Certains d'entre vous se souviennent peut-être de mon délire de culpabilité lié à ma première infidélité à PES en partant à Ibiza avec une petite blonde bimbo aux formes généreuses, FIFA 08. Deux ans et un podcast haut en couleurs plus tard, je ne me suis toujours pas remis avec le jeu de foot de ma vie. Néanmoins, les premières interrogations sur la pérennité de ma relation pointent le bout de leur stick...
N.B. : Les versions PS3 et 360 étant très similaires, les tests le sont également.
Je commence à porter un oeil très critique sur ma gentille copine platinée. Les raisons ? Outre des lacunes un peu pénibles à manier au quotidien, le problème principal se situe dans la résonance d'une phrase prononcée lors du debrief du podcast FIFA 09 vs PES 2009 par ce vil JulienC : "Ouais FIFA, c'est sympa, tu joues à un jeu de foot, les actions s'enchaînent, tu peux parler chiffon en même temps. À PES, je jouais pas au foot, je jouais ma vie". Bon, même si, seule maigre satisfaction, il n'a pas dû se marrer tous les jours avec son PES 2009 négligé et rébarbatif, le sieur Chièze a presque réussi à me gâcher mon année de foot sur console avec sa phrase à la noix.
Au moment de tester FIFA 10, la grande question sera de savoir si enfin on joue sa vie ou non à chaque match. Le reste, c'est du bonus.
Ne jamais coucher le premier soir
Les tous premiers rapports (intimes) avec FIFA 10 peuvent s'avérer compliqués : maniabilité étrange, passes aléatoires, gardien aux fraises, impact physique démesuré, vitesse de jeu trop rapide, etc. Sans compter l'étrange sensation de se faire enfler par EA en proposant un simple patch brillamment marketé à grands coups d'annonces pompeuses et de nouveautés "révolutionnaires". Après une dizaine de matches, le constat est sans appel (pour le soft ou pour ma pomme) : soit le jeu est hyper précis et je suis une brêle, soit il est à moitié injouable.
Le jeu ! Le jeu ! Le jeu !
Autant tuer le suspens d'entrée, comme prévu, la quiche c'est moi, et non pas le jeu. Avec FIFA 10, il faut tout reprendre à zéro : timing, dribbles, passes, tirs, contrôles, etc. La totale. Et c'est reparti pour des heures et des jours d'adaptation laborieuse, entre répétitions de gammes et domptage du fameux dribble à 360°. L'air de rien, la vraie révolution de FIFA 10 réside bien dans cette innovation dont la plupart des autres découlent plus ou moins. Inertie terrassée, les joueurs répondent enfin au pouce et à l'œil au moment de changer de direction, de varier leurs courses ou d'éliminer vite fait bien fait un adversaire direct et ce sans avoir recours à la gâchette magique pour épater la galerie. Même constat au sujet des passes et centres, pour peu d'avoir le courage de jouer en semi ou mieux en manuel, un vent de liberté souffle sur nos minis footeux virtuels. Tout se décide au stick gauche et au temps d'appui sur la touche, premier poteau en arrière, deuxième en avant, en arrière en diagonale, etc. Autre régal, les passes lobées tendues (gâchette course à l'arrêt + passe lobée) et surtout les centres instantanés, à couper le souffle d'efficacité et de beauté. Sur FIFA 09, pour patater de loin et cadrer, il fallait se lever de très bonne heure et accessoirement se pousser la balle dans la course. Aujourd'hui, la trajectoire des tirs a repris le chemin des filets et ce même en force, tout dépendra de la position du joueur, de l'angle et du bon pied. Normal. En net progrès, la physique de balle demeure néanmoins loin du réalisme de celle de Konami.
Travailler plus pour mieux jouer
Courage, patience et abnégation, parce que là, le ralentissement classique de la courbe d'apprentissage, on le sent bien passer. Aubaine, un menu d'entraînement complet fait son apparition dans le menu de l'arène. Au programme, petite ou grande opposition de 1vs1 à 11vs11, coups francs directs et indirects, corners... Et surprise, pour les puristes, les coups de pieds arrêtés sont paramétrables à notre guise (combinaisons, positionnement départ/arrivée et courses des joueurs) et s'importent ensuite en match ! Avec un timing maîtrisé, les schémas ainsi inventés aboutissent parfois à une pagaille totale au sein de la défense adverse. À ce propos, on notera encore l'effort d'EA Vancouver pour coller à la réalité des positionnements et déplacements des défenses compactes modernes. La majorité des errements défensifs ici, ne sont pas dus à une IA défaillante, mais bien à une mauvaise sélection de joueurs ou un retard d'exécution. Heureusement, les gestes de dégagements en catastrophe labélisés "charnière centrale marseillaise 09" ont été améliorés et sauvent nombre de situations critiques.
La bataille pour la terre du milieu
Quelle que soit la phase de jeu, la lutte physique en mode rapproché s'est nettement intensifiée afin de concorder au mieux à l'époque. Puissance et virilité sont les mots d'ordre, principalement au milieu de terrain où il faudra batailler sévère du stick pour repartir balle au pied. Parfois extrême, on sent déjà pointer les dérives/problèmes pour défendre ou passer certains bulldozers comme Ballotelli, Vidic, Drogba ou encore... Sammy Traoré (NDLA : WTF ? On se demande bien quel match ils ont dû visionner pour lui coller des stats pareilles)... Pour justement se dépatouiller du physique, une seule solution : marcher sur les pas de Pep Guardiola et se concentrer sur le ballon. Le faire vivre un maximum, assurer le jeu et ses passes, mettre un peu de vitesse. Du point de vue tactique, pas d'améliorations notables, en revanche, la patte de chaque équipe se discerne nettement mieux et s'avère particulièrement fidèle à sa philosophie de jeu réelle. Épatant.
Mais p***** il est où le gardien ?!?
Avant de se pencher sur les nouveaux modes de jeu et à-côtés, on est bien obligé d'aborder les sujets qui fâchent. On ne s'attardera pas sur des commentaires français redondants et peu inspirés. Ni sur les arbitres toujours vêtus de noir (histoire de bien se camoufler au sein des équipes jouant en couelur sombre) et aux jugements aléatoires. Concentrons-nous plutôt sur mes amis les gardiens... Chaque année, EA nous promet que les bogues seront corrigés alors que de nouveaux apparaissent. Au menu de l'édition 2010 : relâche de frappe anodine, dégagement sur attaquant adverse à deux mètres, gardien super avancé sans raison, sorties hasardeuses et j'en passe. Le tableau semble noir sur le papier, heureusement, la réalité est toute autre. Le jeu ne pâtit que légèrement des errances des portiers. Juste ça arrive. Parfois. Les noms d'oiseaux volent alors très fort dans le salon. Parents, copine, voisins devraient vite avoir envie de vous passer la bouche au savon.
Le dopage, ça existe dans le foot ? Paye et tais-toi !
La question du dopage dans FIFA 10 amène un autre sujet houleux : le joueur vache à lait. Je m'explique. Il est possible d'acheter, non vous ne rêvez pas, D'ACHETER, des super pouvoirs pour ses joueurs à utiliser au cours d'un nombre de matches définis à l'avance ! Déjà, d'un point de vue sportif/éthique, le message est limite, surtout pour une simulation aussi poussée. Ensuite dépenser des euros pour avoir un milieu de terrain bionique qui va tout ratisser pendant 5 matches, c'est débile. La microthune ne va pas s'arrêter là puisque sont prévus des stades supplémentaires (Santiago Bernabeu en téléchargement gratuit jusqu'en février), des commentaires exotiques, etc. Bref tout et rien. Déjà qu'il faut payer pour le Season Live 2.0 hebdomadaire (pas encore disponible, on ne peut rien en dire), là ça devient vraiment ridicule et honteux.
Beau comme un footeux
Dernier coup de gueule, les graphismes au point mort. On veut bien que tous les efforts soient portés sur le gameplay, mais là, on en est encore au stade du Musée Tussaud d'il y a deux ans : visages de cire huilés ressemblant une fois sur dix... De ce côté-là, l'équipe de Seabass leur inflige une sévère raclée. Outre diverses animations secondaires, la seule nouveauté bancale à se mettre sous les yeux, c'est le gadget Game Face et sa modélisation de notre visage à importer dans le jeu. Une bonne idée au rendu malheureusement hasardeux qui n'entame en rien le plaisir procuré par le nouveau mode Pro Virtuel. Le but étant de créer son avatar, de faire évoluer ses aptitudes générales à longueur de matches et d'exploits divers (200 environs) avant d'intégrer une équipe virtuelle on-line. Bien évidemment, l'effectif de cette dernière peut se constituer uniquement de vos copains, vous serez alors en mesure d'en découdre avec les clubs fictifs du monde entier. Stats à volonté, classement mondial et tout le tintouin. On vit une époque formidable.
Il n'y pas que la ligne dans la vie
Offline, le mode carrière s'est vu, lui, nettement amélioré et approfondi. La place manque pour tout décrire, mais en vrac, meilleure gestion de l'influence du moral et des performances dans la progression des joueurs, complexité des transferts ou encore fatigue plus réaliste. Impossible de ne pas opter pour le Pellegrinisme, à savoir une rotation intense de l'effectif.
Mais la vraie suprise/bonheur/joie/délivrance (oui, oui, tout ça à la fois) de cette année pour les allumés puristes, est là : il est désormais permis de créer et paramétrer à souhait des compétitions et ligues entre amis en jouant les équipes adverses. Finies les soirées de matches amicaux sans enjeu, place aux tournois de potes le couteau entre les dents durant toute la soirée !
De l'importance du détail
Pot-pourri non-exhaustif des toutes petites nouveautés bien vues. Les fautes à jouer rapidement main sur le ballon. Les petits gestes réflexes. L'arbitre écarte les jambes pour laisser passer les ballons. Excellent rendu des conditions météorologiques pourries. Par temps très couvert, la brume londonienne est superbe. Les joueurs non concernés par l'action se replacent en marchant. Désormais, lancer une partie avec un ami en ligne est un jeu d'enfant. La décision de finir sur un match nul ou de continuer les prolongations doit se faire d'un commun accord avec l'adversaire. La promesse d'EA de régler leur compte à ces fichus quitteurs de la rage. Etc.
Pour Beigbeder, l'amour dure trois ans. Ça tombe très bien. Entre les défauts précités, la sale habitude d'EA à tirer sur la corde et surtout le retour en forme de son concurrent (mais avec toujours son boulet d'années de retard accumulées sur next-gen), on sera d'autant plus attentif et exigeant en octobre 2011. On n'hésitera ainsi pas à inviter son ex-simulation de notre vie à dîner un soir, pour prendre des nouvelles, comme ça...
En attendant, une fois digérés le rejet du mercantilisme à outrance (simple patch, microthunes) et la colère à propos de la gestion "petit épicier" relative aux commentaires/graphismes/IA des gardiens, FIFA 10 dévoile une force de caractère impressionnante. Richesse des modes de jeu on et off line, profondeur du gameplay (360°, timing, links...), équilibre judicieux attaque/défense - physique/technique, rarement une simulation de football n'aura été aussi complète et procuré autant de sensations manettes en main. Le pic PES 6 semble enfin à portée de programmation.
Désormais, je peux enfin me libérer du poids des mots de JulienC et affirmer fièrement : sur FIFA 10, on joue enfin sa vie à chaque match.