Après plusieurs épisodes pour le moins décevants (voire catastrophique pour le premier Sonic The Hedgehog next-gen), le hérisson revient dans Sonic Unleashed, que Sega nous a vendu comme le volet de la rédemption. Le jeu de la réconciliation avec les fans de la première heure. Personnellement, à la vue des trailers, j'y ai cru. Ou plutôt j'avais envie d'y croire, tout en essayant de conserver une certaine retenue... car comme on dit : plus grande est la confiance, plus terrible est la déception.
La grande nouveauté de Sonic Unleashed, au-delà du retour aux sources qu'on n'a cessé de nous vendre, c'est la transformation de Sonic en hérisson-garou. En gros, Docteur Robotnik/Eggman fait encore des siennes et, en plus de mettre la planète en morceau, il provoque la mutation du hérisson en grosse boule de poils griffue dès que la nuit tombe. Pour la qualité du scénario, c'est clair qu'on repassera, mais pour Sega, il s'agit surtout d'une habile manière de justifier scénaristiquement un gameplay totalement différent de celui qu'on avait l'habitude de voir dans les Sonic conventionnels. En effet, le jeu se décompose en deux parties bien distinctes, avec des mécaniques de jeu totalement différentes. La première se joue de manière "normale", dans la plus pure tradition de la série. Et de ce côté c'est vraiment réussi. On retrouve le plaisir d'antan à débouler à toute berzingue dans des niveaux bien conçus, surtout que la maniabilité est plus que correcte... ce qui faisait défaut à la série depuis plusieurs années. Le moteur graphique maison (le "Hedgehog Engine"), développé pour l'occasion, répond parfaitement à la haute vitesse de défilement. En outre, par moment, d'habiles transitions où le hérisson est représenté sur le côté, façon scrolling 2D, permettent de retrouver les sensations des premiers volets sur Megadrive. Les combats contre les boss sont eux aussi bien plaisants. Bref : on se marre comme ça n'était plus arrivé depuis longtemps et ça fait du bien ! Difficile de ne pas être enthousiaste pendant ces séquences et d'espérer le meilleur pour le jeu... Hélas, souvent la nuit tombe, et c'est là qu'intervient la deuxième partie du gameplay, où l'on dirige le hérisson-garou.
La nuit, tous les hérissons sont pourris
Les niveaux que l'on joue sous cette forme sont faits de phases de beat'em all, avec une pointe de plateforme "à la Prince of Persia" (en très light). Alors que l'on pensait que ces séquences ne constitueraient qu'une sorte de bonus, il s'avère en fin de compte qu'il s'agit de près de la moitié du jeu. Et malheureusement, ce n'est pas une bonne moitié. Simplistes et répétitives, ces phases n'engendrent que de l'ennui et de la frustration. Les combats sont répétitifs à souhait et, bien qu'un système de combo ait été mis en place, celui-ci ne sert à rien puisqu'il suffit de matraquer les boutons pour venir à bout des différents monstres. Idem pour le côté plate-forme, lui aussi mou du genou et rapidement saoulant, mais avec en plus des problèmes de caméra, qui peuvent provoquer rapidement des crises de nerf. Pour faire court, les séquences nocturnes en lycanthrope sont une sorte de punition que l'on voudrait pouvoir zapper, ce qui est hélas impossible. C'est tellement mauvais que ça fait déchanter sur l'ensemble du titre, jusqu'à couper l'envie d'y jouer par moment. A cela, il faut préciser que la structure du jeu est assez semblable à celle de Sonic Adventure, mais en beaucoup plus simpliste. On se balade dans diverses villes à travers le globe, d'où l'on accède aux différents niveaux, ces derniers variant selon le fait qu'il fasse jour ou nuit. Un léger aspect RPG est aussi de la partie, avec un système de points d'expérience à répartir dans différentes catégories, mais il est franchement très dispensable et fait un peu figure de bonus rajouté pour donner une fausse consistance à l'aventure.
L'histoire se répète
Au final, Sonic Unleashed, dans ces niveaux "normaux" renoue avec ce qui faisait les délices de ses premières versions. Mais ce retour aux sources est complètement gâché par les soporifiques, infantiles et surtout mal pensées phases nocturnes en "Werehog", qui constituent pourtant une grosse partie du jeu... On se demande pourquoi Sega s'est senti obligé d'ajouter ces séquences qui, en plus de dénaturer leur personnage phare, n'apportent strictement rien... bien au contraire.
Sans être aussi catastrophique que Sonic The Hedgehog (ce qui n'était pas trop difficile cela dit), il s'agit donc une nouvelle fois d'une déception. Paradoxalement, grâce à son moteur graphique au point et à ses quelques séquences de jeu vraiment jouissives, ce nouveau volet laisse entrevoir la possibilité - un jour peut-être - de voir débouler un vrai bon jeu en 3D estampillé Sonic. L'attente commence cependant à se faire longue... Tellement longue qu'on a tendance à perdre espoir, hélas.