Il n'aura suffit que d'une présentation pour faire de The Last of Us l'un des temps forts de cet E3 2012. Il nous tardait d'en voir plus. De profiter plus intimement de ce qui s'annonce déjà comme l'un des titres phares de la PS3 en 2013. C'est dans une salle relookée en cinéma que nos retrouvailles eurent lieu. Les lumières s'estompent, les voix de Joël et Ellie résonnent. Le souffle court. Une porte claque. Nous voici dans l'action. Avec un nouveau style de communication de la part de Naughty Dog, peu de mots, juste des faits. Veni, vidi... vici ?
Si le début de cette séquence reprend ce qui avait été dévoilé de bien magistrale manière lors de la conférence Sony, le périple se poursuit ici avec un seul mot d'ordre : immersion ! Le degré de détails se révèle ahurissant. La sensation d'arpenter une ville éventrée, aux intérieurs, comme extérieurs rongés par la nature, par la pourriture. Les papiers peints se décollent, la mort rôde. Sans cesse, Joël et Ellie échangent. S'étonnant de découvrir certains corps putréfiés, ironisant sur leur situation... réagissant à chaque situation. Le lien aussi bien physique (regard, gestes), que verbal n'est ainsi jamais rompu. Nous voici dans une nouvelle pièce. L'entraide joue ici à plein. Tandis que Joël pousse une caisse et aide Ellie à grimper, cette dernière lui renvoie une échelle. Du jeu dans son expression la plus pure. Le duo se reforme un étage plus haut. Ambiance sonore très sobre, mêlant son de la nature aux accords lancinants d'une guitare sèche. Très vite, la réalité rattrape malheureusement nos deux survivants.
A couper le souffle
Aucun zombie en vue, mais des hommes visiblement affamés. La rencontre est brutale,. En l'absence de munition, les coups à mains nues pleuvent. Fulgurance de violence. Naughty Dog ne nous avait pas habitué à cela. Les visages se tendent. La vie s'échappe dans un craquement de vertèbres. L'action se veut viscérale, la virulence des assauts ne venant qu'amplifier la sensation. Rien ne compte plus que la survie. Système de couverture, marche accroupie, feinte en jetant une bouteille dans une mauvaise direction. Remarquable moteur de combats à main nue. Travail des animations à couper le souffle. Les valeurs de production atteignent des sommets himalayens... tout cela jamais gratuit, toujours au service de l'immersion. A couper le souffle !
Séparé pour mieux trembler
Joël porte physiquement les stigmates de sa dernière rencontre. Tout ne s'est pas bien passé. Son nez est fendu, le sang perle sur son visage. Il bande son bras droit. Sur lui, tout son équipement. Un sac à dos pour contenir quelques vivres, un tuyau de fer pour réagir en un éclair. L'action se poursuit dans un conduit d'ascenseur. Joël saute. L'ensemble tangue. Ellie l'imite dans un même élan. Les câbles se tendent, la tension est extrême. Un instant plus tard, Ellie s'extirpe du conduit... juste à temps avant que la cabine s'effondre entraînant Joël dans sa chute. L'homme prend le bouillon en contre-bas. Manque de s'étouffer. Se tient l'épaule. La douleur crispe son visage. La douleur irradie l'écran. Les cris d'Ellie se font de plus en plus distant. Elle a peur. Le lien vient d'être rompu... les deux vont devoir faire route séparée...
Acéré comme un pic à glace, The Last of Us offre aux joueurs un double visage. Hypnotisant de maîtrise technique, éreintant dans sa quête. Heureusement quelques moments de répits viennent faire temporairement retomber la tension. L'équilibre semble subtil, l'ambition extrême. A ceux qui se demandaient si Naughty Dog parviendrait à mêler traitement cinématographique et action sans concession, la réponse vient de leur exploser en pleine face. Attendre 2013, date supposée de sa sortie en exclusivité sur PS3, risque d'être sacrément long...