Finalement on pourrait croire que c'est facile de faire un bon jeu d'aventure. Le plus dur, c'est de trouver le scénario, non ? Les énigmes, les puzzles, les manipulations d'inventaire, c'est toujours la même chose, non ? Eh ben non, comme le montre The Night of the Rabbit, le nouveau Daedalic (Edna & Harvey, Deponia...) C'est véritablement une alchimie très fragile.
Un chapeau haut de forme ne fait pas le magicien. Il faut aussi une baguette noire et blanche, et si possible, un professeur. Jerry Hazelnut trouve tout cela un soir d'été, deux jours avant la rentrée, après une petite initiation révélée dans une lettre magique venue voleter jusqu'à sa poche. Les accessoires sont ceux d'un certain Zardoff, mais le maître sera le Marquis de Hoto, un grand lapin magicien qui semble avoir besoin de Jerry pour bien plus qu'un simple apprentissage. Il l'emmène dans un monde parallèle fantastique dans lequel Jerry a la taille d'une souris. Ou d'un écureuil. Ou bien encore d'un hérisson... En tout cas plus petit qu'un corbeau. Bref, ce sont là tous les habitants de ce conte de fées, et la plupart vivent à Mousewood, une petite ville aux nombreux problèmes. Jerry devra en régler des basiques, des moyens et des complexes, afin de gagner ses premiers galons de magicien.
Petits, mais costauds
Une grosse partie de l'aventure se déroule dans Mousewood et ses environs immédiats. Il existe trois quêtes parallèles pour le premier chapitre de l'histoire (préparer la fête d'initiation), puis d'autres missions vous attendent. Il faut imaginer que de nombreux éléments liés à des puzzles plus tardifs sont présents dès le début du jeu, qui se complexifie d'ailleurs plus tard, avec la possibilité de permuter entre le jour et la nuit. L'inventaire est assez vite chargé, et dans la confusion générale, la moindre petite difficulté prend des proportions inquiétantes. The Night of the Rabbit est donc bien corsé. Vraiment. Surtout que les descriptions et les dialogues se montrent assez chiches en indices, même subtils. On se sent rapidement une situation identique à celle de Jerry : perdu dans un monde qui nous dépasse. Heureusement, on a inventé l'Internet, outil fabuleux qui permet d'appeler à l'aide quand le désespoir nous envahit (et même avant, préventivement)
Je sais que c'est pas vrai, mais j'ai 12 ans
Autre souci plus léger : le héros et l'ambiance conte de fées semblent destiner The Night of the Rabbit à un public jeune. Vu la difficulté, ce n'est pas le cas. De plus, pour nous autres, il faudra parler la langue de Lewiss Caroll, car les sous-titres en français sont tout bonnement à la ramasse. Merci pour l'effort, mais hum, non, merci. A l'inverse, l'histoire n'est pas non plus dirigée vers à un public mature, mais elle est agréable à découvrir et promet déjà des suites intéressantes. Avec cette nouvelle licence, Daedalic frappe un grand coup de pinceau côté graphismes. C'est très joli, mais animé encore trop sommairement. Qu'on continue à donner de l'argent à ces gens, et bientôt ça sera parfait ! Enfin, notons la présence de mini-jeux optionnels. Il faut par exemple trouver des petites perles de pluie dans le décor et les collectionner. Mais c'est surtout le jeu de cartes qui attire l'attention. Malheureusement, cette variante du jeu des 7 familles simplifiée me semble trop aléatoire pour ne pas se révéler frustrante à la longue.
Petit soucis d'équilibrage donc, pour The Night of Rabbit. On peste et on tourne en rond sans grand espoir de s'en sortir seul. Dans un univers magique où la logique est malmenée, il aurait fallu être un peu plus sympa avec les puzzles proposés. Mais l'histoire et toute l'ambiance rattrapent tellement la frustration qu'on ne peut pas ne pas conseiller ce point'n click. Je ne serais pas fâché de retrouver l'humour débile de Deponia cela dit.