Semaine après semaine, les langues continuent de se délier du côté de l'éditeur Ubisoft : après avoir crevé un premier abcès, les témoignages des équipes se multiplient, et lèvent aujourd'hui le voile sur un titre annulé du studio de Montréal autour de la légende arthurienne.
Même après sa démission suite à de nombreuses accusations de harcèlement, l'ex-numéro 2 d'Ubi Serge Hascoët continue pourtant de faire parler de lui. Le journaliste de Bloomberg Jason Schreier dévoile aujourd'hui le feuilleton ayant conduit à l'annulation du projet Avalon (comme les rivières), un jeu d'aventure au budget conséquent, développé au Canada.
Rappelez-vous : en décembre 2018, le directeur créatif de la série Dragon Age Mike Laidlaw rejoignait Ubisoft pour un projet top secret... avant de partir un an plus tard, sans avoir rien achevé. Ce jeu d'aventure fantasy centré sur la célèbre Table Ronde de la légende bretonne avait en effet été annulé par la seule volonté d'Hascoët, à en croire les sources de Schreier.
Le journaliste s'est ainsi entretenu avec d'actuels et d'anciens employés d'Ubisoft Montréal, qui confirment au long de l'article la main-mise du bras droit d'Yves Guillemot sur tous les projets au sein de l'entreprise. Présenté comme peu attiré par le genre fantasy, Hascoët aurait ainsi exigé qu'Avalon soit « meilleur que l'univers de Tolkien » pour satisfaire ses exigences, et obtenir son feu vert. Il aurait ainsi rejeté plusieurs jeux situés dans un univers similaire avant Avalon, qui se rapprochait aux dires que quelques-uns de ses développeurs d'un Monster Hunter, et proposait une dimension multijoueur.
Soucieux de préserver le projet, Laidlaw et ses équipes auraient tout tenté pour maintenir le navire à flot, allant jusqu'à modifier l'univers ou aborder de nouveaux thèmes, mais rien n'y fait : même avec une dose de science-fiction, Hascoët ne veut pas d'Avalon, qui sera définitivement annulé à l'automne dernier, avant que Laidlaw ne quitte l'entreprise en janvier 2020. L'analyste Doug Creutz résume la situation :
C'est une bonne chose de pouvoir s'appuyer sur un petit groupe de personnes expérimentées et diversifiée. Mais donner autant de pouvoir à une seule et même personne est très risquée.
Depuis le départ d'Hascoët, accusé de harcèlement par plusieurs ex-employées d'Ubisoft, c'est Yves Guillemot qui le remplace temporairement au poste de chief creative officer, un cumul des fonctions qui risque pour le moment de ne pas arranger grand chose... Le PDG et fondateur de l'entreprise s'est quant à lui récemment excusé, sans que ses proposions pour changer les mentalités n'aient pour l'instant satisfait les syndicats nouvellement créés chez le géant français.