Il y a un an et des poussières sortait chez nous Drakensang : l'Œil Noir, et je suis bien obligé d'avouer que la chose m'était totalement passée à côté. C'est d'autant plus honteux que l'univers de L'Œil Noir dont il est tiré fait partie de mes premiers émois de rôliste traditionnel... Eh bien, il est temps de rattraper ce retard, vu que les développeurs de Radon Labs remettent le couvert avec cette suite intitulée Drakensang : La Rivière du Temps, qui est en réalité une préquelle se déroulant 23 ans avant la première aventure. Allez, sortons les dés et les feuilles de personnage griffonnées et transportons nous au royaume d'Aventurie....
Drakensang : Am Fluss der Zeit, de son titre original, est disponible depuis février dans la langue de Goethe. Mais comme souvent avec ces productions plus modestes (Venetica récemment), la localisation traine en longueur, et c'est donc avec une version allemande sous-titrée anglais que j'ai pu parcourir Nadoret et le cours de la Grande Rivière. Il faut dire que la tache est ardue : le jeu se veut exhaustif et c'est donc, comme pour les plus gros titres, l'intégralité des dialogues qui sont doublés, de façon décente en VO. Croisons donc les doigts pour la future VF...
Comme il s'agit d'une "préquelle", n'espérez pas importer votre personnage du premier Drakensang, c'est avec un béjaune que vous débuterez l'aventure. Toutefois, vous retrouverez certains noms, en premier lieu Ardo, qui si j'en crois mes fiches, et attention je vais spoiler, (décédait au tout début de l'histoire).
Une histoire de vieux pots...
L'univers de l'Œil Noir n'était pas à la base réputé pour sa grande originalité, c'est donc dans un monde Médiéval-Fantastique des plus classiques que se déroulera l'aventure. Nains barbus bagarreurs, Elfes mystérieux amateurs de nature, rats géants, vous voyez le topo. Toutefois, le côté social et religieux de l'univers de Dère - la planète du jeu - s'est assez développé au fil des ans, ce que les scénaristes ont mis à profit. En effet, l'aventure de cet opus ne parle pas de prophétie annonçant l'anéantissement du monde, mais plutôt d'une enquête sur des pirates et des histoires de corruption... le tout saupoudré quand-même d'une petite dose de vieil augure ermite barbu, d'être élu, et de divers dieux aquatiques. Je vois qu'on ne vous la fait pas.
Ce Drakensang est visiblement fait pour plaire aux rôlistes à la dure, en nous rappelant nos parties traditionnelles autour d'une table, depuis la création du personnage, son icône "avancée" figurant des dés, jusqu'aux diverses fiches en imitation vieux papier. L'interface ne dépaysera personne ayant pratiqué les RPG occidentaux de ces dix dernières années : équipe de 4 membres actifs (plus éventuellement 2 "invités" que vous ne pourrez pas contrôler), combats au tour par tour (avec pause active, comme Neverwinter Nights ou Dragon Age), popup circulaire d'interaction, barres de racourcis... Rien de neuf, donc, mais que du très efficace et déjà éprouvé. Il faut signaler que le jeu est vraiment pensé pour un contrôle total des membres du groupe : laissés libres, ils sont assez idiots, le réglage se limitant à un état défensif / agressif, et ils ont tendance à mettre les pieds dans tous les pièges du coin.
Une particularité du système de jeu de l'Œil Noir à noter toutefois : l'évolution des caractéristiques ne se fait pas au changement de niveau, vous pouvez à tout moment dépenser des points de personnage pour améliorer vos attributs, et il vous faudra trouver des professeurs pour apprendre de nouvelles compétences. Un nouveau système de magie fait son apparition, en parallèle du magicien/mana : les miracles, qui fonctionnent avec un système de quatre "cercles".
...et de bonne soupe (aux queues de rats ?)
Drakensang est déjà une série à succès en Allemagne, pays à la fois pécéphile et nation d'origine de l'Œil Noir. Et ce succès est assez justifié : le jeu est agréable, l'exploration sympathique, dans des décors grands et bien agencés. Graphiquement, c'est plaisant, et une évolution depuis le précédent, mais encore une fois sans apporter de révolution. On regrettera tout juste un pop un peu présent, comme les bâtiments dans la ville de Nadoret. Mais celle-ci est grande, bien agencée, et surtout crédible (la taverne ressemble vraiment à une grosse taverne, ceux qui ont eu l'occasion de m'entendre râler sur l'aspect ridicule des tavernes de Dragon Age savent à quel point ce détail m'importe !). Un système de points de raccourcis permet en outre d'éviter de fastidieux aller-retours, et même si des murs invisibles sont présents, on n'a pas trop ce sentiment de "couloir" trop fréquent dans les jeux récents.
On nous promet une quarantaine d'heures en moyenne pour la quête principale, et une soixantaine si vous voulez retourner le jeu de fond en comble. Ajoutez à cela quatre débuts différents en fonction de votre personnage, des fins multiples et des embranchements décisifs dictés par vos choix, il y aura normalement de quoi faire. Toutefois, le jeu se veut très scénarisé et dirigiste, vous ne serez pas dans un monde complétement ouvert. Pas de liberté totale donc, impossible de tenter d'occire le baron alors qu'il déambule dans les rues, il faudra vous contenter des ennemis prévus ! Pas de gestion des relations sociales de vos équipiers non plus, ils ne vous tourneront jamais le dos comme certains équipiers dans Baldur's Gate (qui partaient avec leur équipement, n'est-ce pas RaHaN ?). Mais si l'histoire vaut le coup, on pourra facilement pardonner ces quelques anicroches, de même que la grande mollesse visuelle des combats.
Prévu pour septembre prochain chez nous, Drakensang : La Rivière du Temps saura très certainement trouver son public. Sans être exempt de défauts, il sait tenir la dragée haute aux superproductions Bioware par son côté traditionnaliste. Dommage qu'il lui manque encore des raffinements sur la gestion sociale du groupe de personnages, ou son automatisation . Rendez-vous très prochainement pour le test complet !