Comme si tout ce que touchait Walking Dead se transformait en or. Un comics puis une série. Un jeu fantastique aussi. Sitôt fini, voilà déjà la relève.
Après plusieurs années de lectures de Walking Dead, je me suis rendu compte qu'une des forces de ces personnages face à une situation qui les dépasse, c'est le nombre d'entrées possibles. N'importe qui peut y accéder facilement, c'est "newbie friendly". C'est si intelligemment imaginé que chacun trouvera sa propre manière de rentrer dans le récit et de l'apprécier. Ceux qui n'ont jamais ouvert le comics ont pu rentrer dans cette course à la survie grâce à la série TV (vraiment moins intéressante, que les choses soient claires). Puis il y a eu le miracle Telltale, un jeu tout en épisodes qui avait tout compris de ce qui faisait l'intérêt de l'oeuvre originale. Même la bédé peut se lire de tellement de manières différentes. La seule offre en France, c'est le bouquin classique de 132 pages, tandis qu'aux Etats-Unis, on peut trouver d'énormes pavés, les mythiques compendiums de 1000 pages, à s'avaler comme un coup de poing. Pour ma part je continue avec le rythme de parution mensuel, la vingtaine de pages qui ont la classe de balancer un cliffhanger toutes les quatre semaines. Tous ces moyens sont tout aussi valables les uns que les autres. Donc inutile de s'étonner que Walking Dead devient aujourd'hui un jeu de stratégie en temps réel.
50 Shades of Dead
Le désespoir d'une vie vouée à la survie, la découverte d'un endroit apparemment calme, puis en fin de compte, tout n'est pas si facile ; s'ensuivent trahison et choix difficiles à faire. Puis, un nouveau départ avec l'espoir vain de trouver un havre de paix. Tel est le schéma de tous les arcs narratifs de Walking Dead depuis le début. Pourtant, sans respecter cette règle à la lettre, Assault réussit à rester fidèle à l'univers : le STR a opté pour les personnages originaux de la bédé et des situations très similaires. La fidélité est poussée à tel point que la direction artistique va puiser dans les teintes de gris du début du comics, utilisant sporadiquement des touches de vert, de jaune et de bleu pour indiquer les objets. Et des litres de rouge pour le sang. Mais dans l'approche graphique, c'est encore plus fidèle que le jeu de Telltale, onomatopées incluses.
DeadCraft
Alors que les rencontres avec les zombies sont finalement assez rares dans le comics, préférant laisser les humains se dépatouiller entre eux, Assault assure niveau body count. Il faut généralement traverser tout le niveau et le vider de tous les walkers qui traînent. Alertés, ils débouleront telle une horde. Il faudra alors tenir ou fuir. Chaque personnage a sa propre technique secrète qui se recharge avec le temps. Maxi headshots pendant 15 secondes, rechargement rapide, invisibilité, il ne manque plus que les zergs et les protos et c'est une boucherie.
Il y a quand même des humains dans ces villes toutes grises, systématiquement des ennemis. Et la meilleure manière de s'en débarrasser, c'est d'attirer les walkers sur les autres humains. Même si le mot clef de cette adaptation est "Assault", il ne faut pas avancer comme un bourrin pour autant, mais plutôt réfléchir à des manières d'attirer les zombies pour mieux les zigouiller. Le klaxon d'une voiture est pas mal, mais un cadavre de biche peut aussi faire l'affaire.
Michonne FTW
On peut mettre jusqu'à 4 personnages dans son escouade. Dix au total, la puissante Michonne incluse. La Christine Taubira du katana est logiquement très puissante, la numéro 10 de ma team, mais ne se débloque qu'à la fin ou, la solution de riche, en se payant l'intégrale des équipements et des missions d'un coup. Ne faites pas ça, l'offre de base suffit. Pour quelques euros, on en prend pour plus de dix missions en plusieurs niveaux de difficultés. Deux chapitres couvrant la suite du comics seront disponibles, "coming soon" sans plus de précisions. Mais il y a un petit détail que je trouve assez touchant dans ce jeu qui aurait pu être bâclé parce que, hé, finalement, "ça se vendra quand même". Ce détail c'est le choix des personnages. Dans les jeux "bac à sable" à la Red Dead Redemption, il n'y a jamais un seul gamin dans la rue, histoire de ne tenter aucun sniper. Walking Dead Assault, lui, ne se gêne pas et propose d'incarner non seulement Lori, la femme de Rick, mais aussi son fils, le pauvre petit Carl. Et un jeu, si modeste soit-il, qui permet d'incarner un gosse dans une situation aussi atroce, a toute ma sympathie.
Je déteste parler de prix tant les conventions ont changé mais le fait est que la moitié du prix d'un comics en import, 2,69 euros, c'est une broutille. En général, le scénario dans les jeux de stratégie en temps réel, je zappe. Terran, Zerg et compagnie ont beau faire, ils m'en touchent une sans faire bouger l'autre. Walking Dead Assault est différent. Zéro histoire car on la connait, il n'y a là que mécanique et ambiance. Où comment un jeu de stratégie en temps réel avec l'air de ne pas y toucher, a aussi compris "le truc" qui fait que la série fonctionne. Quand j'apprends qu'un numéro vient d'arriver chez mon marchand de comics, je me fais une ou deux missions pour me mettre dans l'ambiance, le temps de quelques stations de métro. L'endroit idéal pour se jeter à corps perdu dans une horde de zombies affamés. Et se battre comme quelqu'un qui a abandonné tout espoir de vie, pour finalement survivre quand même.