Des titres comme Limbo ou Super Meat Boy ont su prouver que les jeux indépendants sont une mine d'or pour les développeurs, tout comme pour les joueurs. C'est pourquoi, désormais, tout le monde a les yeux rivés sur les plates-formes de téléchargement afin de dénicher la perle, à petit prix, qui nous fera sortir des sentiers battus (et rebattus) par les blockbusters à gros budgets. Aujourd'hui, c'est du côté de Insanely Twisted Shadow Planet que je vous invite à diriger vos yeux émerveillés et, éventuellement, vos deniers, tant le titre de Fuelcell mélange adroitement action, exploration et réflexion dans un univers à la fois enchanteur et décalé.
Tout comme Limbo en son temps, ITSP se distingue, tout d'abord, par une direction artistique superbe mais néanmoins simpliste. On y retrouve finalement pas mal de la série des Patapon, avec des structures sombres (façon ombres chinoises) mélangées à des couleurs vives qui confèrent un cachet particulier et franchement réussi. Côté histoire, rien de bien grisant : dans la peau d'un alien, vous tentez d'explorer une planète rongée par un mal extra-terrestre, au moyen de votre petite soucoupe volante. Le tout dans un jeu qui prend la forme d'un shoot them up. Précisons qu'il s'agit là de la forme, car au final, le titre est loin de se limiter aux mécaniques habituelles offertes par ce genre.
De l'action à la réflexion
L'ovni de notre héros est customisable et gagne en possiblités au fur et à mesure de l'exploration, un peu comme dans un Castlevania ou un Metroid. Ainsi, explorer la planète en continu (il n'y a pas de niveaux découpés à proprement parler) n'est possible que si le joueur dégote, et récupère, les outils adéquats à sa progression. Une implacable logique qui revient à dire que sans la bonne clé, vous ne pourrez pas ouvrir la bonne porte. Un concept qui se permet de mélanger avec talent des phases d'action intenses avec des instants de réflexion pour venir à bout de certaines énigmes ou boss. Le vaisseau alien, ultra maniable, se dirige avec simplicité par l'intermédiaire du stick gauche, alors que les outils sont utilisés avec le champignon de droite. Une certaine dextérité s'avère vite nécessaire pour se frayer un chemin dans les couloirs labyrinthiques et parfois étroits, grâce aux outils. Néanmoins, le tout se révèle agréable à jouer et finalement assez précis, malgré des premiers pas ardus.
Du travail de pro
Entre le bras articulé, le radar, la scie, le laser, un bouclier, etc. notre vaisseau a de quoi parer à toutes les éventualités, même si on aurait apprécié que certains outils soient plus sollicités dans les niveaux. Tirer une pierre par là, shooter un ennemi par-ci, creuser ailleurs, occuperont le plus clair de votre temps. En parlant de timing, si le titre nécessite une certaine maitrise, il est loin d'être difficile à boucler. Avec 4 heures 30 de plaisir au maximum (un peu plus pour trouver les secrets), le run est si rafraîchissant qu'il en parait particulièrement court. Un désagrément pour un bon point, celui d'offrir une aventure bien murie et surtout parfaitement rythmée. Aurait-il fallu en rajouter un peu plus, pour prolonger le plaisir ? Peut-être et c'est sans doute ce qui a motivé la naissance d'un mode multijoueurs à quatre en simultané. Le but étant de déplacer, à l'aide du bras articulé, une loupiote au travers de niveaux. Les joueurs se relaient pour trimballer l'objet tout en déjouant des puzzles et en étant poursuivis par des tentacules géantes. Rigolo, mais ça ne casse pas des briques, soyons clairs...
Insanely Twisted Shadow Planet est-il un ovni ludique ? Pas autant qu'on le pense. Cependant, il a le mérite de venir dépoussiérer le genre du Shoot Them Up en y ajoutant un peu de finesse dans un monde de skill. Dommage que la course soit si courte et, malgré d'excellentes idées, n'atteigne pas forcément des sommets, mais elle les tutoie. Un bon jeu, pas cher et décalé, à réserver aux amoureux d'atmosphères, qui ne tiennent pas forcément à rejoindre la stratosphère, mais à passer un très agréable moment.