FIFA 08, 09, 10, 11, et enfin 12 : en cinq éditions, EA Sports a imposé sa simulation de football comme la nouvelle référence du genre. En effet, pas de vain suspens, ce FIFA nouveau fait office de cinquième étoile au palmarès de l'éditeur américain, qui entérine ainsi sa domination sur la simulation de football aujourd'hui. Mais après cinq saisons à truster la tête des charts et à éclipser la concurrence, comment ne pas imaginer que ce FIFA 12 n'est finalement qu'une mise à jour de la mouture précédente ? La réponse d'EA est simple : elle consiste à prendre les joueurs à rebrousse-poil, afin que ceux qui se seraient laissés bercer par le ronron des automatismes assimilés au fil des années, soient bien obligés de se secouer les puces. Ça passe ou ça casse !
Pour vous parler de FIFA 12, je vais tout d'abord évoquer Shenmue 2. Eh oui. Vous vous rappelez de cette scène désormais culte, où il fallait faire saisir à Ryo, entre deux de ses doigts, une feuille de cerisier qui tombait doucement de son arbre ? Julo m'a expliqué il y a peu, que ce moment du jeu a été d'autant plus magique pour lui, qu'à l'instar du karatéka qui doit réussir son exercice, il a fait le vide dans sa tête, il a pris une grande inspiration et à la manière de Bruce Lee, seul dans son salon, et il l'a attrapée cette satanée feuille rose virevoltante. Eh bien, si je vous parle de ça, c'est que si vous voulez avoir une chance d'aborder ce FIFA 12 dans les meilleures conditions, il va falloir la jouer humble, il va falloir se concentrer, réapprendre, tout simplement être zen. Jusqu'à atteindre le Nirvana ? En tout cas, promis, le kiff sera là.
Le jour où j'ai failli me retirer de la vie vidéoludique du foot
"PSG - Barça : 3-2. OK, c'est déjà arrivé en score cumulé en C1... Bon, c'était histoire de s'échauffer, premier match à FIFA 12, oublions. Barça - Milan AC : 0-3... Bord** ! C'est presque la même dégelée qu'en finale de la Champions en 94 ! C'est pas possible, faut que j'exorcise le truc là ! Barça - Real Madrid : 3-5... OK, j'arrête là ce test, j'appelle RaHaN et je lui dis que je suis pas capable de... Attends et si...". Il suffit parfois d'être un peu bougé dans ses habitudes pour se rendre compte que derrière des formules peuvent se cacher de vraies innovations : nouveau moteur de collisions entre joueurs, défense tactique, dribbles précis, tout ceci demande d'être étudié minutieusement pour quiconque voudrait se vanter de savoir jouer un minimum à FIFA 12. C'est alors que j'ai fait le vide dans mon esprit et que peu à peu, mes mains crispées ont retrouvé leur souplesse, mon esprit a pensé "construction", alors que jusque-là, il n'était obsédé que par le pressing. Ces nouveautés qui se présentaient gentiment au fil des bandes-annonces successives de ce nouveau FIFA changent vraiment la donne. Et quand le changement est synonyme de progrès, c'est évidemment les joueurs qui y gagnent, et EA Canada qui réussit avec brio à nous faire comprendre qu'ils ne s'endorment pas sur leurs lauriers.
Retour au centre de formation
Vous l'aurez bien compris, c'est un FIFA réinventé qui se présente à nous, avec comme principale nouveauté, une manière de défendre toute chamboulée. Fini le pressing facile où il suffisait de rester appuyé sur un bouton et une gâchette, la défense tout comme l'attaque est une science, qu'il va falloir maîtriser pour triompher. Pour les pros de l'antisèche au fond de la classe, sachez que cette nouvelle façon de défendre, appelée Défense tactique, peut être remplacée dans les options du jeu par la défense classique.... Si vous voulez jouer petits bras, ça vous regarde. Dans ce FIFA 12, tous les compartiments de jeu peuvent être passés en manuel. Oui, tous, de l'assistance de tir, au contrôle de votre gardien, chaque secteur de jeu sur le terrain peut-être sous le contrôle de votre pouce. Pour ceux qui voudront prendre toute la mesure du nouveau gameplay, voici le topo. Désormais, dès lors que vous approcherez de votre adversaire en pressant la croix (par convenance, on citera les touches PS3 en config alternative, tout au long de ce test), votre joueur se placera à un petit mètre de celui-ci, sans aller au corps-à-corps donc. Pour venir au contact avec le gus d'en face, il faudra tout simplement se diriger vers lui avec le stick analogique gauche. Cependant, en fonçant tête baissée sur votre adversaire, il est plus que probable que celui-ci vous mette dans le vent, d'un crochet ou d'un petit tour sur lui-même. C'est ainsi que vous vous rendrez bien compte que l'une des clefs de cette nouvelle manière de défendre, tient comme dans la réalité, à l'anticipation. Avec carré, vous pourrez avec autorité donner le petit coup qui va bien pour vous saisir du ballon, quitte à jouer des bras au passage, alors qu'avec rond, vous pourrez effectuer un tacle glissé, une arme à double tranchant. Efficace dans bien des cas, lancer un de vos centraux à terre peut totalement découvrir le chemin jusqu'au but...
Joue-la comme Puyol
Car outre le marquage individuel, ce qui fera la réussite ou la faillite de votre équipe, c'est bien entendu le placement de vos joueurs en défense, mais également au milieu de terrain, là où les récupérateurs assurent la première ligne de défense. Dans ce nouveau FIFA, le bloc équipe prend tout son sens avec des joueurs qui se déplacent ensemble, selon le plan de jeu, et qui ont surtout bien conscience de la position de leurs coéquipiers. Ils agiront donc en conséquence, en attaque comme en défense. L'intelligence artificielle est vraiment convaincante. Pour appréhender toutes les nouvelles subtilités du jeu en défense, des petites phases d'entraînement sont désormais présentes (on regretta cependant qu'elles ne soient pas étendues à toutes les phases de jeu en général....). On apprendra ainsi qu'avec L2, vous pourrez vous maintenir à distance, sur vos appuis, en deuxième rideau défensif, alors qu'avec une pression de R1, vous enverrez votre coéquipier le plus proche de l'adversaire au turbin. Avec L2 et R2 maintenus, vous effectuerez un marquage à la culotte, peut-être le plus à même de contenter les joueurs en manque du pressing gâchette et croix, mais qui n'empêche en rien de se faire effacer par son vis-à-vis, le marquage n'étant pas magnétique. Déroutante lors des premières rencontres, cette nouvelle manière de défendre donne bien vite à réaliser la profondeur de jeu que les développeurs ont su insuffler à leur nouveau titre, rendant, et lisez donc cette dernière partie de phrase à voix haute, le fait de défendre... attrayant. Mais c'est bien sur l'ensemble de l'aire de jeu qu'il faudra faire preuve de talent désormais, de votre charnière centrale à la pointe de votre attaque, en passant par le milieu, véritable champ de bataille du football moderne et donc, de ce FIFA 12.
Bataille en terre du Milieu
Comme FIFA vise toujours un peu plus à se rapprocher d'une simulation totale du football, cette mouture 2012 prend le pli du jeu tel que l'a imposé le majestueux FC Barcelone dans le balompié de très haut-niveau : qui gagne la bataille du milieu de terrain, a de bonnes chances de gagner la guerre. Ainsi, avec une fluidité toujours plus grande dans ses passes, ses déplacements, la manière dont on contrôle avec une précision sans égale ses joueurs, ce FIFA 12 est celui qui permet avec le plus d'aisance, de poser son jeu et de véritablement construire ses actions. La conduite de balle est tout bonnement exceptionnelle et on se réjouit de la physique du ballon cette année qui s'avère "plus lourd". Encore une fois, dans les phases offensives comme dans les tâtonnements du milieu de terrain, l'intelligence artificielle est plus que satisfaisante, donnant la sensation au joueur qu'il contrôle entièrement ce qui se passe sur le gazon. Avec le nouveau moteur de collisions entre joueurs, on sait également pourquoi on s'est fait chiper le ballon ou encore pourquoi cette feinte n'est pas passée : pas de mystères, de bugs dans les contacts, tout est question de physique, d'anticipation, de geste exécuté au bon moment. Jamais on n'avait atteint une telle précision dans le jeu. Comme tu es loin désormais, petit Super Soccer...
La beauté du sport
Après avoir consacré la quasi totalité de ce test au nouveau gameplay de FIFA 12, intéressons-nous tout de même à son aspect esthétique, à son ambiance générale et aux nouveaux contenus qu'il propose. En termes d'animation, FIFA 12 a encore progressé, enrichissant la palette de mouvements des joueurs. Avec des graphismes de bonne facture (même si certains visages et certaines attitudes hors terrain demeurent plus fidèles à la réalité dans PES 2012) et cette animation très soignée, en match, FIFA 12 est techniquement très impressionnant. Ce qui bluffe encore une fois, c'est la fluidité de jeu qui se dégage des rencontres. Même si, et là je pinaille, j'aurais tendance à trouver les carrures des joueurs un peu trop longilignes. Du côté du son, les ambiances des stades sont toujours aussi vibrantes et le duo Mathoux-Sauzée blablatte comme il faut, même si le commentateur de Canal + s'obstine à baptisé le petit ami de Shakira, "Pique". Oui, comme l'as de pique. C'est dommage, il dit pourtant bien "Chabi"... Et puis ce qui est cool, c'est que comme d'hab', on se remet au goût du jour côté playlist, avec les derniers tubes trendy du moment. Qui a dit que le foot était un sport de beaufs ?
L'occasion de se faire des Kops
En termes de contenu, le mode Carrière déjà très riche n'évolue pas vraiment, si ce n'est qu'il faudra faire avec le moral des joueurs désormais et que les transferts mettent un poil plus de temps à se décanter. A vous les joies des feuilletons du mercato d'été ! Les deux véritables nouveautés niveau contenu sont en fait l'Ultimate Team, qu'on connaissait déjà proposé en dehors du disque et qui est cette fois inclus de base, qui permet via un jeu de cartes de collection, de composer son équipe de rêve. L'EA Sports Football Club quant à lui, annoncé à l'E3, pousse encore un peu plus l'aspect communautaire de la licence. Ainsi, tous vos faits dans FIFA 12 vous rapporteront des points d'expérience que vous pourrez comparer avec vos semblables, en ligne, mais qui serviront aussi le club que vous avez élu comme étant votre préféré en insérant pour la première fois le disque du jeu dans votre console. Au fil du temps, l'ambition de l'EA Sports Football Club est de proposer des défis en corrélation avec la situation des clubs dans la réalité. Par exemple, remonter l'OM des tréfonds de la L1 ou encore venger le Real d'une vilaine manita... hin, hin, hin...
FIFA 12, c'est la victoire de l'ambition. Même si Eric Cantona disait qu'il n'y avait que deux postes décisifs et glorieux sur un terrain de foot, celui de l'attaquant et du gardien, EA Sports a pris le parti de rendre hommage à tous les numéros présents sur la pelouse. Que vous soyez numéro 2 en défense centrale, farouche gendarme, numéro 6 qui casse des combinaisons et des tibias au milieu, sans reprendre son souffle, ou numéro 10, qui régale et construit, met ses attaquants dans leurs meilleures dispositions, vous trouverez dans ce FIFA 12 la même profondeur de jeu. Procurant au joueur une autonomie en match inédite, FIFA est surprenant, exigeant, mais aussi impressionnant techniquement, et indéniablement kiffant ! Il s'impose une nouvelle fois encore comme la simulation de football du moment. Cinq étoiles sur le maillot, la marque des plus grands champions.