Cette semaine, petit retour sur le phénomène Net Yaroze, véritable machine "tout en un" créée par Sony en 1997 pour les développeurs amateurs.
C'est par le biais des CD de démo de Playstation Magazine que ces quelques informations sur la playstation de développement « Netto Yarōze » («Let's do it») nous parvenaient, à partir de l'année 1997. Comme expliqué dans la publicité multimédia (et ce dans chaque CD de démo du magazine pendant de nombreux mois), cette console, identique de prime abord à nos chères Psx à l'exception notable de sa belle robe noire, permettait aux développeurs en herbe de façonner leurs propres petits jeux grâce à une suite utilitaire... à condition bien sur d'avoir suffisamment de connaissances en programmation informatique pour en tirer quelque chose de correct :
« N'avez vous jamais rêvé de programmer vos propres jeux playstation chez vous ? Vous pouvez désormais réaliser ce rêve, grâce au Net Yaroze, la playstation de développement !
Vous avez seulement besoin :
- de la playstation noire Net Yaroze
- d'un ordinateur Pc ou Macintosh
- de connaissances des principes de base de la programmation en C
Comment ça marche ? Lorsque vous commandez votre kit Net Yaroze, vous recevez :
- une playstation noire multi-format
- des manuels et de la documentation sur le langage C
- l'accès au site internet strictement réservé aux possesseurs du Net Yaroze »
Publicité visible dans son intégralité ici
D'abord commercialisée au Japon, la Net Yaroze arriva par la suite en Europe et aux États-Unis au prix plutôt élevé de 750$. Partagées grâce au site internet exclusif et accessible uniquement aux possesseurs de la machine, les meilleures créations se retrouvaient sans discontinuer dans ledit CD de démo, de 1997 à 2004 ! Une aubaine pour les créateurs indépendants désirant montrer l'étendue de leur talent, bien avant la percée fulgurante des jeux indépendants que l'on connaît depuis environ 5 ans. Bien que la plupart de ces jeux n'aient pas été de grands chef d'œuvres, du moins d'un point de vue technique, les plus intéressants se retrouvaient tout de même en intégralité sur le CD de démo, côte à côte avec des pointures de l'industrie ! Lors du dernier numéro de l'Official UK Playstation Magazine, une compilation des meilleurs jeux rendait hommage au système sur le déclin, avant que le monde ne découvre la Playstation 2.
Voici maintenant la vidéo Press Kit, qui à été distribuée à l'époque pour faire comprendre le projet et expliquer dans le détail le pourquoi du comment d'une telle initiative (en Anglais uniquement, désolé). On y voit notamment David Perry - à l'époque président de sa société Shiny Entertainment et créateur entre-autres d'Earthworm Jim - nous expliquer les bienfaits de la Net Yaroze et les portes que cette dernière permet d'ouvrir à ceux voulant travailler dans la création de jeux vidéos. On peut aussi apercevoir Phil Harrison (avec des cheveux), actuel vice président de Microsoft, à l'époque vice président de Sony Computer Entertainment Europe (SCEE)! L'homme insiste sur l'importance de la communauté via le site web exclusif pour que le projet Net Yaroze soit un succès.
L'intégralité de la vidéo est disponible à cette adresse.
Pas franchement révolutionnaires, la plupart de ces petites productions se contentaient bien souvent au mieux de pasticher avec plus ou moins de classe les formules de jeux d'arcades et/ou les genres les plus populaires de l'histoire du jeu vidéo, tels que Space Invaders, Puzzle Bobble, etc. En revanche, certains d'entre-eux se voulaient être de véritables petites perles, novatrices et addictives pour l'époque! C'est notamment le cas de Time Slip, petit jeu de plate-forme 2D aux règles rafraîchissantes, dont une nouvelle version a d'ailleurs vu le jour en 2011 sur le Xbox Live, par ses créateurs originaux.
On peut aussi citer Blitter Boy, jeu de tir un peu barré ou il faut sauver des bébés pourchassés par des fantômes, Terra Incognita, jeu de plate-forme / aventure / RPG en full 3D, Psychon, excellent shooter en vue de dessus à la Alien Breed (dont Hotline Miami se sera sans doute inspiré!) et jouable à deux de surcroît, et pour finir, l'excellent (et hautement psychédélique, épileptiques, s'abstenir) Between The Eyes, jeu de course futuriste kaléidoscopique, REZ avant l'heure bénéficiant d'une bande son électro de qualité pour le support. Fusain, Gameblogeur, nous en parlait il y a plus de deux ans. Je vous renvoie à son article de blog pour en savoir plus sur la bête.
Terra Incognita, l'un des seuls en 3D temps réel.
Pour ceux que cela intéresse, vous retrouverez dans cette fan vidéo de 11 minutes les jeux les plus emblématique de la Net Yaroze.
Alors bien sur, la comparaison reste difficile, la Net Yaroze n'ayant pas permis non plus en son temps de véritables prouesses pyrotechniques... mais c'est l'intention qui compte après tout ! Le support a accueilli bon nombre de purges au passage qui pourraient justifier à eux seuls un épisode complet chez le Joueur du Grenier : jeux pas finis ou complètement râtés ont été légion... Pour preuve cette petite bizarrerie bonus pour finir : Une démo « remake » étrange et totalement officieuse de Final Fantasy VII, nommée Fatal Fantasy VII !
A Dog Tale, jeu de plate-forme plutôt râté...
Alors certes, ces petits jeux étaient sélectionnés par Sony via des critères qui leurs sont propres, et crées de toute pièce via des outils mis en place par ce dernier, mais ne peut-on pas voir ici les premiers signes de productions indépendantes vidéo-ludiques ? En allouant chaque mois un espace dédié à la communauté des créateurs sur la galette de démo de son magazine officiel, Sony ne pourrait-il pas être considéré comme étant un précurseur de cette nouvelle façon de concevoir et de consommer du jeu vidéo ? On loue bien souvent les mérites de la Xbox 360 pour son rôle de pionnière en la matière de tremplin pour les indés, ce que je ne conteste absolument pas, mais ce serait peut être oublier un peu trop vite le rôle qu'a joué la Net Yaroze dans le domaine, qui aura démocratisé cette pratique près de 10 ans avant !
La Net Yaroze fait aujourd'hui figure d'antiquité.