Quel est l'épisode le plus apprécié de la saga Assassin's Creed ? Le premier puisqu'il introduit la licence et le charismatique Altaïr ? Le second parce qu'il a posé les bases d'un gameplay plus solide et apporte une incroyable sensation de liberté ? Brotherhood pour son étonnant mode multi et sa gestion novatrice de la guilde ? Revelations parce qu'il clôt intelligemment la saga d'Ezio et d'Altaïr ? Oups ! Oublions Revelations puisque c'est hype de dire que c'est le plus mauvais. Personnellement, je penche donc pour Assassin's Creed II et ça tombe très bien car c'est justement à cet épisode que me fait penser Assassin's Creed III...
Renouveler une série comme Assassin's Creed est une tâche à la fois ardue et conséquente. Alors après un Revelations de transition, AC III est l'opus qui remettra la licence d'Ubisoft dans la cour des grands et assurera l'avenir des prochains volets. Mais celui-ci sera-t-il aussi décisif que AC II le fût en son temps ? C'est là toute la question et il est encore difficile d'y répondre malgré un débarquement prometteur sur les côtes américaines.
Chasse et pêche
On nous a tellement parlé d'AC III depuis son annonce qu'Ubisoft nous a épargné les grands discours durant ce rendez-vous journalistes. L'idée était de nous imprégner du nouveau volet sans introduction et sans interruption. Une réussite puisque quelques minutes après être arrivé au point de rendez-vous, j'étais devenu Connor. Une transition qui s'est faite sans mal tant l'univers développé est immersif et prenant, presque viscéral. Sans même prêter attention à l'autochtone qui me souffle quelques conseils à l'oreille, je cours vers le premier arbre de la gigantesque forêt dans laquelle se trouve la maison du héros. Connor s'élance avec souplesse sur un conifère et grimpe sur la première branche en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Je continue la découverte en sautant d'une branche à l'autre, traversant les feuilles sans ralentir et contournant les troncs sans même freiner ma course (notez que la manipulation pour se déplacer dans les hauteurs a été simplifiée pour des questions de gameplay). J'étais subjugué par cette nature fleurissante et la maîtrise avec laquelle Connor domine cet environnement. Mais au détour d'une clairière, j'aperçois une biche, superbe. Instinctivement, je dégaine mon arc et décoche une flèche grâce au système de visée intuitif et je touche la cible. La belle s'effondre et je sors mon grand couteau pour... Mais ceci est une autre histoire. Vous l'aurez compris, le sentiment de liberté et la communion avec la nature semblent être les maîtres-mots de ce volet, tant le rendu de la faune et de la flore se révèle convaincant et tant Connor semble parfaitement dominer ses déplacements, tel un prédateur natif de cette nature encore inexplorée. Une chose est sûre en tout cas, parcourir le sol américain dans les bottes de Connor est un régal qu'il me tarde de vivre à nouveau !
De chasseur à héros
Pléthore de quêtes annexes (chasse, aide aux habitants, escortes, protection, épuration, etc.) vous attendent évidemment dans la Frontier (la fameuse forêt géante) afin d'égayer votre chemin dans l'aventure principale. De la récolte de matières premières au recrutement de certains membres de votre communauté, qui d'ailleurs travailleront pour vous auprès de votre demeure, on sent bien la densité de l'univers qui propose pas mal de chose à faire. D'ailleurs, on retrouve le système de guilde, mais dans une version légèrement différente, qui semble mieux intégrée au scénario. A ce propos les cinématiques apparaissent comme mieux maîtrisées avec des jeux d'acteurs enfin convaincants, même si ce que j'ai pu voir de la VF a renforcé mon attachement aux V.O. de manière générale. Reste à savoir encore quelle sera la portée des capacités de vos recrues, puisque certaines seront capables de créer des objets pour vous avec des matières premières récoltés en chasse. Alors s'il est clair que le contexte de cet épisode change tout, avouons que les nouveautés en termes de quêtes ne nous ont pas sauté aux yeux. C'est du connu mais la consistance de l'univers apporte un réel vent de fraîcheur capable de renouveler, voire même transcender l'ensemble. A contrario, les nouveautés du côté des combats sont, elles, assez flagrantes.
Le couteau sous la gorge
Depuis le temps que l'on critique le système de combat des Assassin's Creed pour son côté un ennemi après l'autre, il était temps que Ubisoft propose un peu de nouveauté là aussi. Ainsi, outre des mises en scènes plus spectaculaires et des ralentis au moment d'en finir avec un ennemi, nous avons pu remarquer une fluidité toute nouvelle. Les mouvements s'enchainent désormais sans heurt et les chorégraphies, notamment en mélangeant les armes (Tomahawk, chaine, etc.), s'avèrent d'une extrême fluidité. De même, vos adversaires ont aussi gagné en réalisme puisqu'ils leur arrivent parfois de vous sauter dessus à plusieurs. C'est là que la simplification de la parade, désormais plus intuitive, permet d'assurer dans ce genre de situation en gérant jusqu'à deux ou trois attaques en même temps. Comme pour les déplacements dans la forêt, Connor semble manifestement maîtriser son sujet et profiter d'une jouabilité qui se veut plus aboutie, plus intuitive et plus facile à assimiler, ceci afin de se déplacer et de combattre avec aisance quelle que soit la situation. Une bonne nouvelle qui prouve que la série cherche à se renouveler et à corriger ses défauts, tout en profitant d'un background flambant neuf.
Une autre galère ?
Je ne reviendrai pas sur le passage en bateau, que nous avons pu une nouvelle fois pratiquer, puisque RaHaN vous donne ses impressions en vidéo sur cet aspect du jeu ici : Assassin's Creed III : nos impressions à l'américaine. Je me contenterai de préciser que nous sommes parfaitement dans l'ambiance du film Master and Commander et que plusieurs heures de navigation devraient vous occuper, histoire d'amener un peu de variété, hors des missions maritimes de la campagne. On terminera cette première prise en mains avec la visite de Boston. C'est la partie qui nous a le moins convaincu pour le moment. En effet, lors des poursuites par exemple, l'action ralentit encore pas mal surtout lorsque l'écran se charge de gens au looks variés et de soldats. Rien d'inquiétant cependant puisque la version n'était pas encore optimisée. Enfin, sachez que si les quêtes pratiquées en ville ne nous ont pas surpris, les contextes eux se révèlent plus inattendus. On pense par exemple a une reconstitution de la Boston Tea Party dans le port ou l'escorte d'un homme en rage prêt à s'attaquer à des soldats sur un coup de colère. Des contextes intéressants dans un univers urbain en plein essor tout ce qu'il y a de plus convainquant.
Assassin's Creed III promet énormément et devrait dominer ses prédécesseurs sur bien des aspects mais pas forcément en se renouvelant totalement. Le contexte de la Révolution Américaine et de l'exploration dans la nature apportent beaucoup, tant en termes d'immersion que de gameplay, mais le système de quêtes demeure tout de même assez classique ; malgré une mise en scène qui semble un cran au dessus de ce à quoi nous sommes habitués. Alors d'ici à ce que nous soyons fixés lors de la sortie prévue le 31 octobre 2012, sachez que pour ma part je n'en peux plus d'attendre de me replonger dans la Frontier, un monde de nature qui ne demande qu'à être exploré et dominé.