Si vous suivez un tant soit peu l'actualité musicale, le nom de Timbaland ne doit pas vous être complètement inconnu. Producteur entre autres de petits jeunes qui débutent, comme Justin Timberlake ou Missy Elliott, l'ami Tim est ce qu'on pourrait appeler un "gros calibre" dans l'industrie musicale. Et bien qu'étant loin d'être fan (pour rester poli), quand on me propose de tester un logiciel de musique parrainé par le monsieur et codé par les petits gars de Rockstar, je ne résiste pas à l'envie d'essayer d'aligner quelques lignes de basses destructrices.
Je vous l'accorde, le titre de ce soft fait un peu pitié. Beaterator, ça fait plutôt penser à un Decepticon version Michael Bay qu'à un logiciel de création musicale. Mais passons sur cet écueil somme toute assez anecdotique pour nous concentrer sur le principal. Beaterator se divise en deux parties : le "Live Play" et le "Studio". Le premier mode permet de jouer jusqu'à huit boucles sonores à la volée, en piochant dans la banque de sons disponibles ou en utilisant vos propres créations, voire votre voix de stentor. Parfait pour animer une soirée entre potes en passant pour un dieu de la musique. C'est d'ailleurs de loin le mode le plus fun de ce titre : l'interface est simple, intuitive, s'affranchit parfaitement des limitations de la PSP, et on se retrouve très vite à balancer du son qui cogne sans qu'il soit nécessaire d'avoir le Bac +Mozart.
Trop ambitieux ?
Là où les choses se corsent un peu, c'est lorsqu'on bascule en mode "Studio". Très vite, on prend conscience du fait que la portable de Sony n'est pas véritablement adaptée aux mécaniques de création sonore. En gros, ce mode va vous permettre de construire votre morceau de A à Z, en enchaînant à votre guise les différentes boucles sonores. Sauf qu'une opération d'ordinaire simple avec une souris et un clavier se révèle rapidement laborieuse avec le pad de la console. Du coup, il faut s'armer de patience pour parvenir à ses fins. C'est le gros point noir du soft : la maniabilité n'est pas des plus intuitives et on se retrouve à perdre de précieuses minutes pour concrétiser ce merveilleux breakdown qui tape si joliment dans notre tête. Et comme chacun le sait, la frustration plombe la créativité. À la décharge de Rockstar, il faut reconnaître que le défi était de taille : difficile de transposer le feeling d'un séquenceur professionnel avec seulement une croix directionnelle et quelques boutons. Malgré tout, la complexité de la prise en main risque d'en rebuter plus d'un, autant vous prévenir.
Plein de boutons à tourner
Ceci étant dit, intéressons-nous tout de même au cœur de la bête. Parce que l'air de rien, l'engin en a sous le capot : synthétiseur analogique paramétrable, import de fichiers WAV, nombreux effets (reverb, delay, chorus, etc.), la base de travail est déjà conséquente et permet sans problème de composer de vrais morceaux qui pourraient sans mal rivaliser avec les dernières horreurs du Top Parade. Le principe de Beaterator s'apparente à celui d'un EJay sur PC : vous alignez les boucles (rythmes, basses, mélodies, etc.) sur une ligne du temps et construisez ainsi votre tube par blocs. Pour ce faire, vous pouvez soit utiliser les boucles livrées avec le soft (dont certaines réalisées par Monsieur Timbaland lui-même) soit créer les vôtres, note par note. Vous pourrez également moduler le volume ou les différents effets sur toute la longueur du morceau, pour lui donner plus de richesse, mais là aussi, l'opération se révèle souvent inutilement longue et pénible.
Beaterator est donc globalement une petite déception. Certes, son mode "Live" permet de se la raconter en soirée en lâchant quelques beats bien sentis sous les yeux ébahis d'une foule crédule. Mais dans une optique de "studio portable", fidèle compagnon des musiciens en vadrouille qui souhaitent capturer les futurs hits qu'ils ont dans la tête, le soft souffre d'une maniabilité complexe et d'une interface inadaptée à la console. Il n'en demeure pas moins un chouette "gadget" pour bidouiller quelques riffs entre deux aéroports, sans pour autant qu'il soit nécessaire de vendre un rein. Mais armez-vous quand même de patience pour concrétiser vos idées. La création sur PSP est à ce prix.