Au moment où j'ai lu le pitch de Crackdown (à savoir l'histoire d'un super-flic génétiquement modifié qui doit défendre la ville de plusieurs gangs qui ont pris le pouvoir), j'ai eu peur. Mais bon, il paraît que dans mon métier il ne faut pas avoir d'a priori, alors j'ai lancé le jeu, un peu en apnée quand même. Dès l'intro, on a l'impression de regarder un film de série B qui se prendrait au sérieux, genre Universal Soldier... mais en pire. Tout commence par le choix du look de votre perso, et ça laisse déjà pantois. C'est un peu le cyberpunk du pauvre. Grosso modo, ça va du punk au gars super piercé avec un tatouage maori sur le visage. Vu le charisme des personnages, on a presque envie d'éteindre la console. Ensuite, dans le QG de l'agence qui paye votre salaire de super-fonctionnaire, on a droit à un simili-briefing lu part un type qui explique que, vraiment, c'est trop le boxon partout, que les racailles ont pris le dessus sur la police, que vous seul pouvez régler la situation, mais qu'avec vos supers aptitudes de saut, de force, de visée, de conduite et de maniement de grenade, ça devrait pouvoir le faire. Hop, c'est là qu'on vous refile une bagnole au choix (camion, 4x4 ou sportive) et c'est parti mon kiki.

On va vous débarrasser de la racaille

A partir de là, il ne se passe rien ou presque, je pourrais presque m'arrêter d'écrire. C'est simple, on se balade dans une ville tellement chaotique que Mad Max à côté, c'est La petite maison dans la prairie. Etant donné que l'environnement est entièrement ouvert, façon GTA, on chope une voiture ou on marche en attendant que le QG nous contacte pour dire qu'un lieutenant du chef de gang est dans le coin. On l'élimine (son terrier étant incroyablement bien gardé, on tue au passage des sbires par douzaines), on passe au suivant et ainsi de suite, jusqu'à ce que le dernier soit décédé et qu'on aille enfin trouver le parrain. On s'attaque ensuite au gang suivant, qui a installé ses quartiers dans un autre coin de la ville, et ainsi de suite. C'est tout. Le plus fort, c'est que même l'approche pour tuer les boss est toujours la même. Enfin il y a quelques missions annexes qui consistent à se tirer la bourre en voiture, ou même à pied sur les toits des immeubles, ce qui ne sert à rien si ce n'est gonfler les capacités de notre super-keuf. Parce que les caractéristiques du bonhomme ne sont pas figées : elles évoluent en fonction de ce que l'on fait. Plus on tire sur les ennemis et plus on gagne des points de visée, ce qui a terme permet de gagner un niveau de précision. Pareil pour le corps à corps, le lancer de grenade, la dextérité au volant ou encore l'agilité... Un levelling tellement anecdotique qu'on n'y prête à peine attention en fin de compte.

C'est beau mais...

Côté technique, c'est certes beau, mais le design est d'un tel mauvais goût que ça gâche tout. Matez les photos et vous comprendrez. Ajoutez à cela une I.A. des ennemis programmée par un stagiaire, un système de visée complètement bancal, une bande son nullissime dont il ne vaut mieux ne pas parler, ainsi qu'une gestion de l'énergie simpliste (l'armure se régénère entièrement au bout de quelques secondes d'inactivité) et vous obtenez un Matrix au pays de GTA, ennuyeux et répétitif, sans scénario et sans gameplay valable, qui ne provoque aucun moment d'excitation manette en mains. Quant au mode en ligne, on remarque que la campagne solo peut être entièrement faite en coopération, mais contrairement à un Gears of War, par exemple, on ne peut pas rejoindre une partie en cours... ce qui est très énervant. En définitive, voilà le genre de jeu que l'on emprunte à un pote le temps d'une journée, pour se défouler un bon coup.

Note : Peter Moore me fait savoir à l'instant par SMS que le jeu contiendra un "coupon" permettant d'accéder à la bêta de Halo 3 (qui commence au printemps). Ca fera au moins un bonne raison d'acheter le jeu, mais juste une alors...