La mission de Ken's Rage 2, Shin Hokuto Musô comme on dit au Japon, est simple : sauver l'honneur et faire oublier le premier épisode.
Test réalisé à partir d'une version import japonais aimablement prêtée par Trader.
Se faire la main sur les jeux imports avant de recevoir un produit bien français, boîte, DVD et notice, m'expose parfois à une vague d'amertume. Comment annoncer aux fans que le graal tant attendu, attisé par les images, les vidéos ou l'idée même du jeu, ne sera peut-être pas à la hauteur de leurs attentes ? Personne aujourd'hui ne songe à défendre le premier Ken's Rage, mal conçu, trop vite et sans doute dans de mauvaises conditions. Il avait beau être laid, d'un vide parfois consternant, je m'étais pris une volée de bois vert par des fans du Hokuto, sans doute incrédules. Et je les comprends : comment Tecmo Koei pouvait-il manquer l'immanquable, le croisement logique de Dynasty Warriors, avec ces généraux chinois, et de Ken, le messie avec des couilles ? Impensable.
"Ce test malhonnête"
Je me suis replongé par pure nostalgie dans un de mes vieux articles sur le premier, et plus spécifiquement les commentaires. Rimk16 écrivait alors "le testeur est un mauvais testeur. Dire dans les moin: "souvent vide", sa me fait trop marrer, dans le mangas c'est pareil, les decor son vide, les village detruit ect... ce mec connait pas du tout le mangas, sa se voit" (sic). Bim, uppercut. Continuons. Cromunlimited ajoutait "TEST TOTALEMENT BIDON et TRES SUBJECTIFS! On vois bien que vous cherchez tout les details pour cassez le jeux" (sic). Il poussait l'analyse de la critique : "KEN se deplace comme 1 robot quant il porte 1 missile: Le missile fais 3 tonnes donc c'est bien normal qu'il se deplace moins vite et qu'il soit moins souple" (sic). Ipso facto. On se voit accusé d'avoir sorti son Hokuto de boucher alors que mon rôle n'a été que celui d'une vigie déçue. Une fois les gens prévenus, il n'y a plus qu'à se moquer de ses amis qui ont acheté le couteux premium pack pour un réveil tout pourri qui fait un "atatata" assez cheapos. D'ailleurs je ne m'y ferai jamais, à la nouvelle voix de Ken, changée pour un comédien plus jeune.
La rage au ventre
Fort heureusement, pas de procès en sorcellerie en vue, puisque Shin Hokuto Musô corrige les plus gros défauts, disons les plus énervants, de son prédécesseur. Plutôt que de coller un 2 au titre, le préfixe Shin annonce la couleur : "véritable" en japonais, l'air de dire c'est vraiment le jeu qu'on voulait faire. Et c'est plus que du détail : tout ou presque a été amélioré. Bien entendu, c'est un peu plus beau, les décors donnent beaucoup plus la sensation (trompeuse mais sympathique) d'être dégommé. Même les punks ont l'air moins débiles et ont cessé leur saut débile sur place. Il y a encore quelques séquences où l'on porte des missiles mais c'est un peu moins la honte. Voilà, je me suis défaussé de la partie technique, j'ai envie de parler de la subtilité dans le dégommage de faciès.
Le chaos des esprits
La "hit-box" de Ken, autrefois extrêmement limitée a été énormément agrandie "For Massive Damage". Dans le monde de Dynasty Warriors, ça veut dire démultiplier les mandales pour défoncer les ennemis par grappes de 30 au lieu de faire du touche-touche un peu ridicule sur 5 punks. A cet égard, le compteur de combo a fait un bond vers la tolérance pour atteindre des délires comme ceux de Sengoku Basara. Et c'est vraiment dans ce genre de direction qu'un jeu "Ken" devrait se diriger. Plus pêchu, plus speed aussi, ce qui lui permet de traverser des décors, certes toujours un peu creux, mais plus rapidement. Oh ! Un dash pas trop inutile. Ouf : C'est plus qu'une mise à jour, Omega Force a vraiment repensé le confort de jeu.
Contre les fous, les bandits (répèt)
Il y a forcément deux fois plus de persos, mais dans ce genre de jeux à licence (coucou les 7 versions de Son Gokû), c'est plus leur nombre qui compte que leur identité ou leur langage corporel. Le distingo entre combattants du Hokuto de vison et du Nanto de fourrure est un peu plus subtil qu'il y a deux ans. Rei est toujours aussi speed tandis que Toki (mon préféré), le yogi du Hokuto suisse, est un peu moins apathique qu'avant. Et puis il fallait donner du bifteck aux fans, autre chose que des goodies, des mini-art books et des clefs USB à l'effigie de Ken dans un coffret overpriced. Ils auront donc la deuxième partie de la saga, souvent oubliée car considérée à tort comme moins pertinente. Bart et Lynn, devenus adultes, prennent la tête de l'armée du Hokuto contre le néo-dictateur Jakoh. Et autant de missions en plus dans la besace.
"Hostel Chinois"
Mais le plus surprenant, c'est que Ken's Rage 2 adapte presque en bonus le tout dernier segment de Hokuto no Ken (attention spoiler d'un manga terminé depuis 25 ans), quand Bart se sacrifie à la place de Ken, se scarifie lui-même pour ensuite se faire torturer à mort. C'est assez inhabituel que ce chapitre soit adapté dans quelque format que ce soit à cause de sa terrifiante violence. Bon, il va falloir se retaper tous les événements de la saga, en finir à nouveau avec Raoh et toute la clique des Hokuto de cuisine, c'est le prix à payer pour avoir des tronches inédites à défigurer.
Du statut de jeu difficilement défendable de l'ère des consoles HD, Shin Hokuto Musô laisse parler sa rage et arrive à se hisser au rang des fan-games corrects. Maintenant que le mariage entre Dynasty Warriors et Ken en arrive à ses noces de cuir, qu'on sait comment ces deux univers s'entrechoquent, j'avoue que j'aurais donné cher pour voir ce que des mecs comme PlatinumGames auraient fait d'un matériel aussi riche que Ken le Survivant. Ken's Rage 2 n'est peut-être pas le brawler fou qu'il mériterait d'être mais il campe la niche des jeux de baston massive qui mélangent explosions de membres et éviscérations.