Devenu grand à force de poignets tranchés (les siens ou ceux des autres) et de vannes bien (dé)placées, l'insupportable ou / et hilarant Deadpool, c'est au choix, est désormais assez estimé pour avoir son propre jeu sur console, développé par High Moon Studios, dans ce hangar californien que j'ai déjà visité avec l'ami Mimic et où sont nés les derniers jeux Transformers. Mais s'il est vrai que le mercenaire a dans cette adaptation toujours sa grande gueule, en jeu, il m'a surtout bien cassé les cou$#les.
Et pourtant, dans ce jeu édité par Activision, la première rencontre avec ce déglingo de Wade Wilson est plutôt engageante, originale en tout cas, le psychopathe nous recevant dans son appart dégueu, au moment de feuilleter le script que lui a fourni High Moon pour les quelques heures que l'on va passer avec lui. Ou pas. Car une fois franchie la porte de la maison, tout devient moins marrant.
T'es sûr que tu veux sortir ?
Parce qu'encore une fois, entre un quatrième mur atomisé comme la cervelle d'un festivalier au mois de juin et un humour super potache, l'appart de l'ex-membre de X-Force est en terme de folie aussi cosy que celui de Travis Touchdown dans No More Heroes. Bien plus crade aussi, avec une baignoire remplie d'eau bien trouble et un chien dont la relation entretenue avec Deadpool l'est tout autant. On surfe sur le Web avec le bruit du modem 56k en se connectant et on complète gentiment notre collection de trophées aux intitulés plus absurdes les uns que les autres, en espérant que le titre, à la façon d'une production Suda51, s'il ne sera pas exempt de défauts, fourmillera d'idées...
Pool !
Mais malheureusement, le one-man show schyzophrène de Deadpool, s'il est excellent dans cette VO remarquable sous-titrée en français, avec ces voix qui parlent dans sa tête, ses chorégraphies stupides, ses insultes tantôt aux ennemis, au joueur ou au studio de dev', ne représente qu'un cache misère face à une production ultra générique, s'inspirant vaguement des barons du BTA pour proposer un titre plus-répétitif-et-sans-élan-tu-meurs. Pas besoin de vous dresser un pitch, vous le connaissez déjà par coeur, c'est celui classique du nanar de jeu vidéo, si on peut dire. On progressera dans des environnements aussi inhabituels que des labos, des égouts aux gros conduits d'aération, bref, toujours des couloirs, afin de dézinguer des ennemis tout gris par pack de six, dont le nombre gonfle proportionnellement à la progression. Bref, au bout de 20 minutes, on s'ennuie. Et ce n'est pas les mécaniques de jeu d'une grande imprécision qui permettent de gratter un peu de plaisir là où il y en a. Au corps à corps, Deadpool taillade bien entendu à tout va avec ses sabres mais le tueur à gages manie aussi les flingues pour les ennemis à distance. Il peut également se téléporter sur de courtes distances, surtout afin d'esquiver. Parce que même avec son facteur auto-gérisseur, et pour une fois ça se justifie dans un jeu vidéo, dès le monde normal, le niveau est assez relevé. Heureusement, on débloquera de nouvelles armes et on augmentera sa dose de munitions, sa santé, etc. Une façon comme une autre d'allonger une durée de vie se situant autour d'une grosse aprèm' (environ 7 heures de jeu). Mais pourquoi gâcher comme moi un dimanche ensoleillé pour jouer à un titre avec si peu d'envergure ? Moi, je suis payé pour le faire, mais vous, c'est le jeu que vous payez. Eh ouais, c'est à vous que je pense quand j'écris.