Tiens, la vieille gloire que revoilà : le ninja plus blanc que blanc, Shinobi. Évocateur d'une époque où SEGA bâtissait sa gloire plutôt qu'elle ne courait après, le ninja OMO ressort son katana sur 3DS, dans Shinobi, tout simplement. Alors, ce héros des années 16 bits possède-t-il le swag suffisant pour rendre un peu plus attractive la portable de Nintendo, seulement portée par l'increvable Mario et quelques titres N64 dépoussiérés ? Voici notre réponse.
Wouah. La première chose qui épate quand on lance une partie de Shinobi, c'est son aspect graphique. Les développeurs de Griptonite Games à qui SEGA a confié son ninja ont vraiment su tirer les pleines capacités de la Nintendo DS, pour proposer un titre qui... attendez... Et ben voilà, j'ai déjà pu constater que beaucoup pensaient que la 3DS était en fait une DS équipée d'un écran en 3D stéréoscopique, et voici un jeu qui ne va pas clarifier la situation. Moche comme tout, ce Shinobi possède la dégaine graphique d'un titre de la génération passée. Histoire de faire la paire, gameplay et level design sont eux aussi rétrogrades.
American Ninja
On sent très bien l'argument que nous serviraient les équipes créatives de Shinobi si elles devaient justifier leurs choix artistiques et techniques sur ce titre : l'intention de coller aux sensations d'un titre aussi culte que Shinobi III : Return of the Ninja Master, sorti en 1993 sur Megadrive. Mais le souci, c'est que Shinobi III, lui, était en adéquation avec la technologie de son époque, aussi bien graphiquement que techniquement, alors que ce Shinobi là est à la ramasse sur tous les plans et prend franchement la forme d'une insulte à ce que l'on pourrait tirer d'une 3DS. Ce beat'em all est difficile, car il faudra connaître par coeur les patterns des méchants pour pouvoir progresser. Les boss, sans envergure, répondent eux aussi à une mécanique spéciale pour être terrassés. Plaisir du hardcore ? Non. Car comment ne pas s'agacer face à cette difficulté quand elle se fait ressentir non pas parce que le challenge est relevé mais parce que les masques de collisions sont complètement pétés et qu'à un bon mètre de pics mortels qui se tiennent au plafond, vous serez tout de même blessé ? Des pics au plafond, oui, parce qu'avec ce Shinobi, il ne faudra s'attendre à aucune idée originale en terme de level design, la répétitivité étant ici la norme. Certaines phases proposent une mise en scène avec le personnage vue de dos (fuite à cheval, combat sur des camions ou sur un avion en marche) mais elles se revèlent bien vite barbantes, même si activer la 3D aide bien à jauger la profondeur et permet donc de choisir sur quel plan il est préférable d'évoluer. Un effet réussi.
Va voir Radigo si j'y suis
En fait, on se dit que le seul intérêt que l'on pourrait trouver à Shinobi, c'est en l'apercevant dans la sympathique émission Superplay de Nolife. En effet, à chaque ennemi consécutivement tué, des combos s'accumulent, le joueur méticuleux et expert voulant alors faire grossir celui-ci, afin de faire une chaîne parfaite : l'arme devient alors "on fire", les coups se révélant plus spectaculaires. Chaque gus trucidé rapporte une certaine somme de points et selon la façon dont ceux-ci sont éliminés, les points sont plus ou moins élevés. Pour venir à bout des plus coriaces, le joueur pourra activer des magies d'eau, d'électricité, de feu, pour que ses kunaï soient enflammés par exemple. Ainsi, les scoreurs purs et durs trouveront peut-être un intérêt à ce titre même si on se demande pourquoi ils abandonneraient les Shinobi MD pour celui-ci. Ce ne sera en tous cas pas pour la musique ninjaesque relou, en boucle et pas inspirée pour un sou, ni pour les dessin animés entre les niveaux qui ne le sont même pas (animés) ! Des images qui bougent oui, animées non. La 3DS n'en-est-elle donc pas capable ?
Certains pourraient être indulgents avec ce Shinobi 3DS, ce ne sera pas notre cas. Comment s'enthousiasmer pour un jeu qui reprend la formule de ses ancêtres, sans jamais la transcender, pire, en proposant des graphismes dignes de la DS et des bugs de collision en pagaille. Si encore le challenge en valait la chandelle, par une mise en scène soignée, un game design inspiré, des phases de jeu spectaculaires... mais non. Shinobi est un side-scroller standard, répétitif, dont seule la présence du ninja blanc pourrait flouer les joueurs maladroitement nostalgiques. Il resterait aussi les hardcores du score qui trouveraient peut-être un challenge à leur mesure mais on se demanderait alors pourquoi ils lâcheraient les épisodes MD pour se coltiner celui-ci.