Je ne suis pas un joueur de jeux de course. En général, ça me gonfle, à l'exception de deux licences toutes particulières : Mario Kart... et WipEout. Sur le line-up de sortie de la PS Vita, je ne suis du coup pas loin de penser que WipEout 2048 est probablement le meilleur titre. Non seulement parce qu'en lui-même il est plutôt très réussi, mais aussi et surtout parce que son genre se prête tout particulièrement au jeu nomade, comme à la démo technique qu'on attend tous quand une nouvelle console vient de sortir.
Testé à partir d'une version import japonaise.
On a tous eu un DVD spécial "plein ta gueule" (ou plus récemment un Blu-ray) pour impressionner les copaings pas encore équipés. Sur PS Vita, ce sera WipEout 2048. Sauf que si le DVD spécial "plein ta gueule" est bien souvent celui d'un film qui pète mais qui reste classable en nanard, ce ne sera pas le cas de ce WipEout, loin de là, qui offre un fond tout aussi réussi que sa forme...
2048, première saison
Depuis son premier épisode sur PSone en 1995 jusqu'à aujourd'hui, sur PS Vita, je n'ai raté aucun épisode de cette mythique série de course futuriste. Qu'il s'agisse des 3 volets cultes de la PlayStation, de leurs adaptations sur Saturn ou même N64 (hé oui, il fut un temps où ce n'était pas une exclu Sony), jusqu'aux superbes itérations PSP et PS3, je n'ai jamais été déçu. Et ce n'est pas ce dernier épisode, qui retourne aux origines de ce sport mécanique imaginaire, qui changera la donne. En faisant le choix de placer l'action dans un futur antérieur au tout premier épisode sur PSone, les développeurs se sont ouverts à des possibilités alléchantes. Les vaisseaux de l'époque produisent des bruits plus puissants (à la manière des Pods de Star Wars), puisqu'ils sont technologiquement moins avancés, les circuits font un usage plus intensif d'une architecture urbaine plus proche de nous, plus riche en textures, en publicités, en néons, et en raccourcis, les superbes morceaux des origines (de Prodigy à Chemical Brothers, en passant par Orbital et compagnie) font leur retour dans des versions remixées, aux côtés de quelques tracks lorgnant plus vers le Dubstep... bref, le coup de la préquelle marche à merveille, rafraîchissant l'ensemble tout en apportant une petite touche de backstory agréable pour les fans. En solo, je me lance donc dans cette toute première saison, en 2048, et retrouve avec délectation une grille d'épreuves variées à débloquer, des courses classiques, au épreuves de combat (on score en touchant les adversaires et non en franchissant avant eux la ligne d'arrivée), en passant par les contre-la-montre, ou encore les splendides épreuves de Zone, qui sont encore plus psychédéliques et trippantes que dans WipEout HD (et pourront vous emmener au-delà de la classe A+, en classe Mach, passé la zone 40)... On retrouve donc ce feeling unique à la série, tout en jouant un épisode qui se permet quelques fantaisies, tantôt en clin d'oeil, tantôt en innovations, et ça marche à fond.
2049, on grimpe au classement
Si cette première saison de courses permet de renouer avec les bases, elle n'offrira guère de difficulté aux amateurs. Une véritable promenade de santé, même, à moins de convoiter l'Or sur chaque épreuve plutôt que la simple réussite... et encore. On s'inquiète alors un peu d'une accessibilité qui aurait fait le sacrifice du challenge de pilotage si intimement lié au plaisir de la licence. Mais, en commençant la seconde saison, les choses deviennent plus intéressantes. Les circuits deviennent plus audacieux, tout en restant plus larges que dans les précédents épisodes, et c'est tant mieux : en offrant nettement plus d'embranchements, et en séparant les dalles de bonus en deux types (défense et attaque), on commence à mesurer et à intégrer la nécessité d'une composante plus stratégique dans les épreuves Combat et Course. Il faut plus souvent choisir une trajectoire différente en fonction de l'épreuve, mais aussi de sa situation dans la course, plutôt que de se contenter des tours parfaits, et en accumulant de l'expérience, en débloquant quelques épreuves secrètes, et de nouveaux vaisseaux de catégories différentes dans chaque écurie (vitesse, maniabilité, combat, et même prototypes), on prend conscience des subtiles innovations introduites pour cet épisode. L'IA, au début conciliante, devient vite particulièrement agressive et impressionnante. Son utilisation des armes (classiques de la série) devient vite optimale, et la bataille pour la première place se complique. Fort heureusement pour les débutants, inutile de finir premier pour progresser : non seulement les épreuves de la grille se débloquent si on complète des objectifs moins ambitieux que la première marche du podium, mais si d'aventure on n'y arrivait pas non plus ainsi, au bout de trois échecs on peut tout de même avancer. Les pilotes du dimanche auront même accès à trois niveaux d'aide au pilotage : de rien, à extrême, en passant par normal. Je ne saurai évidemment trop conseiller de couper toute assistance dès le départ, puisque c'est le seul moyen d'intégrer cette inertie magique des vaisseaux et donc l'anticipation nécessaire aux meilleurs pilotes, mais aussi parce que le niveau "extrême", en empêchant de heurter les rebords de la piste, perturbe souvent les réflexes. De même, sur les modes de contrôle, pensez à vous mettre tout de suite en mode "WipEout" (aérofreins séparés sur chaque bouton de tranche, contrôles classiques) pour une meilleure finesse de pilotage, les modes "course" (aérofreins unifiés sur le bouton carré et accélération/freinage sur les tranches) et "Toucher & Incliner" (contrôles au gyroscope, accélération au panneau tactile arrière) fonctionnant très bien, mais n'offrant pas la même précision.
2050, les choses sérieuses commencent
Il faudra malheureusement attendre la troisième et dernière saison de 20 épreuves (total 60, hors épreuves secrètes et time-attack continus par circuit débloqué, il y en a 10 spécifiques à cette version) pour commencer à galérer (le duel contre le vaisseau vitesse Pirhana !). Ceci étant dit, ce n'est rien d'insurmontable, mais sans consacrer le temps nécessaire au choix du vaisseau le plus approprié (en fonction de ses stats de vitesse, stabilité, énergie et puissance de feu) et surtout à l'apprentissage parfait des tracés pour une anticipation optimale, vous ne pourrez en aucun cas décrocher l'or. Côté solo, les pros de la piste magnétique n'auront donc guère de quoi assouvir véritablement leur soif de défi avant d'approcher la fin de la campagne, en dehors de ceux que représenteront leurs propres temps sur les circuits en time attack. En finissant ces trois saisons, et en atteignant un certain niveau d'XP (lesquels sont obtenus en fonction des performances, avec des bonus pour les manoeuvres spéciales réussies telles que tonneaux et déplacements latéraux, ou les enfilades d'accélérateurs, tours parfaits, etc.), on débloque des épreuves secrètes. D'une manière générale, les amateurs de course pure constateront, peut-être amèrement, que cet épisode joue un tantinet plus sur l'agressivité, notamment à cause de l'utilisation sans pitié des armes que fait l'IA. On s'en prend souvent plein la gueule, en particulier dans les épreuves qui obligent à sélectionner un vaisseau de vitesse face à des adversaires en vaisseau combat. Mais, on le sait, c'est bel et bien contre des joueurs humains que le jeu prend finalement tout son sens... et en la matière, WipEout 2048 propose également de quoi faire, à commencer par une campagne multijoueurs.
Tu le sens mon Séisme ?
Qu'est-ce qu'une campagne multijoueurs ? C'est une campagne, similaire dans sa présentation à celle du solo, dans laquelle les concurrents (4 minimum, 8 maximum), sont... d'autres joueurs. Une chouette idée toute bête, d'autant que pour progresser tout au long des 20 niveaux de cette campagne, il faudra, à l'instar du solo, compléter certains objectifs. Par exemple, ne pas finir dernier, ou toucher un adversaire - l'or étant une fois encore possible sur chaque épreuve si vos performances dépassent suffisamment les exigences ordinaires. Bien évidemment, seules les épreuves Combat (marquer le plus de point avec des armes) et Course (le mode standard) sont disponibles en multijoueurs. Egalement disponible, le mode cross-play permet de varier les plaisirs en affrontant des joueurs qui sont, eux, sur leur PS3 sur WipEout HD Fury. Malheureusement, seulement 4 circuits de cette version de salon sont disponibles dans 2048 - mais on pourra y courir dans n'importe quelle combinaison de 8 joueurs (d'un joueur Vita contre 7 PS3, jusqu'à 1 PS3 et 7 Vita). Enfin, par l'intermédiaire de NEAR, on pourra récupérer les ghosts de ses amis et concourir pour les meilleurs temps en mode Time Attack. Toutes ces possibilités fonctionnent à merveille, pour peu qu'on dispose d'une connexion correcte. On l'aura compris, ce WipEout 2048 s'avère assez complet, et si ce n'était pour ses temps de chargement outrageusement longs (une cinquantaine de secondes) à chaque nouvelle épreuve (ils sont heureusement plus rapides quand on rejoue la même), il serait absolument parfait pour le jeu nomade. Mais aussi complet et sublimement réalisé soit-il, il lui reste quelques autres défauts qu'on ne peut pas passer sous silence. D'abord, l'idée de mettre le rétroviseur sur la position "bas" du stick analogique droit posera problème à certains joueurs qui l'activeront involontairement, tant il est proche du bouton Croix qui sert à accélérer. Il aurait sans doute été bien plus ergonomique de le mettre sur le panneau tactile arrière de la console... Pire, s'ils le mettent vers le haut brièvement sans faire attention, leur appareil fera un demi-tour... c'est utile en mode combat en multijoueurs, mais en pleine course, pas trop... On aurait d'ailleurs apprécié pouvoir configurer entièrement les contrôles plutôt que de se contenter des trois modes présents. Autre "défaut", le titre ne bénéficie pas d'une vitesse d'animation de 60 images / seconde comme ses aînés PS3. Cela se sent, mais, d'un autre côté, c'est sans doute le prix à payer pour garder une animation constante (pas de ralentissements), avec des graphismes d'une telle beauté. Enfin, et j'en finirai avec cela pour les reproches, on ne pourra pas écouter tranquillement la bande-son, une fois de plus réussie, sans jouer. L'absence de soundtest est ainsi d'autant plus regrettable que la playlist de 14 morceaux accompagne à merveille cet épisode... pour les curieux, la liste complète des morceaux est disponible ci-dessous.
WipEout 2048 est incontestablement, aux côtés d'Uncharted, le titre le plus impressionnant techniquement de la PS Vita pour son lancement. Mais, au-delà de cette prouesse visuelle, c'est avant tout un excellent épisode, à la fois rafraîchissant et familier, complet, dont le solo comme le multijoueurs saura occuper longuement. A ne pas manquer.
- Tracklist de cet épisode :
- Anile - Change Of Direction (Wipeout mix)
- Camo & Krooked - Breezeblock (Wipeout mix)
- deadmau5 - Some Chords (Wipeout edit)
- DirtyLoud - School Of Funk
- ft. Sian Evans - Louder (Drumsound & Bassline Smith Mix)
- The Future Sound of London - We Have Explosive (2011 rebuild) Wipeout edit
- Kraftwerk - Tour De France 2003 (Wipeout edit)
- Noisia - Regurgitate (Wipeout 2048 Edit)
- Orbital - P.E.T.R.O.L (Final Drop Mix)
- Orbital - Beelzedub
- Rockwell - BTKRSH (Wipeout edit)
- The Chemical Brothers - Electronic Battle Weapon 3
- The Prodigy - Invaders Must Die (Liam H re-amped mix)
- Underworld - Kittens (Will Saul & Tam Cooper Remix)