Nous avons été conviés par Electronic Arts à Londres pour y découvrir Battlefield V en amont du streaming public... avec à la clef bien évidemment du contenu exclusif, dont des extraits de gameplay et de nombreuses (très nombreuses) informations. La grande question qui se pose d'emblée est donc : ce nouvel épisode se déroulant pendant la Seconde Guerre Mondiale est-il prometteur ? Inutile de garder le suspens trop longtemps : c'est un grand OUI.
Retour aux sources
Comme supputé, Battlefield V profite du chiffrage romain pour inclure le double sens « V for Victory » si cher à ce bon vieux Winston Churchill et repris par le Général De Gaulle. La Seconde Guerre Mondiale signe dès lors un retour au source puisque la saga est née avec Battlefield 1942. Notre introduction au jeu se fit d'abord avec le tout premier trailer (celui-là même que vous avez pu découvrir lors du live), et très honnêtement, nous avons eu beaucoup d'appréhension après cette découverte.... Alors que Battlefield 1 jouissait d'une bande-annonce de grande qualité faisant sens avec la Première Guerre Mondiale, celle de Battlefield V est une petite déception aux airs de fête à Neuneu... Brouillonne, étrangement rythmée et ne faisant finalement que très peu écho à ce que fut réellement la Seconde Guerre Mondiale. Mention spéciale à cette femme possédant un bras mécanique du plus mauvais effet, si vous voulez mon avis. Un non-sens frôlant le risible. On passera évidemment sur le fait de pouvoir porter et tirer à bout de bras une MG-42, car après tout nous ne sommes pas sur Red Orchestra, mais ce coté trop "arcade" de la bande annonce a de quoi faire sursauter les fans de la première heure.
Une succession d'enchantements
Fort heureusement, le reste de notre conférence de presse fut une succession d'enchantements, annonce après annonce, point positif après point positif. On apprend en effet très vite la présence d'un mode construction dit « mode fortification », permettant à l'équipe de défense d'installer des sacs de sables, des nids de mitrailleuses et autres barrières anti-char. Un petit coté Squad qui n'est pas pour déplaire, d'autant que l'époque s'y prête très bien et que Battlefield a tout ce qu'il faut dans le ventre pour le proposer. Fort d'un Frostbite boosté aux amphétamines, le moteur graphique est d'une splendeur absolue, dépassant tout ce qui se fait à l'heure actuelle en termes de multijoueur. L'environnement réagit au joueur et inversement, les animations sont d'un réalisme à couper le souffle et peu de jeux peuvent se targuer d'en faire autant.
Une splendeur visuelle et un délice d'animations
Chose toute bête : outre les animations, c'est tout simplement la physique du joueur qui réagit de façon intelligente, notamment à l'encontre d'un mur par exemple. Le corps du joueur va « s'écraser » de façon réaliste contre l'obstacle et non plus bêtement continuer son animation de course. L'environnement réagit aussi de manière subtile, il n'est plus possible de « spotter » l'ennemi sur la minimap, il va être nécessaire d'observer le décor pour repérer les joueurs. Un joueur caché dans les hautes herbes fera par exemple plier le feuillage de manière réaliste sur son passage, rendant sa présence détectable par l'équipe adverse. Belle avancée dans la saga, on peut maintenant se retourner sur le dos une fois allongée au sol, à la façon d'un ARMA, pour effectuer un tir. Autre nouveauté qui va faire plaisir à une grosse partie de la communauté, c'est la destruction du décor qui revient sur le devant de la scène.
Tout est entièrement destructible à l'image d'un Bad Company 2 (dans la limite du raisonnable, nous assurent les développeurs). Chaque bâtiment, de l'intérieur ou l'extérieur, peut s'écrouler et rendre la couverture d'un joueur totalement obsolète. Autant dire que le tireur d'élite au sommet d'un clocher à de quoi se faire du mouron s'il voit un char d'assaut s'approcher d'un peu trop près. Il en va de même avec la pénétration des balles, les calibres d'époque étant extrêmement perforants (30.06 pour ne citer que lui), il est possible de tuer un ennemi derrière un mur de faible ou moyenne densité (bois, pierre, selon le calibre). Bref, la physique du décor prend en compte le calibre des balles et il va falloir prendre garde à la longévité de sa couverture.
« MEDIIIIIIIIIC ! »
C'est d'autant plus handicapant que le système de soin a totalement changé. Il est désormais impensable de récupérer 100% de sa vie sans l'aide d'un médecin, et la réanimation se fait dorénavant via une animation (où l'on voit le visage de la personne qui nous vient en aide pour apporter quelque chose de plus personnel à la chose). Pire, notre soldat sanguinolent et mourant hurle à la mort en implorant main tendue pour ajouter une charge émotionnelle supplémentaire. De quoi nous rappeler les moments les plus intenses d'Il faut sauver le Soldat Ryan, d'autant que le jeu laisse l'opportunité de trainer le corps d'un camarade pour le mettre à couvert en attendant une possible aide médicale. Pour forcer à la coopération, il est désormais possible de réanimer les soldats de son escouade sans même être médecin, ce qui force à rester groupés et à jouer teamplay.
L'autre subtilité intelligente de la part de DICE pour cet épisode est le système de récompenses pour les escouades. Plus une escouade joue l'objectif, plus elle emmagasine des points qui peuvent servir à acheter ce que l'on appellera des « bonus d'équipe », comme l'arrivée d'un tank ou l'utilisation d'un missile V1/V2 (coté allemand) qui viendra s'écraser sur le champ de bataille pour changer possiblement le cour de la partie.
Double ration d'Opération
Vous aviez aimé le mode Opération de Battlefield 1 ? Voici désormais le mode "Grand Opération", qui est sur le papier tout simplement dantesque. Il s'agit en effet d'un mode de jeu gigantesque se déroulant sur plusieurs jours ingame et incluant lui-même plusieurs autres modes de jeux (conquête, ruée, etc.). Les développeurs nous on donné l'exemple de la carte Rotterdam. Coté allemand, il va falloir y défendre des pièces d'artilleries et empêcher le contrôle de la ville. En revanche, coté Allié, l'équipe va être parachutée (et les joueurs vont jouer des paras britanniques en l'occurrence). Chaque respawn se fera via un avion et il faut de nouveau atterrir sur la terre ferme pour espérer prendre le contrôle de l'objectif. Une fois ce dernier accompli du coté des anglais, le mode de jeu passe au « jour 2 ». Entre temps, la luminosité ou la météo (dynamique) aura eu le temps de changer et les parachutistes seront remplacés par les renforts qui recevront d'ailleurs le soutien de véhicules. Le jour 3 est le moment décisif puisqu'il sera enfin possible de prendre la ville et de gagner la partie, sauf si l'équipe adverse est suffisamment tenace. Si c'est le cas, nous arrivons au jour 4 qui prend la forme d'un « Last Man standing » avec une seule vie et un seul chargeur par arme pour simuler le manque de ravitaillement. Il est donc techniquement possible de batailler une heure comme un diable et finalement perdre la partie. C'est ce qui fait le charme de ce mode de jeu qui aura d'ailleurs une durée limitée dans le temps. Celui-ci fonctionnera un peu sous le principe des saisons de Fortnite, avec une Grande Opération par saison. Il se murmure que ce mode de jeu serait disponible à 60 contre 60.
L'après Battlefront 2
C'est là qu'on en vient au modèle économique du jeu, qui est pensé par DICE comme « game as service ». Non seulement il n'y aura pas de loot box, mais il n'y aura pas non plus de contenu payant. Chaque nouvelle map ou mode de jeu sera gratuit pour ne pas séparer la communauté. Rien dans le jeu n'impliquera de l'argent réel. Une nouvelle fort étonnante de la part de DICE, mais surtout d'EA qui souhaite sûrement se blanchir après l'affaire Battlefront 2. Il y aura en revanche un gros système d'évolution et de customisation permettant de non seulement spécialiser nos soldats, mais aussi nos véhicules et nos armes. Via un arbre de skill, il est ainsi possible de choisir au gré de ses envies de rajouter de la vitesse à un tank au dépriment de son blindage, ou inversement. Le jeu jouit aussi d'un mode de customisation permettant de créer sa propre compagnie incluant moult possibilités (avec ou sans casque, coupe de cheveux, logo, etc.) sans aller dans le ridicule comme un certain Call of Duty WWII permettant d'avoir des armes entièrement rose fuchsia. En effet, un développeur a pu me confirmer très solennellement que la customisation allait rester dans l'esprit Seconde Guerre Mondiale et qu'il serait impossible de faire preuve de trop d'extravagance (OUF). Notons pour conclure qu'il n'y a aucune trace d'un quelconque mode Battle Royale pour l'instant, même si ce dernier semble être confirmé à demi-mot par les différents producteurs sur place.
ON L'ATTEND... À MORT !
Battlefield V sent très bon, à tel point que la conférence à laquelle nous avons participé diffuse encore son doux parfum de fun plusieurs heures après. Les changements par rapport à Battlefield 1 sont drastiques et il ne s'agit pas uniquement d'un simple changement de décor. Clairement, la bande annonce ne fait pas vraiment honneur au jeu et à ce que les développeurs veulent proposer. Les promesses faites ne tiennent clairement pas sur du vent puisque nous avons pu voir via de nombreuses petites vidéos le résultat des changements précédemment cités. Espérons simplement qu'une fois qu'on l'aura entre les mains, l'ensemble fonctionne comme sur des roulettes... ou comme sur des chenilles de Panzer. Viscéral, moins arcade, d'une extrême beauté et diablement intelligent, voilà comment résumer ce que qui nous a été donné de voir à Londres aujourd'hui. Il ne reste plus qu'à attendre l'E3 pour en savoir plus, sachant que le jeu est prévu pour 11 octobre 2018 pour l'EA access, le 16 octobre pour les possesseurs de la version deluxe, et le 19 octobre pour tout le monde. Un V pour Victoire ? C'est en tout cas ce qui se profile pour ce nouvel épisode de la saga Battlefield.