Amateurs de tripes, boyaux, viscères et autres décapitations, voilà qu'arrive LocoRoco 2, seul titre à même d'extirper l'infime reliquat de tendresse qui subsiste dans vos cœurs de brutes épaisses et molles. Il faut dire qu'avec son gameplay rafraîchissant et son truculent aspect graphique, l'oeuvre de Tsutomu Kouno avait su émouvoir les possesseurs de PSP en mal de productions rondouillardes et bariolées, malgré un contenu un peu chiche. Restait alors à déterminer si ce second opus en aurait suffisamment dans la bedaine...
Pierre qui roule...
Bien entendu on retrouve l'identité picturale très épurée de LocoRoco, toujours accompagnée de ses mélodies entêtantes. Des thèmes plutôt familiers dans la mesure où il s'agit pour la plupart de réorchestrations de ceux du premier épisode. Ce qui n'enlève rien au charme délicieusement niais de LocoRoco 2, surtout depuis qu'il s'est doté d'un semblant de scénario. Nous vous passerons les détails du plan méphistophélique que Bonmucho a manigancé avec sa fripouille de mère pour conquérir la planète... Sachez cependant que ce surcroît d'épaisseur narrative donne une ossature plus convaincante aux différents rebondissements de l'aventure, notamment les phases de Shoot'em Up. Dans le même ordre d'idée, les niveaux sont regroupés par régions sur une carte circulaire, de manière à souligner que l'on se balade à la surface d'une planète. Quant aux stages proprement dits, ils s'avèrent certes moins nombreux, mais plus touffus. S'il était théoriquement possible de tout découvrir dès le premier passage dans LocoRoco, c'est chose impossible dans cette suite.
Evoloco
En effet les nouvelles possibilités de gameplay ne se limitent plus à des structures inédites introduites dans l'environnement au fil des niveaux, les LocoRocos découvrant enfin les joies de l'évolutivité ! Nager sous l'eau, effectuer un bond de géant et chasser de sombres nuages font maintenant partie de leur registre d'aptitudes. Et vous croyiez sans doute que le trou béant qui sert de bouche à nos LocoRocos n'était bon qu'à bouloter des baies ou fredonner des chansonnettes ? Bah non, puisque leurs quenottes permettront de s'accrocher à divers éléments du décor. Rassurez-vous, la formule n'a rien perdu de sa simplicité légendaire ("j'incline le décor avec l'une des gâchettes, je saute en appuyant sur les deux en même temps, je scinde/regroupe mes LocoRocos avec le bouton rond"). Une jouabilité nette et sans bavure donc, à l'exception du super saut pas toujours super évident à effectuer. Les capacités supplémentaires ne seront distillées que très progressivement, autrement dit le "backtracking" (retourner en arrière, quoi) s'impose pour découvrir les zones précédemment inaccessibles. Tiens tiens, encore de la collecte à outrance me direz-vous...
Pick Mui !
C'est un fait, il s'agit toujours de récupérer des baies, des MuiMuis et des Pickories. Toutefois, un nouveau type d'objet fait son apparition, des notes de musique reçues en récompense pour avoir redonné vie et gaieté aux créatures autochtones. Au fur et à mesure que le compteur augmente, de nouvelles voies s'ajoutent à l'instrumentalisation de la mélodie, décuplant du même coup la quantité de Pickories rassemblés. Parallèlement, les paliers bonus qui requièrent un nombre minimum de baies sont cette fois rehaussés d'un mini jeu rythmique sur le refrain du LocoRoco choisi. De ce fait, l'exploration assidue des niveaux gagne considérablement en intérêt, surtout que les Pickories et les matériaux parfois rares amassés au passage serviront à la construction de la maison MuiMui. Oubliez le jeu de construction un peu creux du premier opus, ce mode s'apparente désormais à un Sims (ultra) light, l'objectif étant d'aider nos petits rescapés à aménager la demeure de leurs rêves (avec moult surprises à la clé). Résolument sympathique, à l'instar d'ailleurs de la poignée de mini-jeux aux programme.
Une affaire qui roule ?
On retiendra ainsi la pose de tampons (façon images Panini) à collectionner, décidément l'un des maîtres mots de LocoRoco 2, sans oublier les parties de rodéo d'une violence quasiment insoutenable. Hélas, il faudra se contenter de cette unique épreuve à plusieurs, dénuée d'option Game Sharing pour couronner le tout. Autre regret, la présence de quelques passages légèrement frustrants, un sentiment inévitable quand on se fait béqueter un LocoRoco parfois acquis de haute lutte. LocoRoco 2 n'en reste pas moins fastoche dans l'ensemble, le véritable challenge se situant dans l'obtention de scores parfaits, qui plus est dans les stages débloqués après le générique de fin. Car "L'R" de rien, cette suite se montre plus acidulée que son aïeul et par conséquent sensiblement plus endurante. En clair, LocoRoco 2 constitue une œuvre épatante, dont la formidable candeur pourrait bien réveiller le petit garçon ou la fillette qui sommeille en vous, voire vous faire carrément perdre la boule !