Il était une fois dans un pays fort lointain, sept nains aventuriers. Notre histoire débute alors que ces sept nains arrivent à l'endroit où ils bâtiront leur fabuleuse forteresse naine. Rapidement, ils se mettent au travail. Ils creusent, imaginant les salles de pierre ciselée, les ateliers d'artisanat nain, les richesses du sous-sol à découvrir. Ils creusent et tombent sur du fun. Alors, ils meurent. Tous. The end. Voici les chroniques de mes Forteresses naines, et de tout le fun que j'ai accumulé.
Fun or not fun ?
Déjà Terraria, c'était dur. Vous pensez bien que je résistais sévèrement à l'appel de Minecraft. Quant à Dwarf Fortress, le plus violent et obscur de tous les jeux de gestion/RPG à monde ouvert Rogue-like, j'avais très peur de m'y approcher à moins de 20 bornes. Finalement, j'ai craqué. J'ai installé Dwarf Fortress, avec l'outil Dwarf Therapist et le mod graphique Phoebus. Et j'ai creusé. Avec mes sept nains, j'ai percé un tunnel dans une paroi en pierre, j'ai taillé des salles : lieu de regroupement, premier escalier vers les profondeurs, grosse salle de stockage en tout genre temporaire. Et puis, comme j'étais innocent et avide de vite progresser, je me suis dit qu'un peu d'eau ne ferait pas de mal. Je n'avais pas compris que le petit "7" sur l'emplacement bleu signifiait que j'avais devant moi une poche d'eau. Clang ! Clang ! Gloub gloub gloub. En quelques secondes, j'avais plusieurs nains noyés et mon entrepôt submergé. Un fun assez classique qui ne fera rire qu'une fois. Je peux sûrement faire mieux !
Qui ? Que... Quoi ?
Bon reprenons du début et procédons par étapes. C'est ce qu'il faut faire avec Dwarf Fortress de toute façon. Le StartUp Guide est incontournable pour apprendre des bases qui dans certains autres titres constitueraient le double du gameplay total. Pour le reste, on crève. L'apprentissage se fait toujours dans la douleur, ce qui se résume en un seul terme : le fun (voir le dessin explicatif). Et c'est fou ce qu'il est fun, le jeu de Bay12 Game, développé par deux types depuis des années grâce aux dons des fans. Certes, le look de Dwarf Fortress peut rebuter, même avec le mod Phoebus (sinon c'est en ASCII), mais il suffit de mettre le doigt dans l'engrenage (nain) et de s'habituer un poil à l'interface, et plus rien ne peut vous arrêter (si, plein de trucs).
Hey oh, hey Arggggg
Dwarf Fortress concrètement, c'est quoi ? Des nains qui obéissent plus ou moins à vos ordres, un environnement hostile, et beaucoup de boulot : creuser, s'occuper des animaux, cultiver, ranger, nettoyer, forger, décorer, s'entraîner, organiser, soigner, archiver, cuisiner, récolter, commercer, meubler, s'équiper, stocker, picoler, picoler, picoler. L'alcool est plus important que tout dans ce jeu, tenez-le-vous pour dit ! Bref, tout gérer tout en préservant sa forteresse tient du délire. Le mieux reste donc de raconter le quotidien d'une vie de nain. À vrai dire, le fait de suivre pas à pas le guide m'a permis d'éviter un gros paquet de fun. Mais ça ne devrait pas tarder à me tomber dessus.
De profundis
Tout commence dans une région plutôt sympa. Mes nains ont posé les baluchons sur une colline. Sans montagne aux alentours, je choisis de creuser le sol pour construire ma forteresse en profondeur. Je fais rentrer le matos dans une grande salle et je place une aire de commerce pour les futures caravanes de marchands, puis il est temps d'aller plus profond. De toute manière, on est dans la terre ici, et j'ai peu d'espace : si je m'étends, je percerai vite dans les vallées alentour. Dehors, je laisse les deux chevaux dans une zone herbeuse délimitée (il faut la changer de temps en temps, car le terrain devient rapidement boueux. Ouaip, c'est ce genre de simulation...). Plus tard je verrai apparaître un petit poulain dans la joie et l'allégresse. Bon, il a failli crever en courant partout parce que j'ai oublié de l'assigner au pré, mais tout est bien qui a bien fini.
V'là les sans papiers
Creuser et creuser. Je place l'essentiel : un étage pour les habitations, un étage pour les ateliers de base, quelques fermes souterraines au premier niveau là où il y a encore de la terre... Mon nain pêcheur assure les repas, qui manquent un peu de variété, je le concède. Tout se passe bien. La première vague de migration arrive et je suis surpris. Ils ne sont que sept, dont un gosse ! J'avais ouï dire qu'ils pourraient être beaucoup plus. Bah impec, je lance Dwarf Therapist qui me permet de savoir qui sait faire quoi et décider qui fera quoi. J'en profite pour alléger le fardeau de la leader de l'expédition, qui en plus d'être mineur, cumule les tâches de manager, archiviste et commerçant. Elle ne s'occupera plus de déplacer et ranger tout ce qui traîne : finies les corvées, elle fait finalement honneur à son titre de Noble. D'ailleurs comme ses statistiques la montre assez sensible côté moral, je lui fais une chambre plus grande, avec un stand d'armure et d'armes, des murs polis et même gravés ! Faut dire que mon maçon/artiste est plutôt compétent. Lui aussi, je lui réserve un bon traitement.
Verroterie contre vrais bijoux
Pas longtemps plus tard, trois autres migrants arrivent. Ah pardon, deux. Celui qui semblait le plus prometteur s'est fait bouffer par un raton laveur enragé sur le chemin. Il est loin, dehors, donc je ne vais pas tenter de récupérer son matos. J'ai trop peur. Son corps pourrira sans tombe, mais il faut que je pense à lui faire un mémorial pour éviter de mauvaises surprises. Et ce n'est pas que de la superstition, les fantômes sont monnaie courante si on ne rend pas hommage aux morts. Je décide d'ailleurs de faire un petit cimetière pour les prochaines fois. Je ne sais pas trop où le foutre, alors je le colle au premier étage, à côté des champs de champignons. Ça fera de l'engrais (en fait non, mais l'engrais est géré par le jeu). Sinon une caravane est passée, un peu par surprise, je n'étais pas prêt. Pas trop pris le temps de lire le guide et ma naine leader/commerçant n'a pas vraiment les compétences pour. Je ne sais même pas vraiment combien valent les bibelots que mon artisan maçon a créé (en pierre ou en carapace de tortue, vu qu'ils en ont bouffé beaucoup). Je refourgue tout ça contre quelques pioches en plus, un peu de viande, des trucs divers pour essayer et un peu de bois. Le bois, c'est un peu ma ressource rare. J'ai déjà ratiboisé la colline et il m'en faut plus. Bref, je sens que je me suis fait entuber. Je me suis sûrement fait entuber. Bah, j'aurai ma revanche !
Jusqu'ici...
N'empêche que tout roule. J'organise un peu la défense en créant des fortifications à l'entrée, et en plaçant des pièges. J'ai aussi deux chiens de garde et un pont-levis. Tout se passe bien. Trop bien. Ça manquerait presque de FUN. Certes, c'est un peu le bordel dans le plan de construction, et je ne sais pas trop comment je vais travailler le métal si je ne trouve pas vite du charbon en sous-sol. Mais à part le premier mort, je n'ai pas encore subi d'attaque. J'ai été sage. Il est temps de creuser... plus profond. Explorer. Percer des caves pleines de fun. Mourir.
En attendant, la troisième vague de migrants est arrivée et ils sont... 19 ! Helllp ! Vite creuser des chambres, augmenter les récoltes, trouver un chasseur ! Vais-je m'en sortir ? Alors que ce n'est encore qu'une toute petite forteresse ? La suite au prochain numéro. Je vous raconterai comment mes nains sont morts, ça devrait être fun.