Le studio Quantic Dream est soumis à rude épreuve ces derniers temps. Après la polémique suscitée par la scène de violence dans Detroit : Become Human, ce sont cette fois des accusations plus graves auxquelles doivent faire face David Cage et Guillaume de Fondaumière, les deux dirigeants du studio.
Ce sont trois journaux qui, conjointement, ont mis en ligne leur enquête (payante) au sujet de Quantic Dream, studio parisien bien connu pour ses jeux narratifs tels Heavy Rain ou encore le prochain Detroit : Become Human, qui avait donc suscité une petite polémique lors de la dernière Paris Games Week (lien ci-dessus).
Mais l'affaire qui nous intéresse ici est cette fois bien plus grave. Selon ces trois journaux (Canard PC, Mediapart et Le Monde), David Cage, président et fondateur, et Guillaume de Fondaumière, directeur général délégué et producteur exécutif du studio (ainsi qu'ancien président du SNJV), sont en effet accusés par d'anciens employés de comportements inappropriés voire dégradants, notamment sur la base de photomontages graveleux qu'ils n'auraient pas dénoncé, mais également de pratiques managériales douteuses (semaines de 60h) et d'avoir fait fi de blagues sexistes et racistes proférées par certains membres de l'équipe.
Quantic Dream "très surpris", "choqué" et "indigné"
Selon les propos recueillis par Le Monde, les deux principaux intéressés se disent "très surpris", "choqués" et "indignés" par ces accusations. Nos confrères ont en effet "longuement interrogés au début de janvier dans les locaux de leur entreprise, les deux dirigeants", qui ont alors évoqués des "élucubrations" d'anciens salariés "frustrés" qui n'ont jamais fait remonter leurs problèmes.
Les délégués du personnel (proches de la direction selon Le Monde) "décrivent de leur côté une entreprise bien organisée, fonctionnelle où les employés s'épanouissent."
Tout serait en réalité parti d'une plainte déposée par cinq anciens collaborateurs, au printemps dernier, contre Quantic Dream et l'un de ses salariés pour des photomontages dégradants. Selon les informations des trois journaux, "le parquet de Paris a retenu la qualification d' "injures non publiques envers particulier". La Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL), l'inspection du travail et le Défenseur des droits ont également été saisis. Une enquête préliminaire pour harcèlement et discrimination dans le cadre du travail a été confiée par le parquet de Paris au commissariat du 20e arrondissement.".
Plus de 600 photomontages racistes et sexistes ?
Concernant ces fameux photomontages dont les premiers remonteraient à 2013, les noms des fichiers donnent le ton : "David de Gruttogode", "LeClubDesPutes", "MariagedevieuxPDs", "Quantic Dream recrute toujours... des racistes"...
Des images que les deux dirigeants auraient qualifié de "très mauvais goût", mais dont ils n'auraient eu vent qu'en février 2017. Selon Le Monde, "Pour les plaignants, il s'agit plutôt de l'expression directe d'un problème plus général, celui d'une culture d'entreprise dysfonctionnelle et toxique".
David Cage, que certains membres du personnel surnommeraient "Roi-Soleil", "Dieu" ou encore "Papa" et qualifieraient de "grivois", "pas très subtil", ou "qui n'écoute rien", réfute ces accusations en bloc auprès du Monde :
On veut parler d'homophobie ? On travaille avec Ellen Page, qui se bat pour les droits LGBT. On veut parler racisme ? On travaille avec Jesse Williams, qui se bat pour les droits civiques aux Etats-Unis. [...] Jugez mon travail.
Guillaume de Fondaumière ne serait pas mieux loti. Le portrait qui en est fait par Le Monde est on ne peut plus explicite, toujours selon certains faits rapportés par d'anciens collaborateurs. Jugez plutôt :
"Son bras droit, Guillaume de Fondaumière, est quant à lui décrit comme un dirigeant imbu de son pouvoir et ambigu avec les femmes, adeptes des bises appuyées, des remarques déplacées."
D'autres salariés reprochent à l'entreprise de ne pas respecter les heures de travail et de ne pas payer des heures supplémentaires, tandis que dans le même temps, Guillaume De Fondaumière est accusé de s'être auto-licencié le 30 septembre 2016 pour "cause de mésentente avec la direction" avant de se réembaucher le lendemain à un autre poste, touchant au passage 60.000 euros.
Suite à ces graves accusations, le studio parisien s'est d'ailleurs exprimé ce soir, en envoyant ce communiqué (à retrouver dans notre galerie en grand) :
- Quantic Dream (@QUANTIC_DREAM) 14 janvier 2018
Il ne fait aucun doute que cette affaire risque de ternir l'image du studio français si les fait étaient avérés... Reste à savoir quelles seront les suites, et quelle sera notamment la réaction de Sony, impliqué financièrement dans les projets de Quantic Dream.