Assassin's Creed est une série qui, depuis deux épisodes, semble faire crier certains de ses joueurs. En effet, malgré son succès indéniable, certains fans considèrent que Revelations et Assassin's Creed III n'ont pas su répondre aux attentes. L'un trop redondant et sans réelles avancées dans la méta-histoire, l'autre avec un Connor sans relief et victime de bugs à foison. Alors autant dire que le débarquement d'Assassin's Creed IV Black Flag sur next gen, à peine un an après la sortie du dernier opus, est attendu au tournant. Et son nouveau héros, Edward, le savait...
Next Gen Vs Current Gen
Next gen oblige, il convient de s'attarder avant toute chose sur ce qui fait la spécificité d'Assassin's Creed IV sur les nouvelles machines qui débarqueront à la fin du mois prochain. Si le contenu du jeu est identique sur PS4 et PS3 par exemple, il y a bien des différences majeures d'un point de vue technique entre les deux générations sur ce titre. Mais sans rentrer dans les détails, le plus amusant est de constater que les joueurs qui n'ont pas touché au jeu sur current gen semblent ne pas s'émerveiller de cette version next gen. Pour autant, il suffit de jouer quelques heures sur PS4 et revenir ensuite sur PS3 pour sentir une nette différence en termes de confort. La distance d'affichage n'a rien à voir et la densité des objets qui composent les décors s'en ressent grandement. Bien entendu, la fluidité globale du titre est très impressionnante et fait rougir celle que l'on trouve sur les consoles actuelles. Autre élément important : les couleurs et les effets climatiques sont nettement plus prononcés sur next gen (PS4 dans le cas présent), pour un rendu assez splendide, il faut bien l'avouer. Pour résumer donc, techniquement l'expérience Assassin's Creed IV optimale se trouve bien entendu sur next gen (PS4), mais si vous n'avez jamais vu cette version tourner sous vos yeux, les versions Xbox 360 et PS3 restent suffisantes, comme vous pouvez d'ailleurs le lire dans notre test d'Assassin's Creed IV : Black Flag sur PS3 et Xbox 360.
Un Assassin's Creed comme les autres ?
Si c'est une question qui peut brûler les lèvres des joueurs les moins avertis, les autres auront remarqué dès les premiers trailers d'Assassin's Creed IV que la formule est déjà connue. Ne vous attendez donc pas à une révolution, comme on a essayé de nous la vendre avec ACIII, car Assassin's Creed IV reste un Assassin's Creed classique sur le fond comme sur la forme. Il ne change absolument pas la formule générale mais il la raffine et l'élargit. En effet, il s'agit toujours de suivre des missions scénarisées, de trouver des secrets sur des cartes gigantesques et de combattre des ennemis par dizaines sans être réellement inquiété. Mais ne vous y trompez pas pour autant : Black Flag en a nettement plus dans le pantalon que les précédents volets de la série. D'abord il propose en alternance entre séquences à pied et en bateau parfaitement dosée, qui rafraichit la formule avec brio. Pour être précis, tout dépend de ce que vous faites de votre temps en jeu et des activités que vous affectionnez le plus, mais il y a moyen si vous le désirez de passer plus de 70% de l'aventure sur le navire d'Edward, le Jackdaw. Car précisons-le : c'est la liberté qui prime dans Black Flag, et rien ne vous empêche de vous écarter autant de temps que nécessaire de l'aventure principale pour profiter des dizaines de quêtes annexes disponibles, à terre comme en mer. De plus, jamais l'aire de jeu n'a été aussi vaste dans un Assassin's Creed. Nous sommes en plein dans les Caraïbes et des dizaines d'îles composent ce paradis tropical, des îles sur lesquelles se trouvent toujours des coffres à ouvrir, des trésors à trouver, des fragments d'Animus à collecter, des bouteilles à collectionner, des animaux à chasser, des cartes aux trésors à voler, des ruines Mayas à explorer, des challenges à relever, des missions à débuter, des quêtes annexes à entamer... et j'en passe. C'est simplement surréaliste, le nombre de choses qu'il y a à faire dans ce jeu ! Vous l'aurez compris : en termes de contenu Assassin's Creed IV est l'épisode le plus vaste jamais créé.
Histoire de dire...
Sans vouloir le dénigrer, Edward Kenway est un paysan, un homme situé en bas de l'échelle lorsqu'il a 17 ans. Mais son rêve américain à lui, il le voit aux Caraïbes, en tant que corsaire. 1712 sera pour lui l'année du changement, celle où il partira pour sa destination de rêve. Mais la vie de corsaire (équipage civil armé abilité à combattre pour son état en cas de besoin) n'est pas chose facile, et Edward finira sur une plage, seul survivant de son équipage après une bataille navale contre un navire dirigé par un Assassin... Et c'est là que sa nouvelle vie va réellement débuter, mais sans doute pas comme vous l'imaginiez. Comme je vous le disais plus haut, Edward est un homme d'ambition, à tel point qu'il tranche radicalement avec les autres héros de la saga Assassin's Creed. Il ne vit que pour sa liberté et l'appât du gain. Nous sommes donc loin des beaux préceptes d'Altaïr et d'Ezio, ou pire encore, de Connor. Et c'est en cela qu'Edward est intéressant : c'est avant tout un pirate avide de gloire et de richesses, et son épopée meurtrière va l'amener à réfléchir sur ce qu'il veut devenir et ce pourquoi il combat. J'en vois déjà certains dans le fond qui ricanent en imaginant une histoire un peu plate comme celle de Connor. Pourtant ce ne sera pas le cas avec Edward, car malgré son faciès de pornstar, il a bien un incroyable charisme et il sera tiraillé dans le conflit entre les Assassins et les Templiers tout au long de son périple. Il s'agit donc bien de l'histoire d'un homme, particulièrement bien accompagné par des figures emblématiques de la piraterie du XVIIIième comme Barbe Noire, Anne Bonny et Mary Read, et si elle se révèle plus palpitante que celle d'AC III, elle n'en a pas non plus la portée historique et sa narration n'en est pas meilleure. La vraie différence vient d'Edward, qui est un personnage nettement plus en relief que son petit fils Connor, et qui tanguera durant toute l'aventure entre ses rêves de liberté et un destin à part. Une bonne histoire en définitive, bien racontée, qui dévoile ses secrets sur la longueur et dont les carences seront comblées par des passages à notre époque, façon FPS, histoire de découvrir les origines d'Abstergo et du projet Animus. Assassin's Creed IV fait-il le lien avec la méta-histoire générale ? Oui, mais les révélations n'y mettront pas un point final, car il s'agit bien de découvrir les entrailles contemporaines des Templiers et de leur société de divertissement Abstergo.
À la mer comme à la mer
Si les lenteurs du début d'AC III pouvaient énerver, sachez qu'elles sont corrigées dans ce quatrième volet. Vous êtes libre de flâner dans la Havane au bout d'une quarantaine de minutes de jeu seulement, puis de naviguer où bon vous semble après deux petites heures seulement. La liberté est le maître mot de ce volet, entre navigation et exploration terrestres, on passe d'activité en activité sans le moindre temps de chargement. En mer, vous êtes aux commandes du Jackdaw et vous naviguez sur les flots comme dans Assassin's Creed III, à la différence près que vous pouvez aller où vous le voulez et quand vous le voulez. Vous croisez un galion ? Rien ne vous empêche de le combattre avec vos canons pour l'aborder quand vous l'avez immobilisé. Une île apparait à l'horizon ? Foncez dessus et découvrez la faune et la flore locale, les trésors cachés, les grottes à explorer et la jungle à vider. Pour découvrir toutes les activités disponibles dans une zone de la gigantesque carte, il faudra prendre d'assaut les forts avec le Jackdaw, à coups de canon (en dézinguant les tours) avant d'entrer à pied dans les quartiers du gouverneur local et mettre fin à son règne. Une baleine ou un grand blanc croise votre chemin ? Sautez dans votre barque et partez le chasser au harpon. On peut même farfouiller dans les épaves au milieu des requins à l'aide d'une cloche de plongée (dans certains lieux indiqués sur la carte seulement). Autant de phases de gameplay différentes qui apportent une réelle fraîcheur à la série. Vous souvenez-vous du désert de Red Dead Redmption dans lequel il se passait constamment quelque chose ? Eh bien la mer d'Assassin's Creed IV a été conçue de la même manière, alors autant vous dire qu'il vous faudra beaucoup, beaucoup de temps avant d'en écumer tous les secrets et de venir à bout de toutes les activités proposées. C'est du jamais vu.
Retrouver chaussure à son pied
Rien qu'avec les phases en bateau, il y avait déjà largement de quoi faire un jeu entier, et un bon jeu. Mais ça n'a évidemment pas suffi aux développeurs de ce quatrième volet. On retrouve donc avec plaisir les phases à pied sur les îles (de petite ou moyenne taille), mais aussi à travers plusieurs grandes villes telles que la Havane, Kingstone ou encore Nassau, la mère patrie de la piraterie. Entre les luttes des empires Espagnols et Anglais pour garder la main sur leurs colonies, les contrats d'Assassins et de Templiers, les coffres et les fragments d'Animus à trouver, les missions à terminer, les cartes aux trésors à récolter, les pirates à libérer pour alimenter l'équipage du Jackdaw, les coursiers à intercepter, les renseignements à récolter à l'auberge, les assassinats divers, les vauriens à aider et le plaisir simple de l'exploration, là encore les développeurs ont fait fort en proposant un contenu gargantuesque à pied comme en bateau. A noter une différence significative par rapport aux précédents opus : Assassin's Creed IV propose énormément de missions navales et d'infiltration, et cette fois, ça marche ! Les lieux sont mieux construits et les gardes mieux placés qu'avant. Les planques aussi, et Edward sait parfaitement se fondre dans la végétation, dans les bottes de foin et autres planques de fortune. Les sentinelles réagissent plus logiquement, puisque leurs talents de détection semblent plus affûtés qu'avant (même s'il suffit de se cacher rapidement pour qu'ils vous oublient). Côté combat, Edward hérite des talents de Connor (ou l'inverse, c'est selon) avec notamment des contres dévastateurs. La panoplie d'armes est certes moins large que celle de son petit fils, mais elle reste néanmoins très efficace, allant des pistolets aux épées, en passant par les bombes fumigènes, les traditionnelles lames d'Assassin et les couteaux de lancer. Le rendu de ces combats est à nouveau très spectaculaire, mais comme toujours dans la série sans réel challenge. Ah et puis les caméras ont encore et toujours tendance à se perdre dans les endroits exigus durant ces affrontements, next gen (PS4) ou non. L'occasion de revenir sur un élément qui a déçu avec AC III : les bugs !
Gameplay à perfectionner
Assassin's Creed IV est-il aussi buggé que son aîné ? Pour avoir fait le jeu deux fois sur deux supports différents (PS4 et Xbox 360), je peux vous dire que non. Ouf : oubliez les dédoublements de personnages, les Connor volants et autres bugs délirants, Ubisoft a retenu la leçon. Une bonne nouvelle, même si les défauts récurrents de la série sont, eux, encore bel et bien présents ! De quoi parle-t-on lorsque l'on évoque ces défauts récurrents ? Des caméras qui se perdent dans les décors en combat, des problèmes de collisions dans la foule ou lors des poursuites sur les toits, des personnages qui vous accompagnent lors des filatures et qui passent sous le nez de vos proies sans se faire voir, les cris tonitruants des gardes que vous faites chuter de plusieurs mètres mais qui n'alertent pas pour autant leurs comparses, l'alternance jour/ nuit ultra rapide lorsqu'on passe du jeu à une cinématique, quelques sons qui disparaissent en combat, etc. Il s'agit de petites imperfections déjà vues dans les autres épisodes et qui ont du mal à être corrigées. Mais ces petits défauts récurrents gâchent-ils l'expérience pour autant ? Non, pas vraiment, d'autant qu'on a fini par s'en accommoder, par les détourner. Et puis avouons que malgré cela le confort de jeu est encore meilleur dans cet Assassin's Creed IV, avec des menus et un HUB clairs, un système de déplacement simple et efficace dans la plupart des situations, et bien sûr des batailles toujours aussi jouissives, même si elles ne sont jamais vraiment ardues. Sur terre vous ne serez donc pas perdus, tandis que sur l'eau la jouabilité se révèle souvent excellente, qu'il s'agisse de combattre des navires de guerre ou de les aborder. Notons d'ailleurs que les évolutions d'Edward, au travers de la chasse et du Jackdaw (récolter des denrées sur les navires adverses) sont des passages obligatoires pour augmenter ses compétences et explorer certains lieux en étant au niveau. Il faudra donc passer un peu de temps à grinder, surtout en bateau, pour être à l'aise dans les zones finales du jeu.
Lâchez la meute de loups
C'est désormais la coutume depuis Brotherhood : à chaque épisode de la série Assassin's Creed son mode multijoueurs. Rien de révolutionnaire cette année encore, mais une expérience de plus en plus étoffée. Cette fois, ce ne sont pas moins de 6 modes de jeu qui sont disponibles pour varier les affrontements (qui demeurent basés sur la discrétion et la recherche de sa cible dans la foule). Un concept novateur en 2010 qui reste très original aujourd'hui, pour ne pas dire unique, mais que l'on aurait tout de même apprécié voir se renouveler un peu plus. Néanmoins, les développeurs d'Ubisoft Annecy, en charge de cette partie, nous proposent clairement ici la meilleure version de ce jeu dans le jeu. Les affrontements sont plus équilibrés, la montée en puissance (au travers d'outils pour tuer ses ennemis) et la customisation toujours renforcées, tout comme le fameux GameLab, qui permet de modifier jusqu'à 200 paramètres des modes de jeux classiques pour créer ses propres rixes entre joueurs de bonnes compagnie. Enfin, le mode Wolfpack (coopération entre joueurs contre des I.A évolutives) revient lui aussi pour relever en équipe des challenges scénarisés toujours plus corsés. Pour faire simple donc : l'expérience est encore meilleure et assure de nombreuses heures de jeu hors du solo, qui compte déjà lui-même une bonne quarantaine d'heures pour être bouclé comme il se doit.
Alors qu'AC III s'annonçait comme l'épisode du renouveau de la saga, c'est finalement Assassin's Creed IV qui le sera. Pour autant, il ne révolutionne pas la série et n'est pas non plus radicalement différent de ses prédécesseurs, mais il représente l'expérience la mieux fichue, la plus complète et la plus fraîche qu'il nous ait été donné de voir dans la série depuis plusieurs années. Les séquences en bateau soufflent un véritable vent de fraicheur sur cet opus impressionnant techniquement, extrêmement vaste et particulièrement envoûtant de par son contexte historique, la partie du monde qu'il met en valeur et son héros, qui sort des sentiers battus. Comme dit plus haut, Edward savait bien qu'on l'attendait au tournant, et sans réellement transformer la formule mais en l'étoffant intelligemment, il a su nous surprendre. Bref, si vous aimez Assassin's Creed de manière générale, sachez que cet opus est définitivement un incontournable. Si en revanche vous n'en pouvez plus des différentes imperfections récurrentes de cette saga, soyez certains qu'Assassin's Creed IV : Black Flag ne sera pas l'épisode qui va vous réconcilier avec elle.