Plébiscité outre-Atlantique avec un million de ventes dès sa première semaine de commercialisation, Madden NFL 25 est sorti en France dans la confidentialité la plus totale. Un manque de reconnaissance justifié, tant la ligne éditoriale défendue par EA Sports commence à lasser ses fans de la première heure... Pourquoi repasser à la caisse pour une version à peine retouchée et surtout sous-exploitée, en raison de la prochaine arrivée de la Next-Gen ? Toute une problématique et peu d'arguments au bout du compte...
Pour apprécier tout ce que le football américain recouvre, il suffit d'admettre une bonne fois pour toutes qu'il est, de tous les sports jamais imaginés, le plus complexe à comprendre. Avec seulement 22.500 licenciés, on a vite fait de saisir que la France n'est pas un pays conçu pour cette discipline terriblement exigeante. Pour les plus doués, le salut passe donc par l'exil... ou le canapé. Car la série des Madden NFL leur offre une simulation immersive et toujours plus complète, avec des modes de jeu à foison et des possibilités de gameplay aussi riches que les propriétaires des franchises. Il faut dire qu'en un quart de siècle, et sans concurrence notable, Electronic Arts a eu le temps d'affiner sa formule. Trop, peut-être, car l'orientation des derniers volets tend à prendre les joueurs pour des vaches à lait. Des propos durs à entendre pour un éditeur qui ajoute toujours une ou plusieurs features par opus, dans sa quête constante de réalisme. Et qui ne peut de toute façon pas révolutionner un concept bien rodé. Pour sa défense, le plaisir de l'habitude est souvent plus doux que celui de la nouveauté. Mais faut pas pousser le bouchon trop loin, John !
Madden/FIFA, même combat ?
Soulevons d'ailleurs un lièvre immédiatement. Si au niveau de la nomenclature, Madden NFL est subitement passé du 13 au 25, la version sortie à la fin du mois d'août n'en est pas pour autant deux fois supérieure à son prédécesseur. Loin de là, bien malheureusement. Seule la loi du marketing a régi cette bafouille esthétique, la licence fêtant son 25e anniversaire depuis le premier John Madden Football, paru sur Apple II. C'est d'ailleurs, et là repose tout le problème, le changement le plus significatif dans cet opus. Car une fois la galette insérée, on arrive très vite en terrain connu alors que cette discipline est appréciée pour son caractère imprévisible. Son sens du show. Son incarnation de l'American Way of Life. Plusieurs facteurs X viennent en effet animer une saison dans laquelle 32 franchises partent quasiment sur un même pied d'égalité. Ainsi, les chances de voir les Ravens conserver leur titre sont largement plus minces que celles du PSG de réaliser le doublé d'ici le mois de mai. D'ailleurs, en parlant ballon, on est bien obligés d'effectuer le parallèle entre ce titre et le prochain FIFA. Deux jeux qui se reposent sur leurs lauriers en attendant la nouvelle génération de consoles. Deux jeux édités par EA Sports. Et voilà que NHL vient pointer le bout de sa crosse...
A quand NFL Manager ?
Il est en effet plus facile de compter les petites innovations que de décrypter les schémas tactiques inhérents au foot US. Quaterbacks, running backs et receveurs bénéficient désormais d'une trentaine de mouvements supplémentaires (esquives, feintes, pivots) pour déchirer le rideau adverse. Un système de contrôle amélioré, donnant plus de liberté et de créativité au porteur du ballon. Ce qui rend la balance attaque-défense toujours aussi déséquilibrée, surtout lorsqu'on axe sa stratégie sur les déplacements, comme le veut la tendance du moment. Il est juste dommageable que le moteur graphique, l'Infinty Engine 2, ne soit pas à la hauteur de cette nouvelle physique de course avec son lot habituel de bugs et son manque d'animation autour du terrain. Nul doute que son hériter, l'Ignite, utilisé sur les versions Xbox One et PS4, donnera une autre ampleur, une autre profondeur, à cette expérience de jeu. Le nouveau mode «Owner», permettant de prendre le contrôle total de sa franchise, aurait pu dissiper ma défiance. Je dis bien "aurait pu", car les menus sont tellement fouillis que l'on perd un temps monstre à naviguer entre les modes. D'autant qu'il est possible d'être à la fois le patron d'une équipe, l'entraîneur d'une deuxième et le leader technique d'une autre. Pour une fois qu'EA a voulu trop en mettre, le voilà mal récompensé. Pourtant, la promesse était belle (gestion des transferts, des entraînements, des médias et du merchandising), mais elle mérite d'être retouchée pour apporter une vraie plus-value. Après tout, Football Manager ne s'est pas construit en un jour...