Si vous connaissez la franchise, vous n'ignorez pas que Kain est un jour parti chercher des clopes et n'est jamais revenu, laissant le royaume de Nosgoth sans souverain. Plusieurs siècles durant lesquels les clans vampiriques se sont pris le bec et où les humains, asservis et élevés pour faire office de réservoirs de sang, en ont profité pour relever la tête. Au point d'envisager sérieusement en finir avec ces ordures aux grandes canines. C'est cette période qu'ont choisi les développeurs comme décor pour planter leur tente et développer leur concept. Mais n'espérez pas une présence des héros de la série, de possibles manipulations temporelles ou dimensionnelles. Ici, tout n'est qu'affrontements en arène entre deux factions n'employant pas vraiment les mêmes méthodes de combat et dans lesquelles votre serviteur s'est incrusté via le très classique mode Team Deathmatch.

Huit, ça suffit ?

D'entrée, le style intrigue. En effet, les rixes voient s'affronter deux équipes de quatre joueurs. Ça paraît peu pour s'éclater. Mais bien calculé. Il semble que l'idée soit à la fois de permettre des moments de baston intenses, rapides, concentrées, mais aussi des traques vicieuses sur des cartes pas trop petites ; rappeler la surpuissance des vampires et la faiblesse, somme toute relative, des humains ; forcer à jouer en team et non en solo. Le design de la plupart des maps proposées est là pour pousser à échafauder des stratégies en fonction de son camp. Les créatures de la nuit se révèlent de formidables prédateurs, ayant la possibilité d'escalader n'importe quelle paroi, prendre de la hauteur et dénicher plus facilement des casse-croûtes sur pattes qui, eux, cloués au plancher des vaches, ont moyen de profiter d'intérieurs des bâtiments pour jouer à cache-cache. Est-ce à dire qu'incarner un humain est vain ? Non. Car les suceurs de sang, bien que plus forts et plus rapides, ne peuvent agresser qu'au corps-à-corps. Les humains ont des armes de jet et quelques petits gadgets qui les rendent redoutables à distance raisonnable. Deux façons de jouer opposées. Un bon point pour Nosgoth qui, au moins, ne propose pas simplement une alternance de skins.

Classe mannequin

Parlons des classes disponibles et des pouvoirs (à utilisation contrôlée par un cool down de quelques secondes) dont elles disposent. Côté vampires, on trouve : les Reavers, capables de plonger sur un ennemi éloigné ou d'atténuer les dommages pour s'enfuir ; les fragiles Sentinels, habilités à voler et enlever quelqu'un qui leur glissera malencontreusement des griffes pour se fracasser la gueule sur le sol ; l'imposant Tyrant, tank aux coups puissants pouvant tout simplement ignorer la douleur. Nos chers humains se composent de : l'Alchimiste, au lance-fioles explosives, qui a le don de dresser un mur de flammes ou d'aveugler ses vis-à-vis ; le Hunter qui, en plus de disposer d'une arbalète automatique, lance des bolas immobilisant une cible un instant ; le Scout, sniper équipé d'un arc dont il peut charger les tirs et qui en plus de lancer des lames étourdissantes en appelle parfois à des nuées de flèches. A tout ceci s'ajoute des petits nouveaux fraîchement révélés. Le vampire de type Deceiver produit des doubles illusoires ou adopte une forme adverse pour y aller de son backstab tandis que la Prophet va carrément aspirer l'énergie vitale. De quoi rendre les parties fofolles ?

A ronger ? Un os goth.

Oui, forcément, vous allez me demander si ça rend bien, s'il y a cette petite étincelle qui donne envie d'enchaîner les parties sans s'arrêter. J'aimerais vous dire que oui. Mais voilà, malgré sa simplicité (la souris et un minimum de touches du clavier sont requises), l'idée de passer d'une race à l'autre suivant les manches et de bonnes intentions pour équilibrer les débats, à l'heure actuelle, Nosgoth ne propose rien de profondément emballant. La faute à une réalisation assez générique, des cartes au design pas inoubliable et un peu vides, des zones d'effets un peu étranges et qui n'exigent pas énormément de précision et, surtout, une action franchement mollassonne. Disons que des titres de cet acabit, on en trouve déjà et des plus avenants. Alors oui, il sera gratuit et Psyonix assure qu'il n'y aura pas d'objets plus puissants que d'autres (chaque avantage est contrebalancé par une tare), histoire d'éviter le phénomène pay to win. Mais est-ce qu'à la fin de la bêta, ce jeu PC aura les armes pour lutter, se forger une vraie communauté avec des teams se réunissant pour enchaîner sur des modes probablement déjà éprouvés ailleurs ? Pourrait-on voir l'arrivée d'une troisième faction, comme les Hyldens, pour donner un peu de garniture à l'ensemble ? Qui vivra verra.

On l'attend : pas du tout

Je serais malhonnête en vous disant que cette approche free to play de l'univers de Legacy of Kain a allumé quelque chose au fond de mon âme de joueur. J'ai beau essayer de creuser pour trouver un truc qui sortirait du lot, me laisserait penser que l'expérience finale sera au moins plaisante, l'encéphalogramme reste désespérément plat. On attendra la sortie pour juger sur pièce, bien entendu, en espérant une transfusion de punch. Mais j'ai quand même l'impression que Nosgoth ne sera qu'un pieu dans mon coeur de fan attendant un retour de Kain...