C'est Prague, ville renommée du folklore de l'espionnage, que Sega avait choisie pour nous présenter Alpha Protocol - le RPG maintes fois retardé d'Obsidian (KotOR 2, Fallout : New Vegas). Un moment privilégié pour jouer et mieux appréhender le parti-pris et les idées derrière un RPG atypique, qui n'a peut-être pas l'allure des plus fiers représentants de sa catégorie, mais qui ne manque pas pour autant d'ambition...
Petit récapitulatif avant toute chose : Alpha Protocol nous projette dans la peau d'un dénommé Thorton, agent dans la veine des Jason Bourne et autres Jack Bauer - un certain charisme en moins, il faut le reconnaître, mais les méthodes atypiques et la débrouillardise au beau fixe. Toujours est-il que Michael, de son prénom, est envoyé en mission après qu'un avion de ligne commercial a été mystérieusement abattu par un missile américain, au dessus de l'Europe de l'Est. Le gouvernement fédéral nie bien sûr toute implication, et Thorton part enquêter pour se rendre rapidement compte qu'une vaste conspiration semble sous-tendre tous ces événements. Arabie Saoudite, Rome, Tai Pei, Moscou : Thorton, devrait voir du paysage... mais pas forcément sous le même angle suivant le joueur qui l'incarnera.
Non-linéarité
Pas de malentendu d'abord : Alpha Protocol s'articule bien autour d'une histoire avec un début, un milieu et des fins (il y en a bien plusieurs). En ce sens, il reste un RPG narratif, certes, mais un accent très prononcé a été placé sur l'enchaînement et les issues variables des missions, certaines étant d'ailleurs inaccessibles ou au contraires débloquées en fonction des choix du joueur. Ceux-ci vont des dialogues, par email ou en usant de façon habituelle de répliques en face à face, aux alignements et aux aides fournies ou non aux différentes factions du jeu, très nombreuses. À cet égard le système de dialogue ne s'encombre pas de phrases à sélectionner, mais use plutôt d'humeurs simples : moqueur, ferme, professionnel, agressif, etc. Le système est utilisé conjointement à un temps de réponse limité pour les dialogues parlés (mais sans limite quand il s'agit de répondre à des emails), pour pimenter un peu cet aspect. Les partenaires de Thorton (souvent féminines de ce qu'on a pu voir, et ce n'est pas pour rien) varieront dans leur disposition à votre égard, en fonction bien entendu du ton que vous choisirez d'employer avec eux. Enfin, au fur et à mesure de votre progression, diverses missions seront débloquées sur plusieurs terrains d'opération (Rome, Moscou, Tai Pei), que vous pourrez plus ou moins exécuter dans l'ordre de votre choix... mais aussi selon vos méthodes favorites.
Question d'approche
Les divers talents que vous choisirez d'améliorer chez Thorton l'orienteront plus vers le combat au corps à corps, l'infiltration, les armes à feu, ou encore le sabotage, et détermineront donc quelle sera la meilleure approche à adopter au cours des missions sur le terrain. Après avoir sélectionné armes, armures (orientées légèreté et camouflage, ou protection), gadgets (grenades EMP, générateur de sons, mine télécommandées, etc.) et autres accessoires à votre planque, le jeu bascule ainsi vers des phases orientées TPS (jeu de tir à la troisième personne). Couverture, fusillades, progression discrète et autres piratages de terminaux et de systèmes de sécurité deviendront alors votre principale activité, sachant que vos choix pourront aussi être conditionnés par les phases intermédiaires (dialogues, achats de fichiers d'espionnage au marché noir, aides apportées par vos alliances avec certaines factions ou PNJ). En bénéficiant d'informations supplémentaires, les choix d'approche à votre disposition s'élargiront. Vous pourrez aussi profiter d'aides sur le terrain (un "dead drop" de fusil de snipe, un employé de gouvernement soudoyé ou une carte des systèmes de surveillance, par exemple). Il y aura même des combats de boss et des scènes alternatives pour varier les plaisir, comme du snipe - dans notre partie, il s'agissait de trouver au plus vite l'identité de la cible, non confirmée, puis de décider, au dernier moment face à l'afflux de nouvelles informations inattendues, de la descendre ou de l'épargner...
La beauté intérieure
Pour être tout à fait franc, Alpha Protocol ne semble pas parti pour briller côté réalisation technique (elle est néanmoins correcte). En revanche, il semble riche et varié, et certaines décisions changent apparemment drastiquement le cours de l'histoire. Côté système de jeu RPG, on s'approche d'un Mass Effect : différentes compétences peuvent recevoir vos points, débloquant à certains niveaux de nouvelles capacités spéciales. Pas de réalisme à outrance dans celles-ci, en revanche : invisibilité temporaire, tirs à la chaîne au ralenti, course silencieuse ou encore furie de corps à corps, ce sont des capacités qui se déclenchent pour un temps ou une action donnés, et qui nécessitent toutes un temps de recharge. Des bonus d'XP, enfin, sont accordés suivant les actions menées (si personne n'est tué, par exemple, ou que vous n'avez jamais été détecté).
Promettant une vingtaine d'heures de jeu, avec de nombreux personnages, factions, et choix déterminants à découvrir, Alpha Protocol n'a peut-être pas l'allure des blockbusters de sa catégorie (façon Mass Effect 2 pour ne pas le nommer), mais son thème unique sur fond d'espionnage, sa richesse apparente et l'impact promis de décisions capitales du joueur sur le déroulement de l'histoire en font un titre à surveiller de près pour les amateurs du genre. On aura bien sûr l'occasion de revenir dessus d'ici à sa sortie, programmée sur Xbox 360, PS3 et PC en date du 28 mai prochain !