Lorsque le premier Resistance est sorti, il faisait partie des
quelques titres de lancement de la PlayStation 3. Du coup, les frais
possesseurs de la console, désireux de pouvoir profiter un minimum des
surpuissantes capacités qu'on leur avait vendues, l'avaient acheté. Le titre s'est hissé meilleure vente de ce faible line-up, et
cela, malgré un classicisme ludique, heureusement largement
compensé par une réalisation propre et soignée. Maintenant
que le catalogue de la console s'est agrandi, Resistance 2 a beaucoup
moins de marge de manoeuvre. S'il veut faire parler de lui, il ne
peut plus se suffire du conventionnel. En gros, il lui faut du sang
neuf s'il veut encore se retrouver en tête en gondole. Est-ce le cas ?
Coupons court : pour tout ce qui concerne la partie solo, non, clairement pas. Insomniac, qui possède une véritable science du développement carré, sans véritable faille, nous refait le coup du jeu passe-partout, qui ne se fâchera avec personne. En fait, c'est bien simple, à l'instar de son prédécesseur, il s'agit d'un titre que l'on pourrait qualifier de conservateur. Pas de prise de risques. Tout est calibré pour que Resistance 2 soit un jeu comme on est censés les aimer, presque académique.
Ce monde n'est pas le tien
Côté scénario, le titre commence peu après les événements du premier volet, qui se déroulait au Royaume-Uni. Manque de pot, la bataille est perdue, et comme le reste de l'Europe, le pays de Boy George a fini entre les mains des hybrides, de satanées bestioles issuent d'un mix entre humains et extra-terrestres (d'où leur nom), et qui dévastent tout sur leur passage. La résistance se voit ainsi contrainte à délocaliser, pour défendre cette fois les Etats-Unis, nouvelles cibles des envahisseurs. On incarne une nouvelle fois Nathan Hale, soldat américain de son état, mais surtout, sorte de "porteur sain" du virus extra-terrestre, qui de ce fait, possède des capacités améliorées, notamment en terme de récupération physique.
Premier accroc : tout le long de l'aventure composée de sept chapitres, le titre prétend nous raconter une histoire, alors qu'en vérité, il ne se passe pas grand chose. En gros, on en sait autant que le héros sur le déroulement et les origines de cette invasion, et justement, il ne sait rien ou presque. Pire encore, le bonhomme n'est pas vraiment curieux, puisque lorsqu'il rencontre des personnages clefs, il n'est pas fichu de chercher des réponses aux éventuelles questions qu'il devrait se poser. Généralement il s'en tient à une discussion légère à la limite du "passe-moi le sel", sans insister sur quoi que ce soit, et repart à l'aventure, peinard, sans demander son reste. De ce point de vue, on reste sur sa faim. Non pas que le background soit mauvais ou mal raconté, bien au contraire, c'est simplement qu'il n'est pas développé ou alors très peu, et de manière cliché. En fait, je soupçonne Insomniac de faire partie de cette nouvelle vague de développeurs qui, comme Epic dernièrement avec Gears of War 2, ne font volontairement que les choses à moitié scénaristiquement, afin de se laisser le champ ouvert en terme de narration, en prévision d'un probable prochain volet dont ils ne connaissent pas encore la teneur.
Suis ton coeur qui insiste
En fait, on s'aperçoit rapidement qu'Insomniac a surtout mis le paquet sur les décors. De ce côté-là, le boulot effectué est impressionnant. Finie l'aventure solo composée principalement de couloirs, cette fois, on évoluera très souvent en plein air et dans des environnements vraiment variés. La délocalisation des combats en Amérique permet de faire voyager le héros. De San Francisco à Chicago en passant par la Nouvelle-Orléans ou le Mexique, on verra du pays. Chaque ville ou village est modélisé sur fond d'apocalypse, donc complètement dévasté, mais superbement détaillé. Les immeubles sont travaillés et les rues fourmillent de détails. Les débris et autres carcasses de voitures ajoutent à l'atmosphère. Graphiquement, sans aller jusqu'à la baffe, on peut dire qu'il s'agit d'un beau jeu, fruit d'une direction artistique soignée. De même pour le bestiaire parfaitement réussi. Les monstres sont nombreux et assez chiadés esthétiquement, avec une mention spéciale pour le Léviathan, grosse bestiole digne du colosse de Cloverfield (il faut croire que le film en a inspiré beaucoup dernièrement) : il en impose vraiment lorsqu'on s'y retrouve confronté, ce qui donne d'ailleurs lieu à un scène assez trippante.
Bats-toi aussi et persiste
Probablement cœur du genre, le gameplay. Il sait être accrocheur sans toutefois nous scotcher au canapé. Très plaisant, disons, mais en termes d'intensité, à quelques exceptions près, on ne fait qu'enchaîner les vagues d'ennemis, sans grande variation dans notre manière de jouer. Resistance 2 use et abuse les grosses ficelles du FPS sur rails sans apporter de vraie patte personnelle. Mais l'ensemble reste très propre et lissé, avec une difficulté bien équilibrée, un arsenal intéressant et une IA totalement valable. C'est aussi scripté à mort, pour le plus grand désarroi de certains, et parfois pas très finement. Mais la plupart du temps, ces scripts s'enclenchent au bon moment pour servir au mieux la mise en scène. Malgré ces qualités, on ne plonge pourtant pas dans le jeu aussi profondément qu'on le souhaiterait, hélas.
Cherche ton bonheur partout
Une fois la campagne solo bouclée (en une dizaine d'heures environ), on est fins prêts pour attaquer le multi. Et là, on se rend rapidement compte que c'est sur cet aspect qu'Insomniac a placé une grosse partie de ses billes. On nous propose de véritables missions parallèles aux événements de l'aventure principale, en co-op à huit joueurs simultanément. On aura la possibilité d'incarner trois différentes classes de personnage : un soldat, un médecin, ou un sniper. Beaucoup plus fourni en termes de quantité d'ennemis, ce mode vous obligera à agir en équipe pour ne pas succomber à la charge (de quoi rappeler le mode Horde de Gears of War 2, presque). Un système d'expérience simple mais efficace permet de faire évoluer le joueur et de suivre la mode lancée par Call of Duty 4. Rien que ces missions, vraiment réussies, rallongent considérablement la durée de vie du titre, comme son intérêt. Mais ce n'est pas tout : un mode multi classique jouable à 60 simultanément est aussi de la partie, du quasi jamais-vu en la matière sur consoles. Avec tous les modes de jeu classiques du genre (deathmatch, capture the flag, escarmouche, teammatch, etc.) et cette quantité de joueurs, ainsi qu'un bon équilibre de gameplay, Resistance 2 promet des combats de premier ordre, pourvu que la communauté suive ; mais on ne pourra pas lui reprocher de ne pas avoir toutes les cartes en mains pour devenir un FPS de référence en multi sur PlayStation 3.
C'est pas pour ça qu'on t'aime
Au final, avec un rapide tour du propriétaire, on retient de Resistance 2 un jeu à la réalisation soignée, même si elle n'atteint pas des sommets, et ludiquement un peu pisse-froid, peut-être, mais tout à fait agréable à jouer. La grosse cerise sur le gâteau, son impressionnant mode multijoueur, ultra-complet et techniquement chiadé, fait du titre une valeur sûre pour tous les amateurs de frittage en ligne qui cherchent un titre auquel revenir régulièrement en, espérons-le, bonne compagnie.