Adaptation de série, jeu pourri ? On pourrait presque en faire un adage, mais dans le cas de Lost : Les Disparus, on ne peut pas non plus enterrer complètement la production d'Ubisoft. C'est un titre fan service, incontestablement, qui ne s'encombre pas d'un game design ou de valeurs de production brillants, mais qui n'est pas non plus exempt de quelques qualités. Au beau milieu du reste.
Pour commencer : tous ceux qui ne sont pas ultra fans de Lost peuvent aller trouver autre chose à lire, ce test n'est pas pour eux. Car pour eux, Lost : Les Disparus ne présente strictement aucun intérêt... C'est bon, on est entre copains de série ? Alors résumons. Vous n'avez absolument pas besoin d'avoir exploré le jeu pour mieux comprendre la mythologie de la série, ou obtenir des explications sur certaines de ses grandes questions, déjà. Vous n'êtes donc pas "obligés" de jouer à Lost : Les Disparus. Heureusement.
Bonne approche...
Reconnaissons-le, adapter Lost en jeu était un sacré challenge. Le problème de Lost : Les Disparus, ce n'est pas qu'il n'a pas su négocier la transition ; proposer une histoire entièrement inédite dans la peau d'un autre rescapé du vol 815, et structurer l'ensemble du jeu en "épisodes" calqués sur la série, c'était à n'en pas douter la bonne approche. Mieux encore, le scénario proposé (en gros, la découverte du passé d'un personnage amnésique), permettait d'entretenir le schéma de découverte des personnages par le spectateur, mêlant actions sur l'île et flashbacks, comme dans la série, sans pour autant empêcher le joueur d'incarner le dit personnage pleinement. Probablement le seul moyen de ne pas, ni le distancier du jeu, ni rompre avec la structure narrative de la série. Dommage que ce qui était bon sur le papier se retrouve plombé par d'immenses écueils une fois porté à l'écran.
... réalisation médiocre.
Quand je parle de réalisation, il ne s'agit pas seulement de la modélisation grossière de certains personnages, du frame-rate passable ou des textures inégales. Il y a même, par endroits, quelques belles images dans Lost : le jeu. Si l'ensemble s'avère très inégal du strict point de vue technique, il en est malheureusement de même pour le reste de la réalisation, c'est à dire également en termes de Game Design pur. Les mécaniques de jeu archaïques nous renvoient aux jeux d'aventure les moins ambitieux des années 90, avec beaucoup d'inutile pour faire le lien entre les passages narratifs. Les flashbacks jouables, dans lesquels il faut trouver quoi photographier pour accéder à la scène de souvenir, sont des passages plus amusants que la majeure partie du reste de l'aventure, exception faite de l'exploration de la station The Swan (où on manipule le fameux ordinateur de la fin du monde), et du passage effectivement flippant dans le Territoire Sombre où circule la fameuse fumée noire... Et c'est triste à dire quand on dispose dans le casting des personnages emblématiques de la série. Car leur représentation dans le jeu, et les interactions qu'on peut avoir avec eux sont simplement ratés, tout comme les dialogues. Kate, Jack, Locke et les autres y perdent presque toute leur personnalité. Reste une poignée de scènes d'action avec un peu de tir, peu convaincant, et deux courses où on devra alterner entre deux boutons (saut et glissade) pour éviter de se faire rattraper ou atteindre à temps sa destination. L'aspect le plus "ludique" de l'ensemble reste les puzzles électriques, des mini-jeux qui demanderont de reconstituer un circuit à l'aide de fusibles (à ramasser partout) agissant plus ou moins sur la tension électrique, pour alimenter à bonne hauteur un nombre variable de voltmètres... Un mini-jeu dont Lost : Les Disparus use et abuse.
Lost avec un L comme léger
Game design, technique, narration... ce ne sont pas les seuls points légers de l'ensemble, puisque la durée de vie, elle-aussi, fait dans le light. 6 heures, 7 grand maximum, en prenant son temps et en explorant bien tout... ce n'est pas un très gros problème en soi puisque le prix du jeu est en-dessous de la moyenne (environ 45 euros), mais la temporalité de l'aventure, elle, est à la rue. Comprendre que non seulement ces 6 heures ne sont pas très intenses (à la différence de celles d'un Portal), mais surtout qu'elles se développent mal par rapport au reste de l'histoire de la série. Survolant de très haut les événements parallèles qui se déroulent pendant les deux premières saisons de Lost, l'aventure de notre amnésique étale sur 7 "épisodes" des actions et une intrigue qui peineraient à remplir un seul épisode de la série. Les mauvaises langues diront qu'il est dans les habitudes de Lost de faire traîner une bribe d'histoire en longueur... certes, mais pour ce qui est du jeu, ça en devient simplement incohérent. Ca ne colle tout simplement pas avec la temporalité de la série.
De la collectionnite à la Colos(t)copie
On l'aura compris Lost : Les Disparus est jeu médiocre. Reste que les fans y découvriront ce que cache le mur magnétique dans The Swan, quelques détails de-ci, de-là, l'architecture de The Flame, etc., au beau milieu d'une île dont la version virtuelle reste bien étriquée. De quoi flatter un minimum la curiosité, malgré tout, à condition d'être désireux d'investir les deux tiers du prix d'un coffret de Lost en DVD, pour un jeu qui a bien moins à offrir. Mais quand on est fan...