Au Japon, dans le cercle fermé des licences qui comptent vraiment, deux sont particulièrement énormes : Dragon Quest et Pokémon. Du coup, quand on prend de l'une pour la fusionner avec l'autre, on s'attend forcément à voir apparaître une sorte de Mechagodzilla du jeu vidéo. Mais le lézard robotique géant a beau être sympathique, on ne peut s'empêcher de préférer l'original, 100 % organique et nucléaire, bien plus vivant et attachant. C'est un peu ce qui se passe aussi avec Dragon Quest Monsters Joker 2 sur Nintendo DS...
Jeune chevelu façon saiyan, à la croisée de Trunks pour le regard (on parle bien du fils de Bulma ici) et de Shû de Blue Dragon pour l'aspect général, vous embarquez clandestinement dans un vaisseau volant. Il n'est pas question pour vous de fuir un pays en guerre ou soumis à la pauvreté, mais bien de suivre votre rêve de gloire, et de vous rendre au championnat du monde des dresseurs de monstres. Mais avant, comme le dit la chanson, il va falloir "être vainqueur et gagner les défis", car si vous ne "parcourez pas la Terre entière" cette fois-ci, vous devrez quand même devenir "le meilleur dresseur", sur l'île bien mystérieuse et apparemment mythique, où l'engin des airs qui vous transportait, s'est écrasé...
Le Monde perdu
En tant que dresseur de monstres, vous avez la faculté d'en mener trois au combat, avec trois remplaçants qui attendent leur tour et le reste de vos bestioles en réserve. Seulement, c'est avec un seul monstre dino rescapé du vaisseau que vous vous aventurez dans la jungle épaisse de cette île emplie de mystère mais surtout... de monstres, tous tirés du phénoménal bestiaire de Dragon Quest. Et si vous n'avez pas de pokéballs, vous avez une faculté similaire qui vous permet de dresser les bestioles que vous croisez, si votre champion en lice est assez impressionnant pour le monstre sauvage d'en face. Ainsi, à vous de devenir le maître d'un Gluant, d'un Vampivol, d'une Souche Louche et compagnie, pour progresser dans la nature hostile qui vous attend, avec des grosses, mais alors très grosses bêbêtes. Quand vous ferez leur connaissance, elles occuperont allègrement les deux écrans de votre console, et si jamais vous arrivez après moult heures de jeu à en posséder une, elle prendra les trois places attribuées à chaque monstre dans votre équipe, pour combattre seule. A noter que vous n'aurez pas à débusquer ces créatures dans des hautes herbes, les petites comme les grosses apparaissant à l'écran : le joueur peut ainsi les éviter s'il le veut et quand il le peut.
L'île limitée
Malgré sa 3D, la grande île qui sera notre unique terrain de chasse et dans laquelle on pourra se téléporter à travers différentes zones, manque cruellement de vie et de personnalité. En plus de ça, avec une caméra que l'on contrôle mais qui dès qu'on la fait tourner, entraîne le personnage avec elle, l'exploration n'est pas des plus aisées. En plus, l'intrigue pas folichonne n'incite pas forcément à aller de l'avant. Mais si un pan du jeu est plutôt médiocre, c'est l'autre facette du titre qui fait tout son intérêt : les combats de monstres bien sûr, mais surtout leur création, un secteur où l'on plonge presque dans l'illimité.
J'ai créé un monstre !
Dans Dragon Quest Monsters Joker 2, il s'agira de faire combattre vos bestioles, que vous équiperez d'armes (bien qu'elles n'apparaissent pas en combat) et de leur attribuer des points de compétences, ceux-ci étant glanés au rythme des victoires et de l'expérience accumulée, afin d'apprendre de nouvelles attaques, de nouveaux sorts. Mais plus que le niveau, c'est surtout le rang des créatures qu'il est important de prendre en compte. En effet, les monstres, tout comme les frigos ou les économies des pays, sont notés avec des lettres : F indique qu'ils sont de bons nullards alors que ceux affublés du double S constituent l'élite du genre. Avec le souci d'une sélection massale impeccable, c'est ainsi du côté des bonnes notes que vous choisirez les individus à accoupler, pour ainsi, tel un apprenti sorcier (comme j'édulcore la chose...), donner vie à vos propres monstres. Au contraire de Pokémon, où un Pikachu femelle ne pourra jamais s'accoupler avec un Carapuce mâle (leur amour est impossible, ils ne sont pas de la même "espèce"), dans Dragon Quest Monsters Joker 2, quelque soit l'espèce de votre bestiole, du moment que les deux genres sont différents, ceux-ci peuvent fusionner et donner naissance à de nouveaux monstres. Ainsi ce dragon qui ressemble tant au Shenron de Dragon Ball pourra assimiler la mascotte Gluant, aussi bien qu'un Bisebave et qu'un Scorpion s'uniront pour faire un Crabarbare et que dans un méga mix suprême (j'édulcore encore...), Archer vert, Diablotin, Faucon infernal et Mousquetueur associés donneront naissance à un Sirénien. Avec plus de deux cents cinquante monstres disponibles et la possibilité de rapatrier des bestioles de Dragon Quest IX et Dragon Quest VI, jouer au petit généticien est plutôt grisant. Sachez également que vous pourrez échanger des monstres avec vos amis ou encore combattre avec ces derniers via la communication sans fil locale. Pas de bourse d'échange en Wi-Fi mais des combats anonymes, pas toujours en temps réel mais simulés par la console avec une équipe ennemie téléchargée... Le tout fait l'objet d'un classement des dresseurs.
Pas vraiment palpitant dans sa narration, pas non plus attachant de par ses environnements, Dragon Quest Monsters Joker 2 n'est en fait prenant que par la synthèse acharnée que l'on veut accomplir entre tous les monstres du bestiaire Dragon Quest. Si jouer les petits alchimistes est plutôt accrocheur arrivé à un certain stade, surtout avec pas loin de trois cents monstres à apprivoiser, et que le design à la Toriyama fait le reste, difficile de passer outre la répétitivité de l'aventure et ces combats superflus, juste là pour rallonger l'expérience. Peut-être alors, dans cette course évolutive effrénée, que c'est dans la confrontation face aux copains et en Wi-Fi que l'aventure deviendra plus grisante.