En 2009, à la surprise générale, un studio londonien nommé Rocksteady tirait du ghetto des jeux de milieu de gamme (ou pire), celui qui est peut-être le super-héros le plus populaire au monde, en tout cas, le meilleur détective, Batman. Après Batman : Arkham Asylum et son succès aussi bien critique que public, le studio britannique eu pour ambition de laisser un peu plus de liberté à son justicier, avec Batman : Arkham City, et sa citée-prison à parcourir, dans ce qui est à ce jour le meilleur simulateur d'homme chauve-souris, l'un des tous meilleurs jeux de 2011 et assurément l'un des titres les plus mémorables de cette génération de consoles...
Nota bene : ce texte est garanti sans éléments pouvant gâcher l'intrigue !
C'est dans ce contexte qu'on apprenait il y a quelques temps déjà qu'un troisième jeu Batman : Arkham était en préparation, qu'il s'agissait d'un antépisode aux deux titres déjà sortis et que, et c'est là que l'inquiétude pointait chez ceux qui avaient eu l'excellente idée de jouer aux deux Batman de Rocksteady, Warner Bros. Games Montréal devenait en charge du développement de ce nouveau jeu. Non pas que le studio canadien traîne derrière lui une mauvaise réputation (on leur doit le bon portage d'Arkham City sur Wii U), mais tout naturellement on associe la série Batman : Arkham à ceux qui l'ont créée. C'est bien aussi ce qu'ont dû se dire les équipes de Warner Bros. Montréal en décortiquant le géant Arkham : City et en reprenant absolument tout ce qui en a fait un excellent jeu pour livrer leur Batman : Arkham Origins. Au batarang près.
Year Two
"C'est Batman : Arkham City avec une histoire différente", voilà à quoi aurait pu se réduire cette critique, cette phase constituant en effet une réponse parfaite à ceux qui s'interrogeraient sur la qualité de ce Batman : Arkham Origins, se déroulant donc deux ans après que Bruce Wayne ait pour la première fois revêtu sa cape de justicier. Comme toujours dans cette maudite ville, le soleil ne perce pas dans les rues du vieux Gotham enneigé et glacialement venteux, ce qui est somme toute normal car cette nouvelle aventure du milliardaire masqué prend place la nuit de Noël et les psychopathes qu'il fréquente quotidiennement ont décidé de ne pas lui faire de cadeaux. Dans le rôle du Père Fouettard, Black Mask, qui a mis à prix les oreilles du Batou. Huit assassins parmi les plus dangereux du monde sont alors bien décidés à le découper comme une grosse dinde. Si dans les mécanismes du titre, Warner Montréal reprend tout d'Arkham City, il est vraiment réjouissant de constater qu'Arkham Origins reprend aussi avec ce nouveau scénario, l'excellent rythme et l'écriture maîtrisée de son prédécesseur.
Un Noël super bat(h)
L'intrigue est une nouvelle fois très bien ficelée et tient le joueur en haleine tout du long. Les affrontements avec les assassins, pour certains vraiment très épiques et spectaculaires, sont distillés habillement dans une trame pleine de surprises et de clins d'oeil pour les fans. Il y a même une pincée d'humour bienvenue, souvent dans les dialogues avec Alfred, dont on regrettera seulement le physique dénué de tout charisme. Un charisme dont manquent aussi certains des nouveaux vilains mais leur présence permet de laisser au repos les têtes d'affiches de la rogues gallery Batman et d'éviter la redite avec Arkham City, même si bon nombre de méchants très connus sont de retour dans Origins, avec un aspect forcément plus juvénile. On se réjouit aussi que les Canadiens de chez Warner aient basé leur narration sur la façon dont la chauve-souris passe du statut de légende urbaine à légende tout court après deux ans de service nocturne. Parce que l'histoire de Bruce qui devient Batman, on l'a connaît par cœur et Frank Miller et David Mazzucchelli l'ont déjà raconté, leur Batman : Year One ne saurait être surpassé.
Les Nuits Chauve (-souris)
Bagarres en mêlée, éliminations furtives, enquêtes, mais aussi un tas de petites missions annexes, c'est une copie parfaite d'Arkham City que rend Warner Bros. Montréal, à quelques détails près. Déjà, et c'est une excellente chose, les scènes d'investigations sont plus poussées et plus nombreuses qu'avant, avec comme modèle celle très réussie qui consistait à débusquer Deadshot dans le dernier jeu. Même si l'on est très guidé et que ces enquêtes ne demandent pas de réflexion particulière, c'est très agréable que l'aspect détective de Batman ait été mis encore un peu plus en avant. Pour les bastons et les scènes d'infiltration, aucun doute, c'est toujours Batman le plus fort. De nouveaux types d'ennemis font leur apparition, les gadgets, si ce n'est les gants électriques, bien pratiques pour faire le ménage mais heureusement limité dans leur utilisation (ils se déchargent), sont tout simplement une version remaniée des précédents, les grenades de glace devenant grenade de colle, pour un effet absolument similaire. L'aire de jeu est aussi la même, bien que remaniée, pour une disposition nouvelle, avec un nouveau quartier aux grands buildings. On pourra désormais se servir du Batplane pour se déplacer d'un quartier à un autre rapidement (tout ça en cinématiques, eh ouais, c'est Noël, mais on attendra sûrement le titre PS4 et Xbox One de Rocksteady pour faire joujou avec les Batvéhicules), après avoir repris le contrôle de relais piratés par Enigma. La petite déception que l'on peut avoir, si déception il peut y avoir avec un titre de ce calibre, au rythme tellement maîtrisé, c'est celle d'être cantonné à survoler des quartiers où les seuls âmes sont des costauds décidés à vous fracasser... Qu'on aimerait faire un petit saut du côté des grands immeubles aux lumières qui brillent de l'autre côté du rivage... Et ce même s'il y a un tas de choses à faire dans cet Arkham : Origins, qui bénéficie en plus d'un mode multi.
Bande de clowns
Développé par Splash Damage (Brink), le mode multi de ce Batman : Arkham Origins propose des bastons entre bandes du Joker et de Bane, à coups d'armes à feu. Le but, éradiquer l'autre, squatter certaines zones de la map, avec des spécificités selon que l'on joue clowns ou #teamvenin, le Joker et Bane pouvant même être de la partie et incarnés par des joueurs, tout comme Batman et Robin, qui eux devront furtivement (ou pas, mais attention les dégâts) se débarrasser des loubards qui se font face. Trois styles de jeu différents en un en somme pour un mutli qui est amusant quelque soit le personnage que l'on incarne, furtif avec Batman, en alerte constante avec un malfrat de base, en mode bulldozer avec le géant Bane.
L'aventure de ce Batman : Arkham Origins se déroule la nuit de Noël et vous seriez bien inspirés de déjà penser à ajouter ce jeu dans votre liste de ce que vous voulez sous le sapin le 25 décembre au matin. Dans le droite continuité de Batman : Arkam City, Batman : Arkham Origins ne s'en affranchit jamais, ne sort pas des clous, mais peut-on lui reprocher ? Non, car ce qu'il reproduit, il le fait avec brio et parvient avec sa nouvelle intrigue à de nouveau tenir le joueur en haleine et à proposer encore une fois d'être littéralement le goddamn Batman.