Forza 3 avait déjà tapé un grand coup sur la table de la simulation automobile il y a deux ans, et après la sortie d'un Gran Turismo 5 en demi-teinte l'année dernière, on attendait impatiemment de voir la réponse du berger à la bergère... Ainsi, comme on pouvait s'y attendre, Forza 4 a su capitaliser sur ses forces initiales, se bonifier au passage et transformer l'essai de fort belle manière... façon coup de grâce ?
C'est assez difficile de ne pas tomber dans la comparaison Forza/ Gran Turismo... c'est presque un réflexe naturel, tant la saga de Turn 10 a tout fait, dès son premier opus, pour rivaliser avec le maître, en proposant d'office aux joueurs tout ce qu'ils réclamaient à cors et à cris depuis des années (jeu en ligne, dégâts, IA digne de ce nom...). Aujourd'hui, j'ai vraiment l'impression qu'on est dans ce même moment charnière qui a vu FIFA supplanter son rival PES, après qui il courait depuis tant années, tentant sans cesse de se réinventer pendant que le Roi s'endormait sur ses lauriers... Ce n'est probablement toujours pas le cas de quelques irréductibles - comme avec nos amis footeux - mais personnellement je fais désormais partie de ceux qui ont changé de camp pour de bon... Mais trêve de bavardage, penchons-nous sans plus attendre sur ce qui fait de ce nouvel opus une belle réussite !
Carrière pied au plancher
La progression dans le mode Carrière, toujours au coeur de l'expérience solo bien entendu, a été nettement remaniée, pour mieux coller aux envies du joueur et ne jamais le frustrer. Vous allez ainsi devoir avancer de saison en saison (il y en a 10 en tout), chacune d'entre elles vous proposant, à chaque journée, un choix de trois courses de championnat. Le truc intéressant, c'est que cette fois le jeu ne se base plus sur votre niveau de pilote pour vous proposer des courses de plus en plus avancées, vous obligeant à suivre une courbe de progression bien définie, mais sur votre garage. Ainsi, si vous économisez assez de crédits pour vous payer rapidement une voiture de classe A ou S, genre une Ferrari, vous pourrez très vite, si vous le souhaitez, ne plus du tout participer à des courses de classes mineures à bord de petites citadines lentes à mourir. On rentre ainsi très rapidement dans le vif du sujet, selon ses préférences. Pour que la variété reste de mise, le jeu vous offre au passage de chaque niveau de pilote un choix de voitures-cadeau. Ces dernières arrivant dans votre garage, le choix de course proposé par la suite, à chaque nouvelle journée, se voit agrémenté de courses spéciales (événement Muscle Cars si vous avez chopé une Mustang, par exemple). Enfin, les championnats sont d'autant plus variés que le jeu propose désormais des défis Top Gear (où il faut renverser des quilles !), des défis avec des passages de portes façon permis de Gran Turismo, et même des duels sur circuits urbains avec slalom dans la circulation... C'est surprenant vu l'habituel "sérieux" de la série, mais c'est très sympa.
Quand y'en a plus...
Votre carrière aura beau commencer sur les chapeaux de roues, finir l'ensemble des challenges proposés par la partie solo de Forza 4 sera une véritable course d'endurance. Comme dans l'épisode précédent, même lorsque vous aurez fini les 10 saisons de votre carrière, vous n'aurez pratiqué que quelques courses de quelques championnats, et une grille complète référençant absolument toutes les épreuves du jeu sera à votre disposition pour vous permettre de les boucler les unes après les autres, pendant des dizaines et des dizaines d'heures de jeu. Bien sûr, il faudra bien garnir votre garage, pour avoir à chaque fois la voiture qui va bien, selon les restrictions et le niveau de performance requis.
Mais ce n'est pas tout ! Le mode Carrière intègre désormais un nouveau menu de "Rivaux" excellent. Ce dernier propose régulièrement de nouveaux challenges à l'ensemble de la communauté, et les ghost de tous vos potes (ou à défaut celui d'inconnus qui ont fait de bons scores) viendront avec vous sur la piste pour vous motiver à les battre. C'est un peu l'Autolog de Forza 4, puisque des notifications viendront vous prévenir si un ami vous a battu, via une nouvelle messagerie interne qui vous informe également sur les championnats, les DLC et toute l'actu Forza.
Pourquoi vous êtes tous derrière ?
Franchement, la progression dans ce mode Carrière (qui propose toujours les bonnes idées habituelles comme le niveau de pilote et le niveau d'affinité avec une marque, les mises à niveau automatiques et j'en passe) serait un pur bonheur proche de la perfection s'il ne souffrait pas d'un défaut tout de même bien énervant... le plus gros (et l'un des seuls) défaut du jeu d'ailleurs, selon moi. Et là je vais vous parler du niveau de difficulté, incroyablement bas. C'est simple, j'ai dû attendre la 7ème saison (sur 10) pour rencontrer ne serait-ce que le début d'une difficulté à accrocher la première place. Jusqu'à ce moment béni, j'ai passé mon temps à griller les 3/4 des bagnoles en piste dès les premiers tours de roues, puis manger les trois premiers avant même la fin du premier tour pour finalement passer tout le reste de la course en tête, tout seul, avec pour seule satisfaction le plaisir de piloter... quel plaisir, certes (j'y viens plus bas), mais quand-même... on a forcément envie de batailler quand on parcours une carrière si longue. C'est un jeu de *course*, quoi... Un niveau de performance des adversaires paramétrable (pourtant bien présent dans le mode de course libre !) aurait été le bienvenue en Carrière aussi. Bientôt via un Patch ? Ce serait une bonne idée ma foi.
De la même manière, j'aurai apprécié dans ce mode Carrière que les comportements bourrins (foncer dans le tas, couper un virage) soient pénalisés, ce qui n'est pas vraiment le cas (il y a tout de même les dégâts), ou encore que la fonction "rembobinage" (qui permet de revenir quelques secondes en arrière après une grossière erreur) soit un peu limitée quand on a décidé de l'activer. Tout cela aurait un peu relevé un niveau de difficulté en panne.
La simulation sur mesure
Malgré ces quelques reproches qu'il fallait évoquer, soyons clairs : j'ai pris un pied phénoménal à avaler des centaines et des centaines de kilomètres de piste... et il me tarde de finir ce test pour retourner dans l'une de mes Ferrari ! D'abord, sachez que si le poids des véhicules et le contact de leurs roues avec la piste manquaient un peu à se faire sentir dans l'épisode précédent, Forza 4 règle très nettement le problème. Je ne sais pas si c'est la nouvelle physique des pneus, créée en collaboration avec Pirelli, qui fait son oeuvre ici, mais le résultat est là. Jouer avec le rapport vitesse/adhérence dans chacun des virages est en tout cas devenu un pur bonheur dans Forza 4. Ajoutez à cela des bruitages exceptionnels (la comparaison avec GT5 fait peine à entendre) et une caméra cockpit enfin digne de ce nom (elle n'est plus statique, offre une visibilité parfaite et un rétroviseur qui sert enfin à quelque chose), pour ne pas dire idéale, et je vous assure que les sensations sont au rendez-vous. D'autant que l'IA des adversaires (qui peinent certes à vous contourner certaines fois) est de très bonne facture également. Ils sont agressifs juste ce qu'il faut, vont à la faute si vous les pressez, ne sont absolument pas fixés sur leur trajectoire comme sur des rails, n'ont pas d'attitudes scriptées si l'on recommence dix fois la même course... On est loin de ce que fait la concurrence encore une fois.
Bien sûr, la gestion des aides typique de la saga est à nouveau de la partie, vous permettant d'adapter le réalisme en fonction de vos envies et de votre niveau. Je me permet d'en reparler d'ailleurs, car le principe est tout simplement génial et super bien géré... En gros, chaque aide au pilotage (ABS, contrôle de traction, trajectoire suggérée, boîte manuelle, direction...) peut être désactivée ou non, le principe étant de vous récompenser en crédits bonus sur chaque course si vous décidez de faire sans. Le truc génial, c'est que vous êtes récompensé également en terme de performance, car par exemple retirer l'ABS empêche certes de piler comme un goret (sous peine de faire un tout droit dans le mur), mais permet d'un autre côté, si vous savez doser comme il faut, de freiner plus tardivement et de gagner donc de précieuses secondes. Il en va de même pour la boîte bien entendu, mais aussi pour la traction en sortie de virage, etc. Et finalement, qu'on soit fin pilote ou conducteur du dimanche, on trouve quoi qu'il arrive de quoi s'amuser pendant les courses.
C'est beau une voiture qui brille
Pour ne rien gâcher, Turn 10 a également fait de gros progrès en deux ans sur le plan graphique (tout en conservant une animation constante de 60 images/seconde qui fait toute la différence). En témoignent d'ailleurs les belles carrosseries, les nouveaux circuits (celui des Alpes en tête, vraiment superbe) et même parfois les anciens, qui affichent peut-être un peu plus d'aliasing qu'avant mais montent clairement d'un cran visuellement. L'intégration d'IBL (une techno Pixar) pour dynamiser les éclairages n'y est certainement pas pour rien. Toujours est-il que même si c'est un peu moins "photoréaliste" que dans un GT5, c'est aussi beaucoup plus fourni et plus coloré, moins terne...
Profiter des carrosseries devient d'ailleurs un plaisir véritable dans le nouveau mode "Autovista", qui paraîtra certainement futile aux yeux de certains, mais qui apporte un vrai plus quand on est fan de belles automobiles. Qu'on utilise Kinect ou la manette, il est donc question ici de tourner autour d'un modèle de voiture haute résolution (seule une vingtaine de bolides ont d'ailleurs été "augmentés", sur les 500 que compte le jeu) pour le reluquer sous tous les angles, en s'approchant, en ouvrant le capot pour observer le moteur de très près... On peut même ouvrir les portières et monter à bord, mettre le contact, voir le tableau de bord s'illuminer et entendre le moteur gronder. Le truc assez cool, c'est que des points d'information, disséminés un peu partout sur (et dans) la caisse, permettent de lancer une voix-of qui vous explique toutes les spécificités de ces modèles d'exception, qu'on a sincèrement l'impression de découvrir "comme en vrai". Kinect peut également être utile en course, avec la possibilité de piloter sans manette qui fonctionne pas trop mal (on gère seulement la direction, la vitesse étant automatique), mais aussi un tracking de la tête qui permet de regarder à gauche ou à droite sans toucher au stick droit... Une option un peu gadget, c'est clair. J'ai bien plus apprécié le contrôle Kinect par la voix dans les menus, qui permet de passer du mode carrière à un autre mode sans faire défiler plusieurs pages de menu. Ca fonctionne très bien en plus.
Ca n'en finit plus...
Je m'aperçois que ce test est déjà bien long et que je ne vous ai même pas encore parlé des options multi et communautaires. D'abord, je voudrais tirer mon chapeau à ce mode 2 joueurs en écran partagé, impressionnant et parfaitement jouable. Le rétro est certes désactivé, tandis que seules 4 voitures tournent en même temps en piste, mais bon sang ça reste super beau, fin, et avec un frame-rate là encore parfaitement constant à 60 images/seconde ! Un plus très appréciable. Mais on sait tous que vous vous intéresserez avant tout au mode en ligne jusqu'à 16 joueurs, entièrement paramétrable (ils ont pensé à toutes les options/restrictions possibles). On ne peut certes pas créer ses championnats, mais on appréciera les "Vitrines" (pour consulter les créations d'un utilisateur), les salles de ventes aux enchères (pour vendre et acheter voitures, livrées, créations de vyniles, réglages...), les nouveaux "Clubs" (des "guildes" de pilote dans lesquelles on peut se prêter des voitures) et enfin, comme je vous le disais plus haut, les nouveaux défis de "Rivaux", qui évoluent avec le temps et qui vous feront jeter un oeil à la messagerie interne à chaque nouvelle partie, pour voir où en sont vos défis avec vos amis... C'est extrêmement complet.
Parce qu'il faut bien conclure un jour, ce Forza 4 a bien sûr pris tout ce qu'il y avait de bon dans l'épisode précédent pour nous proposer une version encore plus complète en termes de contenus, plus belle en terme de réalisation, mais il a surtout ajouté pas mal de choses et revu ses modèles physiques... jusqu'à obtenir un résultat quasi parfait dans le compromis arcade/simu. On peut certes regretter l'absence d'effets météo (on peut simplement choisir un moment de la journée figé, de l'aube au crépuscule), et surtout le relatif manque de difficulté du très long mode Carrière, mais le résultat est là : nous sommes devant un jeu de course plein à craquer de contenu, bourré de bonne idées, beau, immersif et surtout extrêmement agréable à prendre en mains. Le meilleur de sa catégorie, sans aucun doute.