à digérer.
Kill all sons of bitches
Avec 25 à 40 000 joueurs en permanence sur la version PC (la meilleure et de loin, avec serveurs dédiés et des graphismes un peu rehaussés par rapport à la version 360, sans parler du gameplay beaucoup plus nerveux avec une souris et un clavier), L4D2 est déjà une réussite, en tête des ventes Steam. Mais à 50 euros, ce titre reste définitivement trop cher à mes yeux. La lassitude gagne rapidement dans les modes coopératifs basiques et seul le mode Versus a une durée de vie conséquente si on ne pète pas un câble à cause des différents bugs.
La conclusion est évidente : si vous étiez un gros fan du 1, ce nouvel opus va vous combler : plus varié, plus difficile, avec des armes de corps à corps marrantes (du katana à la poêle à frire en passant par la guitare), il remplit son contrat. Mais si vous étiez devenu allergique, cet épisode ne vous soignera pas. Loin de là ! Quant aux nouveaux venus, il découvriront l'un des jeux multi les plus appréciés de l'année passée, dans une mouture toujours charmante et qui surpasse l'original à de nombreux niveaux... jusqu'à ce qu'ils tombent dans l'une des deux premières catégories.