Bref article consacré à l'obscure MegaJet de SEGA. Enjoy !
Après avoir délicatement délaissé Simone au péage du second millénaire, continuons notre formidable épopée vidéo-ludique à travers le temps. Tâchons de faire souffler notre serviable DeLorean et trainons encore un peu les guêtres aux prémices des années 90. Nous allons, aujourd'hui, nous attaquer à un morceau bien plus light que ne l'était cette infortunée Lynx, et c'est au-dessus des nuages que tout commence. En effet, la mystérieuse MegaJet de SEGA ne vous donne point rencart dans un sobre café, un sombre cinéma ou un soporifique restaurant, mais dans un authentique avion... Oui Môsieur !
Le Pourquoi du Comment
Nous sommes donc en 1993, et nous roulons actuellement tambour battant sur les terres nippones. Je me trouve au volant de la DeLorean vert fluo et vous, chers lecteurs, vous êtes mollement avachis sur la miteuse banquette arrière, comme si j'avais posé là un plat de nouilles au beurre. Vous me remercierez plus tard pour cette délicate attention. Il est temps de se rendre à l'aéroport le plus proche. Nous atteignons à présent la vitesse de 88mph et...
... Nous y voilà ! Bon, il s'agit de ne pas se tromper d'avion, et ce, non en fonction de notre destination, non en fonction de notre horaire de départ mais en fonction de la compagnie aérienne. Effectivement, cette planquée de MegaJet est exclusivement disponible dans les avions de la Japan AirLine (JAL). Explicación !
Un an plus tôt, la compagnie aérienne japonaise passe une commande assez particulière à SEGAAAAAAA. Pour pallier l'ennui que peuvent engendrer les longs vols, les dirigeants ont la lumineuse idée de mettre une console à disposition de leurs usagers argentés. Ils se tournent alors vers la société qui était plus forte que toi et qui vient de lancer sur le marché la MegaDrive II car c'est de cette console mythique que dérive directement la MegaJet. Seulement, il est évident que lors de la création des avions, aucun "emplacement pour console" n'avait été prévu. Si la MegaDrive II reste une machine relativement plate et peu volumineuse dans une commode de salon, elle reste assez encombrante dans un avion. Les deux firmes jugent alors plus judicieux de développer une console à part entière dans un souci de place.
L'idée est, avant tout, de pouvoir jouir à court terme d'un tremplin promotionnel, pour les deux sociétés nippones.
Donc, il est indispensable de choisir une destination lointaine car le vol doit être long courrier. Il faut également avoir opté pour des sièges en première classe ou en "business class". De plus, la MegaJet se loue. Si elle est prêtée avec quatre jeux (dont Sonic The Hedgehog et Super Monaco GP (Ndsseb22 : je me demande, sarcastiquement, si des jeux tels que After Burner ou F-22 Interceptor étaient disponibles !), il est toutefois possible d'apporter les siens. Bon, ça nous fait un total de... euh... j'ai oublié ma carte bleue, les gars.
Le "semi-portable" de SEGA
Quittons prestement l'aérogare, engageons un prompt échange de sourire avec les charmantes hôtesses, et jetons-nous sur nos sièges présidentiels comme des zombies sur de la chair fraîche. En face de nous, que voilà ! De beaux écrans LCD ! La MegaJet est effectivement "portable" mais elle ne peut se passer d'un écran, elle-même n'en possédant pas. La console de SEGA est effectivement "portable" dans le sens où elle n'est pas accompagnée de manette séparée. Les commandes - la croix directionnelle ainsi que les six boutons - sont disposées sur la console qui prend, de ce fait, sensiblement la forme d'une grosse manette. Dans ces conditions, il n'est pas faux d'affirmer que la MegaJet est une "semi-portable", ou une console "transportable".
Les caractéristiques techniques de la console sont semblables à celle de son homologue de salon. C'est là que la MegaJet se révèle être une véritable petite Megadrive II. De plus, les commandes disposent des six boutons - A, B, C, X, Y, Z - qui permettent de jouer à toute la ludothèque Megadrive (dont des titres comme Street Fighter ou Comix Zone qui sollicitent les 6 boutons de la nouvelle manette).
Ergonomiquement parlant, la console accuse malheureusement un poids singulier et un volume relativement important. Elle ne permet pas d'apprécier un confort optimal, c'est vrai. Mais pouvait-il en être autrement ? Car n'oublions pas que le développement de cette console reste une performance qui mérite quelques applaudissements, s'il vous plait !
Fin du vol pour la console (attention, ça rime !)
Inutile d'essayer de chiper la console car les branchements - alimentation et sortie vidéo - restent spécifiques et uniques à la version "aérienne". Cependant, en 1994, SEGA décide de lancer la MegaJet, escortée de l'AC Adapter ainsi que de son propre câble vidéo (mono), sur le marché public au prix de 123 dollars. Il semble toutefois que la firme nippone n'ait pas de grande prétention de vente car seules des quantités très limitées seront acheminées vers les distributeurs. Ce manque d'ambition commerciale peut être dû au développement de ce qui deviendra la troisième console portable de SEGA. La MegaJet a d'ailleurs peut-être donné des idées quant à la possibilité de mettre au point une "vraie" console portable 16 bits, accompagnée de son écran LCD, aux têtes pensantes de SEGA. En effet, en 1995, la compagnie envoie sur les étals américains - seulement - la Nomad qu'elle vendra comme une Genesis (nom américain de la MegaDrive) portable. D'ailleurs, leurs caractéristiques techniques sont quasiment identiques, notamment en ce qui concerne le processeur, la mémoire, l'audio et tutti quanti.
Et c'est précisément à ce moment qu'on se pose THE question ! Peut-on faire fonctionner la pléthore de périphériques que SEGA a produits pour habiller abondamment sa MegaDrive sur la MegaJet ? Pour le Mega CD, le branchement est impossible avec la semi-portable. En effet, cette dernière ne possède pas de port d'extension. Concernant les autre accessoires (32X, pad infrarouge, entre autres), il semblerait que tous soit incompatibles.
Il est bien délicat de dénicher des informations sur l'anecdotique MegaJet. Pourtant, elle mériterait, je pense, que l'on s'y attarde un peu plus, que l'on creuse davantage pour dépoussiérer ce trésor vidéo-ludique enfoui dans l'oubli le plus total et... Ola ! D'où proviennent ces turbulences ? On atterrit ! Applaudissements pour le pilote, s'il vous plait !
Mais... mais que fait la police quelle destination avions-nous pris ?!
Sources :